Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Ma première rencontre avec la magie fut au magasin « Le clown de la république » à Paris (qui existe toujours et fait parti maintenant de mes partenaires). A l’époque, j’avais 11 ans et tout était en anglais et surtout tapé à la machine et polycopié avec des croquis uniquement. Mais mon premier déclic a été le cirque. J’ai côtoyé le cirque depuis mes 8 ans en travaillant entre-autre aux côtés d’Achille Zavatta, Alexis Gruss et Alexandre Bouglione.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
J’ai appris sur le tas avec des fascicules et c’est à 14 ans que je franchis le pas et me produis Place du Tertre à Paris les jeudi soirs au chapeau. Ce qui me vaudra quelques virées au poste ;-).
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Peu de rencontres à mes débuts, je travaillais dans mon coin. Il y avait bien une « boutique » à une centaine de mètres de chez moi mais elle avait l’air poussiéreuse et surtout était fermée quasiment tout le temps (c’est d’ailleurs toujours le cas). Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris que c’était l’AFAP.
Ma visite au Surnateum m’a permis de voir de l’autre côté du miroir et ma rencontre avec Patrick Droude fut décisive sur mes présentations scéniques. Mais l’artiste ne serait rien sans son équipe. Un spectacle ne se monte pas seul, j’en suis l’acteur principal, le scénariste et mon équipe adapte, accessoirise, modifie l’axe du spectacle si nécessaire.
Je n’ai pas eu d’évènement qui m’ait freiné, chacun d’entre eux fut une expérience enrichissante qui m’aida à aller plus loin à chaque fois.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Depuis 1987, époque où je suis passé « pro » j’ai travaillé dans quasi toutes les conditions. Aujourd’hui, je suis embauché avec contrat à l’appui. Je ne travaille plus au chapeau. Je sélectionne les agences sérieuses, sinon je travaille en direct avec le client.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marquées ?
Les Pendragons, David Copperfield (j’ai travaillé pour lui lors de son passage à Paris en 2005), les espagnols YUNKE, Laurent Beretta avec son sublime numéro en 2009 au PGCDM, Voitko et ses anneaux, Jérome Murat, Vororin pour son personnage décalé et je garde le meilleur pour la fin avec le clown Slava Polunin.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Aucun, je prends ce qui va correspondre à mon personnage et à l’ambiance que je veux donner au spectacle.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Mandrake (le personnage de comic strip), le cirque et le cinéma.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Le personnage est plus important que le tour ! Un tour sans histoire est insipide.
Les camelots avec leur bagout sur les marchés sont 100 fois meilleurs que la plupart des magiciens qui ne font que présenter une succession de tours. Alors partez en quête de votre « moi intérieur », trouvez ce personnage qui a envie de passer un message, de divertir, ce pourquoi vous voulez être sous la lumière et vous deviendrez magicien !
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Quelle magie actuelle ? Tout le monde en parle ou dis qu’il en fait mais personne n’en a donné une définition. Si vous jouez avec des CD, c’est de la magie actuelle ? A l’époque du BOBO on jouait avec des pièces jumbo (quasiment la taille d’un CD), je ne pense pas que cela corresponde. Et est-ce vraiment important ! L’important est de montrer la magie sous différentes formes. Je vois encore les magiciens s’afficher avec le chapeau, le lapin et la colombe (sic) et parler de magie actuelle. C’est une hérésie ! Encore une fois, aujourd’hui vous achetez un DVD qui est un extrait du BOBO, de Inner Card Trilogy sans oublier Ed Marlo ou Michael Ammar.
Maintenant, prenez le film comme Insaisissable (Now You See Me, 2013) et vous avez sous vos yeux ce que le public attend !
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Le monde de la magie a un sérieux problème avec la culture : que ce soit la culture magique comme la culture générale. Pour revenir à la culture magique, comment peut-on interpréter la magie si on n’en connaît pas ses fondements. Il n’est pas nécessaire de maitriser toutes les techniques mais d’avoir une culture magique. Cela me semble être essentiel. Quant à la culture générale, elle me semble tomber sous le sens.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Peu de place pour les hobbies quand on est professionnel. Cet art vous prend tout votre temps. La recherche, la conception, l’innovation ne vous laisse pas beaucoup de temps. Alors j’intègre ce qui m’intéresse dans mes effets : chimie, physique, etc.
– Interview réalisée en septembre 2013.
A visiter :
– Le site de Fred Ericksen.
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