Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
J’ai découvert la prestidigitation lors d’un voyage à Londres en 1993. Mon vieil ami Romain était magicien et il animait le bus dans lequel on voyageait. C’était l’époque de la découverte, des premiers trips et j’ai tout de suite été convaincu par le pouvoir de communication et de partage que représentait la magie. Ça a été une vraie rencontre coup de cœur avec cette discipline.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Dès mon retour de Londres, j’étais en classe de 4ème, je me suis inscrit à un atelier de magie à la MJC Monteux, à côté d’Avignon. L’animateur qui était magicien avait eu la bonne idée de nous permettre de présenter nos numéros en première partie sur les scènes du festival. J’ai tout de suite été dans le bain avec des jauges particulièrement importantes pour l’ado que j’étais.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
J’ai été bercé dans l’ambiance du Festival d’Avignon, et j’y ai fait de belles rencontres de magiciens. En 1995, je distribue les flyers pour le spectacle Bilisssimo de Bernard Bilis. C’était la star de chez Christophe Dechavanne à l’époque. Puis en 1998, je participe à la parade du spectacle d’Otto Wessely. De très belles rencontres à chaque fois qui ont développé encore plus mon envie d’apprendre et de progresser. Les premiers à m’avoir respecté en tant que professionnel sont les magiciens Frédéric Dautigny et Jackpot ainsi que la clownette miss Framboise qui sont encore aujourd’hui des amis.
Je suis un passionné et je n’ai jamais laissé quelqu’un me freiner. Cependant certaines rencontres démotivantes auraient pu avoir un impact sur la suite de ma carrière. J’ai croisé la route de quelques agents artistiques véreux, ça forge le caractère pour la suite. L’amicale AFAP de l’époque où j’ai croisé de belles personnes et d’autres particulièrement peu généreuses dans les échanges et les partages.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Au début, je travaillais comme un « mercenaire » acceptant tout et n’importe quoi. J’enchainais les kilomètres pour des prestations de close-up, et j’étais souvent très seul, loin de ma famille et de mes amis. Avec le temps et l’expérience j’ai recadré mes exigences. Aujourd’hui je travaille en troupe. J’ai au minimum une partenaire et un régisseur qui m’accompagnent. Seul je vais vite ; ensemble on va loin.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Je suis un fan d’America’s Got Talent, j’avoue ! Je trouve qu’il y a de très beaux numéros. J’ai adoré l’émission Attention Magie de Gilles Arthur et Vincent Perreau avec un coup de cœur pour James Dimmare ! J’ai longtemps été sensible à la classe de Lance Burton, l’énergie de Jeff McBride, le story de Copperfield… J’apprécie aujourd’hui le style épuré et les manipulateurs virtuoses Coréens.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Le style de magie qui m’attire le plus c’est la magie qui s’intègre à d’autres disciplines. La magie qui se met au service d’un propos comme forme d’expression artistique.
Quelles sont vos influences artistiques ?
L’influence la plus marquante est pour moi le théâtre. Habitant Avignon, le théâtre a croisé ma route très tôt. J’ai d’ailleurs passé une licence d’étude théâtrale à l’université de Montpellier. Le théâtre m’a appris à transmettre des émotions et à scénariser mes prestations de magie.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un(e) magicien(ne) débutant(e) ?
Ce que je conseille à un débutant c’est d’avoir un vrai job (rire). Plus sérieusement, je conseille d’avoir une vraie ouverture vers d’autres disciplines. Il est important d’apprendre les bases et l’histoire de la magie. Mais ce qui est plus important c’est d’essayer d’offrir une émotion, de se placer dans une démarche artistique plutôt que d’essayer d’être un performer.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
La magie se porte bien et je sens une vraie mutation avec notamment ce mélange de discipline et tous les travaux de recherches artistiques. Je constate qu’il y a de plus en plus de magiciens et je pense qu’il va falloir apporter un cadre pour leur permettre de structurer leur passion dans une démarche plus artistique.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
La magie est un outil. Elle « se transforme » en art que lorsqu’elle devient un mode d’expression et qu’elle s’adresse aux sens, aux émotions, aux intuitions et à l’esprit. Si vous présentez un tour de magie, celui-ci est incontestablement lié à une expression artistique. Il est donc important de se cultiver pour sublimer sa magie. La première chose est d’enrichir son savoir : connaître l’histoire de la magie et ses bases. La deuxième chose est de travailler d’autres disciplines : le théâtre, le mime, l’expression corporelle… L’idée est d’acquérir de vraies connaissances artistiques pour pouvoir débuter une démarche artistique et créative.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
J’aime le théâtre en tant que spectateur. Je lis sur tous les sujets. J’aime aussi les spectacles de danse, de comédie musicale et les concerts. Sinon je pratique aussi le vélo. Ça me permet de me vider l’esprit et de faire de la place pour développer ma créativité magique.
– Interview réalisée en février 2021.
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