Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
En réalité on devrait dire « quand est-ce que la magie vous est rentrée dedans ? »… Vers l’âge de 8-10 ans, je n’ai plus la date exacte, lors d’un vide grenier chez moi. J’habitais alors au fin fond de la Charente Maritime, dans un village au nord de La Rochelle ? Bien sûr il n’y avait ni magicien, ni boutique dans le secteur. Sur ce vide grenier je tombe nez à nez avec un livre dont le titre vous sera familier : Cours Magica, le vendeur me le vend alors pour 10 francs ! C’est à ce moment que la magie est venue vers moi.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous
appris ?
J’ai donc commencé, avancé, et appris longtemps avec ce « simple » livre, ma culture magique ne se résumant alors qu’aux écritures de Robert Veno. Une branche se démultipliant toujours, c’est aussi comme ça que j’ai commencé mes cours de théâtre vers 12 ans, puis à m’intéresser à la mémoire prodige vers le collège. Par contre je ne me produisais jamais, ou quasiment jamais. Hors de question de faire des tours aux gens de ma famille, aux amis, etc. je pressentais ma déception quand au fait qu’ils ne me prendraient pas vraiment au sérieux.
Il a fallu alors attendre l’âge adulte, où je chantais et jouais dans un groupe tout en étant responsable de salle d’un restaurant Rochelais. Pour d’une part prendre le goût de la scène par la musique, commencer à faire des tours, et pouvoir financer des déplacements visant à me parfaire magicalement (conférences, boutiques, spectacles, et autres).
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-il freiné ?
En magie il y eu peu de personne dans mes débuts, vu l’isolement géographique et la méconnaissance du milieu, puis par la suite des personnes m’ont vraiment apporté par des pistes lancées, des réflexions partagées, des discutions sur la magie ou le mentalisme dans le sens générique.
Il y a en vrac ces amis qui le sont toujours comme Olivier Nicoleau, Tao, Sylvain Mirouf, Julien Losa, Frantz, etc. Des personnes qui m’ont offert quelques choses d’inestimables : l’envie de réfléchir plus loin, d’avancer dans la vision de l’art, de parfaire sans cesse. Puis d’autres personnes m’ont été très précieuses dans le métier comme Michel Coubard, Eric Bouvron, Joachim Rachidi, Jeff Panacloc, Aude Galliou, ainsi que d’autres artistes ou producteurs qui croient en mon travail.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Je travaille dans toutes les conditions ! Je passe la quasi-totalité sur scène pour le spectacle, mais je travaille aussi en conditions privatisée (soit pour mon spectacle de mentalisme, pour du close-up de magie, ou un close-up mentalisme). J’alterne en grande partie la tournée et le théâtre à Paris. A coté je suis également coauteur et metteur en scène pour des humoristes, des imitateurs, et quelques rares magiciens.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marquées ?
Les concerts de Dionysos, les danses d’Emmanuelle Guélin, la manière de travailler de Massot et Joucla, les mises en scène d’Eric Bouvron, le rythme de Pierre Aucaigne, la magie de Kaps, la créativité de Mirouf, le spectacle de Xavier Mortimer, la fraicheur de Panacloc, la recherche des différents point de vue qu’à Vérino, etc. Je me nourris de beaucoup de choses.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Je suis plutôt adepte des différentes formes de mentalisme, du coté parfois risqué de celle-ci, tous ne comprennent pas mes choix mais c’est ainsi. Multipliant les représentations sur l’année, je peux vite affiner, repenser, refaire, jusqu’à obtenir ce que je veux, J’ai d’ailleurs la chance d’avoir Julien Losa à mes cotés pour ce travail là. J’aime toutes les formes de magie à partir du moment où elles peuvent être le support d’un projet artistique
Quelles sont vos influences artistiques ?
Mes plus grandes influences viennent des artistes avec qui j’ai pu travailler, comme Yves Pujol, Pierre Aucaigne, Manu Joucla, Raphou, Denis Maréchal, etc. Mais également des spectacles que je vais voir dès que j’ai un moment de libre.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Le chemin passe selon moi par la littérature magique, la culture magique, et la connaissance des autres. Paradoxalement j’ai su que j’avais encore beaucoup de chemin à parcourir lorsque j’ai vu travailler un autre magicien. Je ne parle pas de faire un tour à une réunion mais bien de voir un artiste sur scène ou en close-up. Ce jour là c’était Darius, et là je me suis senti tout sauf artiste. Une belle leçon qui m’a fait avancer.
Le conseil c’est de savoir pourquoi (dans le sens, pour en faire quoi) on veut faire de la magie (ce qui est encore différent que d’aimer la magie). Le simple fait de se poser la question est déjà un début de réponse.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Je ne vais pas apporter une grande réponse. Je vois de très belle chose, comme l’originalité de Julien Losa, l’énergie d’Eric Antoine, le coté fédérateur de Kamel, pour ne parler que de la France. Et je vois sur le coté une magie qui piétine, qui ronchonne, qui perd du temps à chercher la faute sur le voisin, et qui détient des vérités qui ne sont jamais appliquées. Je pense que c’était pareil avant que je naisse ; et qu’il en sera de même après nous. La magie n’est qu’un accessoire artistique, elle ne peut s’auto-suffire.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Je pense que vous l’aurez compris dans mes réponses précédentes. On ne peut savoir qui on est, et qui l’on veut être, si on ne sait pas d’où on vient. La culture au sens large du terme est très importante pour le bagage technique, pour bénéficier de l’expérience des anciens, pour avancer tout court. Vous savez, quand je veux accélérer, et changer de voie, je regarde toujours dans le rétroviseur avant.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Je pratique toujours autant de musique quand je le peux, j’essaie de voir un maximum de spectacles vivants. Je suis très consommateurs de livres, séries et films qui m’accompagnent dans mes trajets. Egalement adepte de navigation, aviation et parachutisme…
– Interview réalisée en octobre 2011 et mars 2014.
A visiter :
– Le site de Fabien Olicard.
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