Extrait de la revue L’Illusionniste, N° 80 d’août 1908
Peu de prestidigitateurs peuvent se flatter d’avoir affronté le jugement du public à l’âge où notre héros fit sa première séance. En effet, Ezu-Ala, né en 1874, avait 12 ans, lorsque, dans un modeste café de Carcassonne et devant une réunion de maçons et de manœuvres, il présenta les trois tours qui, seuls, composaient alors son répertoire ; c’étaient : les Cartes biseautées, les Cordons du fakir et la Pièce fondante. Peut-être l’assistance ne ménagea-t-elle pas les bravos au jeune artiste… mais elle fut, hélas ! beaucoup plus sobre d’une autre récompense, non moins appréciée, mais plus palpable. Toujours est-il que la recette de cette mémorable soirée ne dépassa pas… 20 centimes !
Ezu-Ala aime à rappeler ce début qui eut pu décourager tout autre moins épris que lui de l’art qu’il abordait. Mais passionné pour la Magie, aucune difficulté ne l’arrêta jamais, et c’est un succès largement mérite qui couronna bientôt ses efforts. Non content de s’en tenir aux expériences classiques et connues, cet intelligent artiste cherche toujours a faire du mieux et de l’inédit. Aussi, a chaque concours de la Chambre syndicale, le voyons-nous proposer maintes idées nouvelles, maints trucs ingénieux ; et nos lecteurs se souviennent certainement d’avoir souvent remarqué son nom parmi les lauréats de ces luttes intéressantes.
Son invention des cloches spirites — dont on lira plus loin l’explication — mérite la plus grande louange qu’on puisse adresser à un truc (et à son auteur) : d’une petite cause, tirer un magnifique effet. Après avoir dit le mérite d’Ezu-Ala (alias Alauze et Ackita) comme artiste, rendons en terminant un juste hommage à l’inlassable dévouement du bon camarade et ami qu’il n’a jamais cessé d’être, toujours prêt à entrer en lutte contre les injustices et a améliorer le sort des déshérités.
J. C.
Le Carillon Spirite d’Ezu-Ala
Le prestidigitateur présente au public une grosse cloche sans préparation et invite une personne de l’assistance à venir la suspendre au centre de la scène où pend une corde ordinaire terminée par un crochet ad hoc. Le spectateur est invité à inspecter la scène et à s’assurer qu’il n’y a aucun truc et que la cloche est bien réellement abandonnée à elle-même. Après qu’il a déclaré qu’il en est bien ainsi il regagne sa place. L’opérateur qui, dès le début de l’expérience, a quitté la scène pour offrir la cloche à l’examen, est resté dans la salle où il demeurera pendant toute la durée des manifestations qui vont se produire. Sous l’influence de la volonté du magicien, la cloche se met à tinter, faiblement d’abord, puis plus fortement ; enfin elle sonne le nombre de coups qu’on lui demande, répond aux questions qu’on lui pose en frappant un coup pour dire « oui » et en s’abstenant pour faire comprendre que la réponse est négative. Enfin elle devine les points des dés jetés par les spectateurs, les cartes choisies, etc. A diverses reprises les spectateurs sont invités à monter sur la scène et à « perquisitionner » ; ils ne trouvent rien de suspect. Pour terminer, on demande à des personnes de la société d’aller suspendre deux autres cloches à droite et à gauche de la première. Elles n’ont pas plus tôt repris leur place que l’on entend un joli carillon exécuté par les trois cloches.
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