Mise en scène : Eric Bouvron. Accompagnement musical : Le Freylekh Trio
Après une première partie assurée par Arnaud Cosson, un jeune comique breton très drôle, Eric Antoine entre sur scène sous les applaudissements euphoriques des spectateurs (certainement une marque de notoriété quand on passe à la télé !). Le candidat déjanté remarqué lors de l’émission Incroyable Talent 2006 sur M6, a visiblement des fans dans la salle.
Il faut dire qu’il se présente comme le plus grand humoriste de France, du haut de ses 2m07 ! Avant de bluffer les spectateurs par ses tours de magie. Eric Antoine est une personnalité attachante et loufoque. Il est un clown dans l’âme. Il utilise sa taille comme un atout. Il met en avant sa différence pour créer un personnage décalé. Conférencier peigné à la Einstein, il discute sur des thèmes communs, la philosophie de la vie, l’argent, l’amour, la mort ou sur des sujets plus scientifiques comme les lois de la physique. Le spectacle est composé d’une succession de sketchs prenant chacun pour sujet un thème particulier. A chaque fois le spectateur est amené à participer activement.
Introduction
Eric Antoine commence le sujet de sa conférence par un déluge d’effets. Tout d’abord il se transperce la langue avec une aiguille, deux fois de suite (Shock FX d’Andrew Mayne d’après Mac Rooney). Après l’illusion, il donne la solution tout en posant la question : réalité ou illusion ? Fil rouge du spectacle. (Equivalent du Même si c’est faux, c’est vrai de Thierry Collet). Il essuie ses lunettes. Elles n’ont pas de verre et le petit mouchoir passe à travers. Il produit deux verres de jus d’orange qu’il boit dans la foulée. (Thomas Fraps dans The Movie). Un ballon est gonflé et imagé par le magicien qui en produit ensuite une bouteille de champagne avec sa baguette magique du 93…un couteau ! Pour conclure cette introduction, Eric Antoine essaye de faire disparaître une colombe factice avec une baguette, mais c’est l’inverse qui se produit. Une vraie colombe est produite d’un foulard et disparaît. Elle réapparaît au milieu de plusieurs kleenex (Carmelo). Un œuf est produit du postérieur de l’oiseau : réalité ou illusion ?
L’argent
L’argent liquide est introduit comme le sang de la société. Le magicien prend comme cible une spectatrice qu’il ne lâchera plus jusqu’à la fin du spectacle. Le soir de la représentation ce fut Elisabeth, « un prénom qui redeviendra un jour à la mode ! » Il demande à un autre spectateur de lui prêter un billet. Vrai ou faux ? « On reconnaît les vrais billets à leur bande magnétique ». Le billet lévite entre les doigts du magicien. Il est ensuite transformé à vue en billets de 50 puis de 100 euros avant d’être restitué à son propriétaire sous sa forme originale, « il ne faut pas rêver ! L’argent est une illusion. » Le même billet est signé par Elisabeth, puis roulé entre les doigts du magicien. Le texte d’accompagnement et la suite, sont sous influence Gainsbourienne. Le billet est brûlé. Depuis le début du spectacle, une pomme et une banane se trouvent sur une table. Le magicien prend les fruits et sort de sa poche un citron pour compléter la composition incongrue offerte à Elisabeth. Elle est priée de choisir son fruit défendu. (Choix du magicien). Le billet signé se retrouve finalement dans le fruit sélectionné (Citrus de Nourdine). Ce tableau est rondement mené et est des plus réussis car les spectateurs sont impliqués à cent pour cent.
Les lois de la physique
A quelle valeur se fier ? Peut être à la physique ? Sur cette constatation, Eric Antoine prend un grand bloc à dessin et y trace les contours d’une pomme. Une fois le bloc refermé, une énorme boule de bowling s’en échappe, tombant d’un bruit sourd au sol (Kevin James). Les lois de la pesanteur, chères à Newton, sont confirmées ! Poursuivant sa démonstration, le magicien tient un journal ouvert. Au dessus lévite un lapin en peluche. Le truc est révélé aussitôt au spectateur.
Le caniche
Gonflant un ballon rouge, Eric Antoine improvise des images comiques en forme de lèvres géantes suggérant Mick Jagger, Paris Hilton… Il fait venir un jeune garçon sur scène et lui demande quel animal et quelle race il souhaite. Sans attendre sa réponse, le ballooneur répond « chien », « caniche ». L’enfant peut quand même choisir le prénom. Aussitôt choisi, aussitôt fait. Eric Antoine présente l’animal, l’affuble d’une queue sculptée (version luxe) qu’il anime pour montrer que le chien est content. Il lui donne ensuite des ordres surréalistes : pas bouger, coucher, fait le mort. Sur cette dernière affirmation, il l’écrase avec ses pieds et montre que le toutou est toujours content car il remue la queue. Pour finir, après avoir montré un sac en papier vide, il en sort le caniche ressuscité. Une véritable épreuve pour Eric Antoine car dit-il : « il n’aime pas les enfants ! »
La mort
Il n’y a qu’une réalité dans la vie, c’est la mort. « Croyez-vous aux fantômes, aux esprits, à la réincarnation ? » « Mangez sur l’herbe, dépêchez-vous, un jour l’herbe mangera sur vous ! » Sur ces paroles encourageantes, la scène s’assombrie, la lumière devient macabre et l’image découpée d’un cercueil apparaît au milieu de la scène. Eric Antoine nous raconte l’histoire tragi-comique de son ami Matyas, mort dans un accident de voiture, la faute à un platane. Il demande ensuite à la salle de faire une ambiance d’enterrement, de ne surtout pas applaudir.
Il fait monter deux spectateurs sur scène pour créer l’ambiance de mort. Il les affuble d’un violon et d’une contre basse et leur demande de faire sonner leur instrument en rythme. Après des débuts catastrophiques, les deux spectateurs arrivent à jouer comme des virtuoses. Ce sont en fait de vrais musiciens et des compères d’Eric Antoine pour le spectacle. Ils ne quitteront plus la scène jusqu’à la fin. Accompagné d’un fond sonore en live, le magicien-fossoyeur apporte les cendres du défunt sur un guéridon décoré d’un tissu pourpre. Le guéridon se met à voler (Losander) avec la boite contenant les cendres de la victime. Ce tableau s’éternise un peu. La note d’humour noir liée à cette situation ayant tendance à s’échauder à la fin.
Le racoon
Après avoir simulé un entracte, Eric Antoine parodie le personnage créé par Jean Mineur, symbole des encarts publicitaires au cinéma. « C’est l’illusion de l’espace temps ». Le magicien revient sur scène et retire de sa veste un cintre, une quille de bowling et un raton laveur. Il anime la bestiole, il nous explique que pour la faire bouger il faut lui placer un doigt dans l’arrière train. « Monsieur, vous voulez essayer, ça ne fait pas mal ! ». Gag emprunté à David Williamson. Il mime ensuite différentes personnalités avec la queue de l’animal : Brassens, Emmanuel Chain, Demis Roussos, Davy Crockett.
L’amour
Eric Antoine habille les deux musiciens de symboles masculin et féminin. Il leur passe une corde au cou qui les relie. Sur fond musical, ce lien amoureux est coupé et raccommodé au stop de la spectatrice grâce à un nœud. Le magicien présente ainsi le Superbe Walking Knot de Pavel avec une réelle originalité et une dérision bienvenue.
Télépathie
Une boule de bowling (en mousse) est envoyée dans le public trois fois de suite pour choisir un spectateur. Celui-ci monte sur scène et retourne une carte imaginaire dans un jeu invisible que le magicien tient en main. C’est le célèbre Brainwave (Effet créé par Paul Fox, et non par Dai Vernon), effectué ici avec un jeu jumbo.
Le magicien se risque à une prédiction sur un papier qu’il tient dans sa main. Le spectateur révèle la carte qu’il a choisie. Le magicien déplie fébrilement sa prédiction : « As de cœur vous avez dit ; C’est exactement ça ! Ecrit en japonais ». Gag repris entre autres à Ricky Jay. Le jeu est sorti de l’étui, les cartes étalées, et une seule est retournée face en bas, c’est la carte choisie.
Final
Eric Antoine remercie tous les acteurs de la représentation, Elisabeth en tête. Il fini par une routine de D’light dans l’obscurité. La source lumineuse est sortie d’une boite, transférée à une rose, se retrouve sur les pouces du magicien et voyage dans ses oreilles, sa bouche et les lunettes de son contre bassiste pour finir enfermée dans la boite du début. Eric Antoine revient en improvisant une chorégraphie à la Rabbi Jacob. Il transperce de sa main l’abdomen d’un des musiciens pour retrouver une carte choisie. A mi-chemin entre le cabaret, le music-hall et le stand-up, Eric Antoine se sert des classiques de la prestidigitation pour « démontrer » ses expériences pseudo scientifiques et magiques. Certes, l’artiste utilise des tours très connus du public magicien, mais il le fait avec une vraie originalité dans leur présentation.
Il n’hésite pas à mettre en avant les spectateurs pour donner une dimension plus humaine et humoristique aux saynètes magiques. La singularité d’Eric Antoine, est surtout son sens de la répartie. Il profite de la moindre occasion pour lancer une plaisanterie. Il se sert du moindre incident provenant du public pour rebondir.
A lire :
– L’interview d’Eric Antoine.
– son spectacle avec Otto Wessely.
– Son DVD Réalité ou illusion ?
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