Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Comme la plupart des enfants, j’ai reçu une petite mallette de magie quand j’étais gamin. J’ai fait un petit spectacle dans mon garage quand j’avais 9 ans. Le seul tour dont je me souviens était le vase à l’œuf (coquetier). J’ai probablement perdu l’intérêt pour ces tours une semaine plus tard…
Il a fallu attendre mes 20 ans pour que mon intérêt pour la magie se ravive. Je faisais mes études en beaux-arts à l’Université de l’Ohio. En plus de la peinture et du dessin, j’étais très actif en tant que guitariste. J’appris à jongler lors d’une fête, ce qui est devenu une passion en plus.
C’est pendant cette période que j’ai découvert un artiste de rue du nom de Donald Lehn, alias Moonbean (aujourd’hui enseignant à l’école du cirque de Madrid). Il est venu dans ma ville présenter des numéros de jonglage, de magie (anneaux chinois) et de cracheur d’eau. De multiples formes d’art ont commencé à tourbillonner dans ma tête, et bien que je ne savais pas où je finirais, j’ai commencé à étudier tout cela avec sérieux.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Je crois que le première tour de magie que j’ai réalisé en public était une routine de disparition et d’apparition d’un foulard. A l’époque, je jouais dans un groupe de musique et je faisais ce tour lors de concerts. Il n’y avait pas de boutique de magie à Columbus, la ville où je vivais, les livres de la bibliothèque étaient ma source principale d’apprentissage.
Je ne connaissais pas vraiment d’autres magiciens de la région et j’essayais d’inventer mes propres routines. Elles étaient probablement assez mauvaises, bien que, curieusement, les gens aimaient les regarder. Je jonglais aussi avec du feu, je réalisais des petits sketchs de comédie au cours de nos spectacles collectif. La plupart de nos concerts étaient donnés dans des clubs, mais parfois je travaillais dans la rue.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Quelques années plus tard, un ami m’a demandé de venir jouer dans son école devant des enfants. J’ai proposé un spectacle qui comprenait de la musique, et de la jonglerie. Je me souviens de l’enregistrement d’un numéro de guitare où je rembobinais la bande et jonglais avec à l’envers. Ce spectacle a été un grand succès, et j’ai décidé ensuite de faire plus de représentations. Je me suis retrouvé comme artiste engagé dans les écoles pendant un certain temps avec un spectacle de jonglerie scénarisé. Je voulais montrer des diapositives de jongleurs à travers l’histoire, puis en cliquant sur ce projecteur avec mon pied, je faisais une démonstration de jonglerie dans le style de l’artiste dont je parlais.
J’ai ensuite commencé à ajouter de plus en plus de magie dans mes spectacles. Toute la magie que je faisais était liée aux routines ou aux accessoires utilisés pour le jonglage. Je pensais que je devais jongler avec une boule de bowling. Je devais également la présenter d’une manière intéressante, donc je l’ai produite à partir d’un porte-documents. Je jonglais également avec des balles de ping-pong dans ma bouche (jusqu’à 5 en même temps). Ce fut un numéro merveilleux pour moi en finissant par un acte comique. Je fais toujours ce numéro aujourd’hui dans mes spectacles au théâtre. Comme à mes débuts, j’ai essayé de ne pas m’enfermer dans une discipline particulière, en étant ouvert à toute idée qui rend le numéro plus divertissant.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
J’ai vu le passage du ballon joué dans Parade, le dernier film de Jacques Tati, une partie fantastique dans un défilé de numéros décevants. Je me suis inspiré de cela pour un de mes numéros. Je pensais que ce serait une bonne chose pour contrebalancer avec les morceaux de jonglerie, mais le numéro a été si bien reçu, qu’il est devenu mon finale dans les mois qui ont suivis.
Les artistes actuels que j’aime sont : David Williamson, Johnny Thompson, Kevin James, Glenn Singer (El Gleno Grande), Tim Wright, Bill Frizell, Tomas Kubinek, Avner Eisenberg, Dave DeWitt, John Carney, Otto Wessely, Penn & Teller, etc.
Il y a tellement de merveilleux interprètes. Certains sont connus, d’autres pas. Je viens de rencontrer et de travailler avec l’inimitable Rob Zabrecky. Je suis chanceux de les connaître, travailler parfois avec certaines de ces personnes, qui m’inspirent plus que ce qu’ils peuvent réaliser.
Quelles sont vos influences artistiques ?
J’ai été influencé par de nombreux artistes au fil des ans. La plupart d’entre eux sont des interprètes comiques, mais pas tous : Peter Sellers, Steve Martin, Rube Goldberg, Harry Anderson, Jerry Lewis, Frank Zappa, George Carl, Andy Kaufman, Laurel et Hardy, Buster Keaton, Jack Benny, Francis Brunn, Victor Borge, Jacques Tati, Tommy Cooper…
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Je pense que la chose principale pour quelqu’un qui commence la magie est de se produire le plus possible. Ne vous inquiétez pas de l’échec, allez simplement réaliser vos tour devant un public. Si vous écoutez votre public, il vous dira ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas, et écrira votre spectacle pour vous. Vous avez juste à l’écouter !
Vous ne devez pas vous limiter à des accessoires de magie habituels, à savoir des cartes, pièces de monnaie, balles, etc. Des objets plus inhabituels peuvent rendre votre spectacle unique, et s’ils sont utilisés d’une manière intéressante, vous vous démarquerez. Généralement, je trouve la plupart de mes accessoires « magiques » à la quincaillerie, parce que je tiens à utiliser des objets qui ne sont pas utilisés dans les autres spectacles de magie ; on ne les trouve pas dans les magasins de magie, et je dois les fabriquer moi-même. Un matériel qui est adapté à mon numéro en ne me limitant pas à des articles préfabriqués commun à tous.
Photo : Alex Fuentes.
Les magiciens débutants devraient également se rendre compte que les gens veulent connaître l’interprète autant, voir même plus que ses tours et ses accessoires. Avoir une personnalité scénique intéressante est la clé d’un grand numéro. Les accessoires passent au second plan. Le personnage est la clé !
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
J’adore Yann Frisch ! Il fait de la magie très originale avec un matériel basique. Son personnage est convaincant et il travaille très dur pour animer ses accessoires de manière fantastique. J’aime vraiment comment il combine des éléments de jonglerie et de mime de manière à présenter une performance tout à fait unique.
Je voudrais voir plus d’artistes comme lui, qui sortent des sentiers battus, qui tentent des choses d’une façon innovante. Quitte à plonger dans l’inconnu et de connaître quelques échecs, les succès, même rares, seront spectaculaires et plus gratifiants.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Je suis heureux d’être en mesure d’intégrer beaucoup de choses que j’aime dans mes spectacles : la musique, la comédie, la jonglerie, etc. J’adore travailler dans mon magasin pour créer des accessoires et des astuces. Certaines de mes heures les plus heureuses sont dépensées dans mon sous-sol pour la construction et la création.
– Interview réalisée en juillet 2015
A visiter :
– Le site de David Kaplan.
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