Rencontre réalisée à l’occasion du Jean Merlin Magic History Day 2012 au Zèbre de Belleville.
En guise de teaser est diffusée la fameuse lévitation du piano, entourée d’un orchestre de 80 musiciens.
Jean Merlin présente son invité pour un talk show convivial et décomplexé, champagne et verres à la main comme à l’accoutumé. C’est une véritable surprise que de découvrir un Dani Lary disponible, simple, généreux et touchant, loin de l’image du magicien narcissique que beaucoup lui ont collé, à tort ! L’occasion est belle de mieux connaître ce personnage public jalousé et méritant au travers de son parcours de l’enfance à aujourd’hui.
Photo : Franck Boisselier.
Après une anecdote savoureuse sur le champagne Pommery et Greno, le talk show débute avec un diaporama sur les débuts de Dani Lary. Le magicien dit avoir commencé la magie vers l’âge de 8 ans, avec la boîte « Magie 2000 » de Kassagi. Il parle ensuite de son regretté père, marchand de meuble, ayant travaillé pour le général De Gaulle.
Une photo nous montre les différents camions et bus nécessaires pour les tournées. Cinq semi remorques et deux bus aménagés avec salon et « dortoir ». Le plus dur dans ce métier est de gérer une quarantaine de personnes au quotidien, d’où l’idée de bus entièrement équipés pour parer à la fatigue dû aux déplacements. Pour un jour de représentation, il faut compter trois jours au total. Pour satisfaire tout le monde, Dani Lary leur donne rendez-vous le vendredi soir à 22h. A 23h tout le monde dort, le bus roule la nuit, le spectacle se joue le samedi et le dimanche, retour à la maison après avoir dormi et mangé dans le bus !
Plusieurs photos se succèdent montrant respectivement le père, la mère, la sœur et le frère de Dani. Nous voyons également une peinture qu’il a lui-même réalisée étant enfant, une reproduction d’un tableau de Van Gogh représentant un groupe d’itinérant allant de ville en ville.
Dani lary enfant.
Vient les photos des débuts scéniques de Dani avec sa première assistante Marie-Noëlle, le tour des bougies excelsior, la maison de poupée, un numéro tiré du film Borsalino, et la malle des indes avec le personnage de Pierrot. On le voit ensuite en compagnie de l’actrice Anne-Marie Carrière et de Christian Vincent.
Revêtant l’habit du diable pour un série de numéros, Dani voulait trouver une justification et raconter une histoire autour de ce personnage symboliquement très fort inspiré de l’imagerie des diablotins entourant certains magiciens de l’âge d’or comme Kellar ou Carter. Dans la même idée, on le voit sous les traits de Dracula exécuter une lévitation. Une photo prise dans le cimetière de Génissieux ! Il s’inspirera fortement de ce personnage dans ses derniers spectacles et notamment pour La clé des Mystères.
Après ces débuts scéniques, Dani Lary écumes les cabarets en Suisse, en Allemagne et en Autriche et travaille sur les croisières. Pendant quatre ans il tient le rôle principal (une sorte de meneur de revue) dans un cabaret à Berlin nommé La vie en rose. C’est là que Adam Meyer le voit et l’engage dans son cabaret de Kirrwiller en Alsace. Sous contrat avec deux numéros, Dani Lary va fournir au total une quarantaine d’illusions ! Il demandera souvent conseil à Jean Régil pour concevoir ses tours, lui demandant si l’idée n’a pas déjà été réalisée pour éviter tout plagia.
Parallèlement à ses représentations, Dani commence à fabriquer des illusions pour Siegfried and Roy et rencontre Patrick Sébastien qui l’engagera sur son plus grand cabaret du monde à l’aube des années 2000. 15 ans de fidélité avec la création de 10 numéros par an !
Ensuite, tout s’accélère. Robert Hossein lui ouvre son théâtre Marigny en 2004. Il va y donner quelques représentations de ce qui sera son premier vrai spectacle. Mine de rien, c’est le retour de la magie scénique au théâtre, en tête d’affiche ! Fort de ce succès et de l’engouement du public, suivront des représentations au théâtre Mogador et des tournées au Japon.
Photo : Franck Boisselier.
2009 marque une nouvelle étape dans la carrière du magicien avec la conception d’un spectacle entièrement théâtralisé, « une comédie magicale » intitulée Le Château des secrets qui deviendra au fil du temps La clé des mystères. Tout est partie d’une réflexion et d’un constat. Les français, contrairement aux américains, sont horriblement cartésiens et omnibulés par le truc ! Cherche-t-on à savoir comment fonctionnent les effets spéciaux dans un film de Spielberg ? Non, parce que le spectateur est emporté dans l’histoire et ne fait pas attention à ce genre de détails. Il accepte la fiction et le jeu que lui propose le réalisateur tout en n’étant pas dupe de l’artificialité du procédé. Pourquoi ne pas appliquer cette réflexion à la magie scénique ?
Pour détourner l’attention des spectateurs, il faut raconter une histoire qui les tiennent en alène et se focaliser sur la présentation. L’histoire du comte du bois des Naix est inspirée d’un fait réel qui s’est déroulé près de chez lui dans la ville de Roman, dans le château où il jouait étant petit. Le comte de Naix se maria à 65 ans et perdit sa femme juste après. Sur ce fait, Dani Lary à construit un scénario romancé à base de malédiction et de « vampire » qui se croisent dans deux époques distinctes : le Gothique et le Baroque. Le conte apparaît comme une bête (inspiré des contes de fées) qui revit le même cauchemar de siècle en siècle comme Dracula. Au final, le spectacle est construit en blocks narratifs qui sont flexibles et interchangeables.
Une série de photo nous montre l’intérieur de l’atelier de Dani Lary avec son amas de décors en tout genre dont la reconstitution d’une bibliothèque, réplique utilisée par Robert-Houdin pour le tour des mouchoirs. Dani raconte sa rencontre avec la femme de Paul Robert-Houdin, architecte des monuments historiques, qui lui offrit 600 livres ayant appartenu à Jean-Eugène Robert-Houdin. Dans cette incroyable donation se trouve le carnet de note du fameux magicien qui passe également dans les mains de Christian Fechner. Il y a également une lettre qui semble « destinée » à Dani Lary, qui décrit le tour des 3 mouchoirs transformés en colombes exécuté devant le roi Philippe. A la fin du tour, une clé ouvre un coffre caché sous un oranger. Dans ce coffre se trouve une lettre avec marqué dessus : « Moi comte de Cagliostro, j’ai placé ce coffre 60 ans auparavant… » Ce « final » sera utilisé dans son spectacle La clé des mystères.
Dani Lary et Christian Fechner.
Revenons à l’intérieur des ateliers de Dani Lary, un hangar de 2000 m2 où ce trouve la réplique de la scène du plus grand cabaret du monde pour les répétitions de ses numéros. Ainsi, tout est callé arrivé au studio par un système de marquage au sol. Il y a même le double de la table où se trouve Patrick Sébastien ! Une photo nous montre une accumulation de fly cases, 400 au total, marqués avec trois formes géométriques simples de couleur : le carré rouge, le triangle vert et le cercle jaune. Ce système est étudié pour faciliter le travail des intérimaires et gagner du temps. Au total, il y a trois camions à charger à chaque fois avec un système de flèches numérotées de 1 à 50. Résultat : 20 minutes en moyenne pour charger un camion !
Un extrait vidéo nous montre son numéro de l’homme canon réalisé lors d’un plus grand cabaret du monde où la dérision et l’univers de Tex Avery servent une attraction classique avec Dani Lary jouant un bonimenteur espiègle.
Un deuxième extrait vidéo nous montre le tour Million dollar mystery créé par Steinmeyer pour Siegfried and Roy et judicieusement adapté ici dans un univers hindou avec la reconstitution en miniature du Taj Mahal d’où sortent 7 filles et un Yogi !
Dani Lary finit par présenter son équipe composée de 7 personnes salariés à demeure, dont 2 ingénieurs, 1 éclairagiste, 1 peintre, 1 menuisier et 2 secrétaires.
Questions de Jean Merlin : Pourquoi ce nom, Dani Lary ? Réponse : Un nom « simple » choisit vers l’âge de 11 ans par Hervé Bittoun (son vrai nom et prénom) et sa sœur.
Questions de Jean Merlin : Ton fils (présent dans la salle) fait-il de la magie ? Réponse : Il a longtemps fait un rejet de tout ça mais a joué ma doublure dans l’un de mes numéros.
Au final, ravit d’être parmi nous, Dani Lary s’est avéré touchant et d’une grande sensibilité. Il est étonnant de voir l’importance qu’il accorde aux critiques qui le « démonte » gratuitement sur un célèbre forum magique. Un cri d’alarme émouvant pour quelqu’un qui a travaillé dur pour en arriver là où il est, méritant sa place plus que quiconque. Conscient que personne ne naît de rien, il rend un émouvant hommage à Jean Régil à qui il doit tout. La salle applaudie debout cette intention salutaire.
A lire :
– Son interview.
– Le magicien de l’impossible ?.
– La clé des mystères.
– Retro Temporis.
Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Collection Dani Lary. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.