La clé des mystères reprend la trame du précédent spectacle de Dani Lary, Le Château des secrets (créé en 2009) avec quelques modifications à la clé.
Dani Lary est le seul magicien français à remplir des salles comme le zénith, et un des très rares en Europe, à proposer un spectacle entièrement théâtralisé. Bien sûr les modèles d’un tel show sont américains, à commencer par le Magic Show de Doug Henning dans les années 1970. Le choix des illusions, la gestuelle et la construction dramatique appartiennent à la culture anglo-saxonne.
Dani Lary n’est pas l’inventeur des illusions qu’il présente, mais un habille adaptateur. Il détourne les principes des tours et les retravaille dans l’esthétisme qu’il souhaite. Pour La clé des mystères, le matériel est façonné dans un style gothique et XVIIIème siècle.
Il faut souligner le travail exceptionnel de son atelier de décoration où sont fabriqué toutes ses illusions. Ses artisans maîtrisent, entre autre, le trompe l’œil et l’ébénisterie. Le résultat est très professionnel et offre au public un matériel unique et original de haute qualité, contrairement aux illusions uniformisées et fabriquées en série qui inondent les scènes du monde entier.
Côté logistique, c’est impressionnant ! Dani Lary arrive avec son propre matériel contenu dans plusieurs semi remorques. Une infrastructure lui permettant de se produire dans n’importe quelle salle (Hors MJC !). Grâce à son expérience et beaucoup de travail, il a pu réaliser « son dernier rêve » en s’entourant d’artistes (danseurs, comédiens de théâtre) et de techniciens de premier ordre. Tout est réglé au millimètre. La mise en scène est classique et efficace. Les lumières et la scénographie mettent bien en avant le style gothique de l’histoire en créant une ambiance de conte de fées et de sorcière. Enfin, la création musicale se fond parfaitement dans le style du spectacle, avec en prime une chanson originale (Valériane).
Avec son nouveau spectacle, Dani Lary joue la carte de l’originalité et de la sincérité à travers la construction de ses illusions et de l’histoire qu’il raconte. Un scénario tiré de sa propre expérience et de ses fantasmes. « Enfant, j’étais fasciné par les châteaux et le mythe de Dracula. Je vivais à côté d’un château occupé par un comte et je m’imaginais des scènes mystérieuses et étranges qui pouvaient se passer à l’intérieur. C’est cela que j’ai essayé de reproduire dans mon spectacle ».
Le spectacle est découpé en deux parties de 50 minutes avec un entracte de 20 minutes pour changer les décors. Dani Lary joue le rôle du Comte du Bois des Naix, et celui du conteur dans les tableaux parlés.
L’histoire
Tous les 100 ans, à minuit, le Comte du Bois des Naix renaît dans son château pour retrouver la jeune et belle Princesse Valériane. Leur mariage n’a jamais pu être célébré car la jeune femme a été empoisonnée la veille de leur union.
Ce soir, l’horloge fait un bond dans le temps et la gigantesque grille du château se retrouve couverte de lierre en une fraction de seconde. Ainsi se remet à vivre tout le château et ses fantômes. Le Comte possède des pouvoirs extraordinaires. Il fait léviter et apparaître les habitants du château, traverse les êtres et les parois à volonté.
Soudain, sonne à nouveau l’heure des adieux : Valériane est projetée comme à chaque fois dans un profond sommeil. Prisonnière dans une peinture, magnifique tableau mais fermé à doubles tours, seule une clé magique pourra résoudre tous les Mystères : conjurer le mauvais sort et délivrer Valériane pour célébrer enfin le mariage tellement attendu !
PREMIERE PARTIE
Le rideau d’avant scène orné d’angelots dans des tons bordeaux, plante d’emblée l’ambiance théâtrale à venir. Cela se confirme quand le spectacle commence. Le rideau, rétro éclairé, laisse apercevoir un semblant de décor dans un beau jeu de lumière sur un fond sonore laissant s’échapper des croisements de corbeau et le bruit du vent.
Nous voyons en transparence l’abbé Copain, sorte de bouffon aux apparences de Fétide Addams, transporter une croix et une sorcière cacher un coffre sous un oranger. Le rideau s’ouvre sur une immense grille en fer forgé qui est ouverte par la sorcière. Derrière ce portail, nous entrons dans la cour d’un château gothique du XIIème siècle, où vont se dérouler d’étranges rituels. L’abbé Copain descend de sa croix, tandis qu’un majordome sort d’une boîte.
Une voix off, explique et raconte la légende du comte du Bois des Naix, tourmenté par le décès de sa fiancée. « Chaque siècle le comte ressuscite et après quelques cérémonies mystérieuses une noce se prépare avec sa fiancée. A chaque tentative une sorcière va tout faire pour empêcher ce mariage. » L’histoire commence (ou reprend) en 1182.
NB : La voix off parle lorsque nous sommes dans le monde imaginaire, peuplé de fantômes et la voix de Dani Lary s’exprime lorsque nous revenons dans la réalité.
1er tableau : les supplices
Une cage métallique est enflammée. Un jet de fumée se produit masquant l’intérieur de la cage quelques secondes et le comte apparaît. Sur scène sont amené deux guérites, sortent de grandes lanternes. De ces deux cabines apparaissent deux danseuses, deux anges blancs.
Commence alors une étrange cérémonie sacrificielle commence :
La première danseuse est mise en catalepsie et placée sur deux tréteaux. Le comte, dos au public, traverse la femme au niveau de ses jambes, malgré sa présence.
La deuxième danseuse est également mise en catalepsie et placée sur la pointe d’une épée montée sur un socle orné de têtes de mort. La femme tourne sur cette pointe jusqu’à être transpercée par celle-ci.
(Références : L’inventeur du tour de la femme en suspension puis empalée sur une épée, présentée par David Copperfield à Las Vegas, est Ken Whitaker. Owen Magic, Bill Smith et David Mendoza, en gardant le même effet, ont chacun une fabrication différente. La Rolls est celle de Mendoza).
Arrive alors sur scène une table roulante poussée par un « squelette soubrette » (Référence : Christian Fechner), qui apporte un breuvage, qui est bu par Copain. Le comte furieux ordonne qu’on lui coupe la tête. Une guillotine fait son apparition et Copain est placée entre la lame et le panier, prêt à recevoir sa tête. Celle-ci tombe, ainsi qu’une main, tandis que le majordome récupère le bonnet (belle subtilité qui accentue l’illusion).
Le comte exécute alors « l’effet Kellar » avec une main de l’abbé Copain, qui flotte dans les airs derrière un foulard. C’est ensuite autour de sa tête de léviter. Celle-ci est placée sur une boîte de type entresort. À une certaine hauteur s’agite la tête du bouffon dont le corps, en dessous, est invisible. L’ensemble est amené en coulisse.
NB : Dans Le Château des secrets : Une table surmontée d’un seau était apportée. Une sorte de bonneteau de tête sous des seaux (mais avec un seul seau) était présenté. Apparition de la tête du bouffon Copain guillotiné sous le seau. La tête apparaissait chaque fois là à l’endroit où le seau était déplacé, puis soulevé. Un fagot de bâtons de dynamite remplaçait soudain la tête, puis explosait. Le meuble détruit révélait une apparition de femme à la place du bouffon qui disparaissait. Un tour popularisé par Sonny Haes dans un Attention magie puis dans un PGCDM.
2ème tableau : la calèche
Arrive dans la cour du château une calèche sans chevaux composée de deux panneaux géants en papier japonais transparents et d’un joueur d’orgue. Après la danse endiablée des deux vierges séductrices, les deux panneaux se ferment autour du comte et d’une danseuse, qui est placée dos à une croix. Soudain la première fille disparaît. Le tour est répété avec la deuxième danseuse, puis c’est au tour de Copain de faire son apparition sous la cape du comte !
(Référence : ce tour appelé Osmosis a déjà été présenté par Dani Lary dans sa version originale (qu’utilise Hans Klok) et dans une thématique égyptienne. Avec la même structure, d’autres variantes ont été présenté, notamment par Lance Burton et Rick Thomas. Ici la conception a été entièrement revisitée dans un style gothique. La planche originale étant remplacée par une croix. Une très belle réinterprétation !)
3ème tableau : Transposition
« Quelle malédiction frappe le comte du Bois des Naix ? Peut-être trouvera t-il la réponse en remontant le temps des souvenirs ? »
En fond de scène se trouve un banc sur lequel monte le comte. Celui-ci est drapé d’une cape par la sorcière. Il commence à léviter dans les airs et disparaît sous la cape. La sorcière encagoulé referme les grilles du château en avant scène. Elle s’avance alors devant les spectateurs et retire sa capuche laissant apparaître le comte ! (Une belle transposition sur un procédé qui s’est généralisé à beaucoup d’illusion, portant sur la confusion d’une silhouette « masquée »).
4ème tableau : le guéridon volant
Dani Lary, accompagné de son majordome et de Copain, prend la parole et s’adresse aux spectateurs présents dans la salle : « Victor mon majordome est un fantôme, comme moi et Copain ». Un enfant est demandé sur la scène. Copain le dévisage et en perd sa tête, qui tombe d’un coup jusqu’à son estomac, puis revient à sa place. Le jeune garçon accompagne Dani Lary dans le numéro du guéridon volant. Celui-ci lévite dans les airs, puis une petite boîte disposée sur le guéridon est ouverte. Elle renferme une sucette qui est offerte à l’enfant ?! (qui repart aussi avec un programme du spectacle). Ce passage spirit est une tentative de communication peu crédible avec la fiancée décédée. Cette séquence semble interférer avec la thématique du spectacle. Le choix d’une illusion que tout le monde présente à l’heure actuelle, n’aide pas à l’unité globale.
(Référence : le guéridon flottant de Dirk Losander).
5ème tableau : le cercueil de verre
« Bienvenu à l’intérieur de mon château ». Le décor change et le comte nous fait alors pénétrer à l’intérieur de sa demeure.
Un immense lustre rectangulaire entouré de lumières et de flammes descend des cintres. Un cercueil en verre (plexiglas) est extrait du centre du lustre et est déposé sur le sol. Il est transparent et vide. Soudain le comte place un voile sur le cercueil et le retire aussitôt pour révéler valériane, sa bien aimée, allongée dans le cercueil. Une apparition saisissante et magnifique !
(Référence : Cette illusion a déjà été présentée par Dani Lary dans un ancien spectacle sur le thème de Blanche neige).
La princesse rend visite au comte, habillée d’une robe blanche, prête pour la cérémonie de noce. Leur mariage sera-t-il sauvé ? Ou, assisterons nous encore à des noces funèbres ?
6ème tableau : la danse du mouchoir
Le comte et sa fiancée, habillée d’une traîne et assise sur une chaise, jouent alors avec un petit foulard blanc facétieux. C’est l’épisode du foulard dansant qui s’anime en se dandinant sur le sol, dans un verre, puis dans une bouteille fermée. Valériane confie un autre mouchoir de couleur rouge qui danse également avec le premier. Les deux mouchoirs finissent par faire des bébés. Une gentille métaphore de la vie (normale) que pourrait avoir le comte et sa bien aimée s’ils étaient réunis.
(Référence : The Dancing Handkerchief a été décrit pour la première fois dans le livre Later Magic écrit par le Prof. Hoffman en 1903).
7ème tableau : transposition sur un mat
Le comte se tient debout dos à un poteau. Le majordome et Copain l’entourent avec un large rouleau de plastique noir des pieds à la tête comme une momie. Une cabine, amenée par Valériane, est placée autour de lui. En un clin d’œil, il est libéré et sa fiancée prend sa place sous le cellophane. L’effet de transposition est impressionnant mais la justification d’un tel tour était beaucoup mieux amenée dans le précédent spectacle de Dani Lary avec le tableau de l’Egypte et la figure de la momie.
(Référence: cette évasion se retrouve décrite dans la revue The Linking Ring, vol. 32, no. 10 de décembre 1952 sous le titre Post Escape sous la plume d’un certain Walter Bailey. A l’origine, c’est un effet utilisé par les médiums, appelés spiritualistes au XIXe siècle. Lire par exemple The Trick Post du livre Spirit Slate Writing and Kindred Phenomena (1898) de William Robinson, plus connu sous le nom de Chung Ling Soo. Mais ce tour n’a pas vraiment pris ; les spectateurs préférant l’évasion d’une croix ou d’un pilori. Actuellement Vostinic vend bien un poteau mais l’assistante n’est pas emballée dans un film plastique. C’est d’ailleurs là l’originalité de l’approche de Dani Lary qui en a fait tout autre chose : une évasion combinée à une transposition).
8ème tableau : champagne pour tout le monde !
Arrive une scène joyeuse sur le thème de la fête et du champagne. Une bouteille de champagne géante, posée sur une table basse, est apportée côté jardin. Un petit escabeau de quelques marches sur le côté permet à Valériane de monter dans la bouteille dont la porte est refermée. La fiancée placée dans la bouteille se défait de ses vêtements au cours d’un streap-tease supposé, en caressant les parois de celle ci. Les vêtements sont jetés par des petites fenêtres où dépassent les bras de Valériane qui bougent sans cesse pour mieux prouver sa présence. L’escabeau est retiré.
Le comte ramasse les vêtements qui sont placé dans d’un seau à champagne géant et transparent côté cour (un simple verre dans la version antérieur). Après un petit temps et une parenthèse d’oubli, il ouvre la porte de la bouteille. Celle-ci est vide. Un grand voile est jeté sur le seau puis retiré et la belle fiancée réapparait toute habillée dans le récipient transparent.
(Référence : tour présenté par Dani Lary avec une bouteille de Coca Cola à Kirrwiller).
Tout le monde danse avec une coupe de champagne à la main. Est-ce que la cérémonie du mariage va pouvoir enfin se réaliser ? Les acteurs dansent puis soudain se figent… victimes d’un maléfice. La sorcière vient sur la scène et verse du poison dans le verre de Valériane. La danse reprend. Valériane boit sa coupe et meurt. « Une nouvelle fois le cauchemar se répète et la belle meurt sous les yeux du comte. Les noces n’auront-elles jamais lieu ? »
Le comte, habillé d’une cape au long col, est dirigé, par la sorcière, vers un immense miroir et disparaît aspiré par le verre. Sa cape est également avalée à sa suite en un éclair. Le comte réapparaît d’un coup de pistolet dans la salle du zénith, à l’opposé de la scène, contrecarrant les plans de la sorcière.
NB : Dans Le Château des secrets, Le comte disparaissait dans une immense horloge transparente puis un voile blanc etait avalé à sa suite, aspiré en un éclair également. L’horloge semble plus adaptée que le miroir car elle renvoie au saut dans le temps qui va s’effectuer après l’entracte.
Le comte remonte sur scène et chasse la sorcière, en prononçant ces dernières paroles : « Je reviendrai Valériane, afin d’élucider le mystère de ta mort ! »
ENTRACTE
Entracte de 200 ans. « Vous allez voir comme le temps passe vite en notre compagnie ! »
DEUXIEME PARTIE
Un nouveau décor est mit en place, représentant l’intérieur d’un château du XVIIIème siècle. Nous sommes en 1782. « Si le décor change, les fantômes, eux, ne meurt jamais ! »
1er tableau : apparition du comte
Une base arrondie avec trois montants en forme de trépieds est surmontée d’un heaume de chevalier. Copain et le majordome enroulent une cape autour des trois pieds et le comte se matérialise sous le heaume et la cape. Une apparition sublime.
(Référence : c’est le tour Création de Herr Boelke très bien revisité. Décrit dans La Prestidigitation du XXe siècle d’Hilliard, Payot, page 397 – Greater Magic – 1938).
2ème tableau : double lévitation
Le comte fait ensuite apparaître sa fiancée sous un voile placé sur une table à roulette. On voit le tissu prendre la forme et la silhouette de Valériane (l’effet d’une disparition à l’envers).
Les deux amoureux se dirigent côté cours où est disposé un salon avec table basse et fauteuils. Le comte écrit une lettre à Valériane, à l’aide d’une plume. La feuille blanche est pliée en forme de rose, enflammée et transformée en vraie rose qui lui est offerte.
(Référence : Kevin James et David Copperfield. Version simplifiée sans le passage de la flottaison de la rose).
La fiancée se couche alors sur un bureau et s’élève dans les airs, très haut. Elle a oublié la rose qui est restée au sol. Le comte s’élève verticalement et la rejoint pour lui offrir. Cette double lévitation est sublimée par une chanson originale intitulée Valériane.
(Référence : Rick Thomas présentait cette double lévitation au Tropicana à Las Vegas sous le nom de Dancing in Air).
3ème tableau : le festin
Le majordome entame trois petits pas de danse avec deux danseuses habillées en marquisettes, tandis que Copain danse avec un squelette ! Le servant secoue une clochette : « le festin de monsieur le comte est servit ».
On dresse alors la table des noces, puis arrive sur une servante une batterie de gamelles et de couvercles. Le feu est mit à l’intérieur d’un premier récipient, qui fait apparaître deux colombes sous couvert du couvercle. C’est au tour d’une écharpe, coupée en deux, d’être placée dans une gamelle ; celle-ci recouverte, apparaît deux poules.
Une bassine vide est placée sur un plateau. On verse de l’eau à l’intérieur, puis on recouvre le récipient d’un deuxième plateau. Celui-ci est retiré pour faire apparaître deux canards.
Une chariote fait son entrée sur scène. On y place à l’intérieur une danseuse. Celle-ci disparaît pour laisser la place à trois poulets.
Un drap est tendu au dessus d’une table vide. En un clin d’œil, la table se dresse et laisse apparaître chandelles, vaisselles et victuailles à profusion.
Ce tableau est intelligemment construit et détourne brillamment des accessoires désuets et vieillots de la prestidigitation : les casseroles à apparitions et à transformations.
La scène festive se fige sur place en un arrêt sur image. L’éclairage met le focus sur un tableau entouré d’un cadre baroque et doré, représentant une sorte de nature morte (une lettre blanche avec une plume dans un encrier en premier plan) situé en haut de la scène vers les cintres.
4ème tableau : le tableau
Nous revenons dans la réalité avec Dani Lary qui explique que seul un enfant détient « la clé des mystères ». Après avoir lancé un cousin en forme de cœur (représentant le cœur de Valériane) de façon aléatoire, un jeune homme monte sur scène. L’enfant s’assoie dans le salon. Le majordome lui offre à boire du champagne (pour de faux), avec l’effet du verre qui reste suspendu au liquide. Le jeune garçon doit dire son prénom, sa date de naissance et son animal préféré.
Le tableau est descendu des cintres et placé sur une table roulante. La toile est enlevée et on découvre une description « de plus de 200 ans ». On peut lire que tout était prévu : le prénom, l’âge et l’animal préféré de l’enfant correspondent. Dani Lary extrait de la poche du jeune homme une clé en or, la fameuse clé des mystères. Le garçon est raccompagné dans la salle en apportant avec lui un programme du spectacle.
(Référence : prédiction sur grand tableau par David Copperfield revisitée).
5ème tableau : la cuve empoisonnée
Copain ramène le coffre du début, trouvé sous un oranger. Le coffre est ouvert grâce à la clé et livre une lettre qui accuse la sorcière Orphélia de tous les supplices qu’endure le comte depuis des siècles.
Orphélia est condamnée à être noyée dans son propre poison. Le comte la met en catalepsie et la place dans un grand canon. La main de la sorcière dépasse du cylindre et tient une torche enflammée. Une énorme cuve cylindrique fait son apparition côté jardin. Le feu est mit « aux poudres » du canon et la sorcière apparaît dans la cuve, prisonnière du liquide empoisonné.
(Référence : La magicienne Melinda a popularisé et remit au goût du jour cet effet dans les années 1990 à Las Vegas avec son tour Cannon shot).
6ème tableau : le piano volant
Un piano, décoré de riches peintures bourgeoises, est emmené au centre de la scène. Copain interprète quelles chansons de son cru dont « ver de terre sur la lune ». Il finit par se coincer un doigt dans les cordes. Son doigt devient disproportionné (gag du gros pouce).
Accompagné de Valériane, le comte se met seul au piano et commence à jouer un air romantique. Le piano se balance de droite à gauche, jusqu’à décoller complètement du sol, s’envoler dans les airs et faire un tour complet à 360°. La chanson finie, le piano atterri au sol et le comte rejoint sa fiancée.
(Référence : L’effet du piano volant est mentionné dans la revue Imagik no. 27, 2e trimestre 2000. Cette idée date de la fin du XIXe siècle et a été popularisée par Dominique Webb).
7ème tableau : jets d’eau
Tous les personnages de la pièce participent à la symphonie des jets d’eau qui jaillissent au bout des doigts et sur la scène. Le tableau est joliment composé autour d’une danseuse qui se contorsionne. La chorégraphie rappelle les jeux à la cours du roi en référence aux grandes eaux de versailles.
(Référence : finale effectué par Ten-Ichi au début du XXe siècle, voir ci-dessous la description d’un compte rendu extrait de la revue L’illusionniste, no. 31 de juillet 1904 : A Marigny. — Les Ten-Ichi qui ont eu
beaucoup de succès l’hiver dernier au Casino
de Paris, viennent de débuter au Music-Hall
des Champs-Elysées.
Le numéro est resté sensiblement tel qu’il
était quand nous l’avons vu pour la première
fois à Paris ; seul le commencement est changé.
Ce n’est plus la jeune demoiselle qui exécute
les petits tours préliminaires, mais un jeune
homme, probablement son frère.
Voici ce qu’il nous a été donné de voir :
Une feuille de papier est brûlée et transformée
en plusieurs rubans de même nature
et de différentes couleurs long chacun de 5 à 6
mètres. Ces rubans réunis dans les mains
sont transformés en d’autres plus larges. Une
fusée se trouve au centre de ces derniers, elle
est allumée, il en part une gerbe d’étincelles,
après quoi, un coq est sorti du milieu de ces
papiers.
Après cela, le magicien exécute le tour du
papier déchiré et raccommodé, comme de Bière
le faisait au Moulin-Rouge.
Ensuite apparitions de trois petits foulards
un à un et disparition des trois à la fois.
D’une bougie qui brûle un petit drapeau
français est tiré. Ce petit drapeau devient un
grand drapeau américain (Sans hampe).
Arrive après cela le chef de la troupe qui
exécute le fameux tour des pouces attachés
dont il a été parlé ici même et pour terminer
le grand truc de l’eau sortant en jets de toutes
parts.
A la fête de Neullly. — On peut voir quatre
prestidigitateurs : Villy. dont le petit théâtre
est installé tout en bas de l’avenue à gauche,
Audibert au palais de glace, et Albertini à
l’Alsazar de Madame veuve Chanu. Enfin Delille
qui est le doyen des physiciens de la
foire.
LE SERVANT DE SCÈNE ).
8ème tableau : neige japonaise
Délivré du maléfice, les noces du comte et de la comtesse sont célébrées en 1782 par Noël Blanc.
Dani Lary prend la parole et livre au public ses influences, ses inspirations, ainsi que son parcours de magicien. Il commence la magie à 8 ans et réalise bientôt son rêve d’enfant en devenant magicien professionnel. Son spectacle, inspiré de la littérature gothique et de Dracula, est le travail de toute une vie.
Le majordome vient alors vers lui avec une lettre. Le comte verse de l’eau sur celle-ci et créé de la neige japonaise, accentuée par deux canons qui produisent des faux flocons sur toute la scène.
(Référence : The Japanese Paper Trick du livre New and Startling Tricks par Classel & Faust – 1890. Un effet à la mode déjà exploré par Kevin James et David Copperfield, puis repris par une flopée d’autres magiciens).
9ème tableau : mariage
Un tableau représentant la comtesse est disposé sur scène. Tous les personnages de la pièce sont présents sur scène et sont immobiles, tels des marionnettes. Une danseuse passe vers chacun et les anime en les touchant (belle idée de mise en scène). Elle se dirige alors vers le tableau, qui laisse apparaître la vraie Valériane sous les traits de sa représentation picturale dans un effet de lumière. La mariée sort du tableau et se dirige en avant scène avec le comte. Les sept personnages saluent le public, qui leur fait une standing ovation mérité.
Conclusion
Dani Lary est vraiment méritant et la logistique d’une telle équipe doit être si difficile à gérer qu’on lui pardonne les quelques anachronismes et petites fautes qui peuvent être corrigés. En premier lieu, le magicien n’est toujours pas à l’aise avec la parole (il ne connaît pas son texte !) et manque de charisme. Il en fait parfois trop quand il salut le public (ce qui n’est pas dans la logique du personnage qu’il campe quand il joue le comte). Au niveau de la construction du spectacle, la deuxième partie est plus faible que la première et manque de rythme avec un pré final (neige japonaise) mainte fois vu. Enfin, quelques tableaux semblent parfois déconnectés du reste (notamment celui du guéridon volant).
Que l’on aime ou pas le magicien, Dani Lary a la volonté de justifier tout ce qu’il présente en essayant de donner du sens à ses grandes illusions et de proposer une vraie histoire du début à la fin ; là où ses confrères proposent une succession démonstrative de grandes illusions. Ce travail est le fruit de son expérience au Plus Grand Cabaret du Monde, où pendant plus de 10 ans il a produit (et produit encore) une illusion par mois pour le petit écran. Les maîtres mots : efficacité et précision. Ce n’est donc pas un hasard si La clé des mystères est un condensé de saynètes réadaptées pour « le théâtre », fruit d’un travail acharné et de plusieurs heures de répétitions.
Les effets de lumières, la musique envoûtante, les sept personnages de la pièce : Le comte Dani Lary, sa fiancée Valériane, ses deux serviteurs (le laquais et le bouffon Abbé Copain), deux danseuses, la sorcière Orphélia, ont offert au public une très belle comédie magique.
Quel parcours ! Depuis la genèse du projet en 2005, date de son spectacle à Mogador, où Dani Lary présentait une partie consacrée au gothique se déroulant dans un manoir. Un premier palier a été franchit avec Le Château des secrets en 2009, et depuis il a eu la volonté d’apporter une constante évolution au projet et de trouver l’illusion juste ; celle qui correspond le mieux à l’histoire et aux différents tableaux. Encore un peu de temps pour aboutir à une parfaite synthèse et à un spectacle qui fera date dans le monde de la magie. Dani Lary en est tout proche !
A lire :
– Le magicien de l’impossible ? de Dani Lary.
– L’interview de Dani Lary.
– Son talk show au Jean Merlin Magic History Day 2012.
– Retro Temporis.
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