Comment êtes-vous entré dans la magie ? À quand remonte votre premier déclic ?
En 2001 j’ai acheté la VHS n°1 de Sylvain Mirouf avec un jeu de cartes truqué (Time life). Ça a été le premier tour de magie que j’ai appris à faire.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
De 2001 à 2015 je regardais énormément de vidéos (je rappelle qu’on est sur les débuts de la vie d’Internet à la maison). Celles-ci n’étaient pas d’excellente qualité, mais j’adorais ça ! Copperfield, Jeff McBride, Dynamo et bien sûr Criss Angel. J’étais, à cette époque, très intéressé par la magie des colombes alors je me nourrissais énormément du travail de Gérald Le Guilloux, Cyril Delaire, Zyculus et Greg Frewin. Grâce à eux, j’ai créé mon premier numéro de colombes et de parapluies. Cela m’a permis de faire mon premier spectacle pour les portes ouvertes de mon lycée en 2008.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. À l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
En 2008, j’ai fait Talents de Scène à Nevers avec mon numéro de colombes/parapluies. C’était une année assez dingue, j’étais en concurrence avec Tao, Jimmy Delp, Florian Sainvet, Arnaud Narci, Aymeric Romet… Bref du lourd ! Le jury m’a classé avant dernier sur les dix-sept candidats. J’ai eu beaucoup de mal à supporter les critiques qui m’ont blessé car il n’y avait rien de positif pour évoluer. J’arrivais tout droit de la campagne en Dordogne où je m’entrainais tout seul. C’était une période très dure pour moi ; je faisais dépressions sur dépressions et j’espérais que la magie me sorte de tout ça. Je suis rentré en Dordogne, j’ai rangé les affaires et j’ai arrêté la magie pendant six mois environ. J’ai poursuivi par la suite mes spectacles tranquillement dans mon coin et je me suis mis hors des réseaux magiques.
Puis 2016 est arrivé… J’ai travaillé six mois avec Tim Silver en tant qu’assistant plateau et technicien du spectacle à Bagatelle. En parallèle je tournais avec mon spectacle Magicalement Célibataire en Dordogne puis je réalisais d’énormes vidéos de rue ou je faisais apparaitre des voitures, un avion et j’en passe… Puis sur cette même année est arrivé La France a un incroyable talent, l’une des plus belles expériences de ma vie ! À partir de là je me suis envolé. C’était une année très riche et positive pour moi.
Quels sont vos domaines de compétence ? Dans quelles conditions travaillez-vous ? Parlez-nous de vos créations, spectacles et numéros.
Je pratique le close-up depuis très jeune, ce qui me permet d’animer quelques mariages. Le reste du temps je suis sur scène, j’ai deux spectacles qui tournent. Mon spectacle de Noël sur la période décembre et janvier et Confidences, un spectacle de magie théâtralisé qui, lui, tourne toute l’année dans différents lieux en France. Confidences a été écrit en 2020, pendant les interdictions de spectacle suite à la Covid. Avec Thierry Schanen, co-auteur du spectacle, nous avons repris mon personnage du spectacle précédent, Magicalement Célibataire. C’était un défi car Thierry ne m’avait jamais vu sur scène (hormis à Talent de scène en 2009 et à Incroyable Talent où je me suis inscrit en secret car il n’était pas partant). Mais je pense que mes idées et mon envie d’écrire un spectacle théâtralisé lui on plut. Bon… Quand on y pense il a misé sur le bon poulain, puisque Confidences vient d’obtenir, au concours FFAP, la plus belle récompense avec le « trophée Robert-Houdin » (rire). J’en profite d’ailleurs pour remercier Thierry pour sa confiance parce qu’il me permet de trouver un équilibre dans ma vie professionnelle et personnelle.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Je ne sais plus comment il s’appelle mais, à quinze ans, j’ai vu à Périgueux un magicien de colombes lors d’un gala de charité et j’ai surkiffé son numéro ! Je me souviendrai toute ma vie avoir dit ce jour-là : « Un jour je ferai ça ». Puis j’ai envie de citer Gérard Majax que j’ai vu effectuer une prestation de pickpocket à mes dix-sept ans. J’ai halluciné et ri pendant tout son numéro de gala. Inoubliable !
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Pour commencer, la magie des oiseaux sans hésitation. J’ai toujours aimé la technique, la beauté et la pureté de ces numéros. Le mentalisme me plaît par la capacité rapide de prises d’informations, des temps d’avances que nous avons sur le public et par le travail de mise en scène nécessaire.
Quelles sont vos influences artistiques ?
En close-up, Bernard Bilis. J’attendais toujours ses passages au Plus Grand Cabaret du monde. Et en mentalisme c’est très clairement Benoît Rosemont que je trouve épatant.
Quels conseils et quels chemins conseiller à un magicien débutant ?
Comme je le dis toujours, arrêtez de copier. On entend les blagues d’Éric Antoine partout, dans toutes les vidéos. Il faut se créer un personnage et utiliser sa propre personnalité. Il est là le secret pour plaire au public. Si vos spectateurs sont capables de ressentir l’émotion que vous cherchez à dégager alors c’est gagné. Dernier conseil, rester humble. Prendre la grosse tête ne sert à rien. Nous sommes tous dans le même bateau.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Aujourd’hui, on a des créateurs extraordinaires qui nous permettent de faire vivre la magie différemment à notre public. L’électronique est partout et les effets sont nettement plus puissants aux yeux du public. La seule chose que j’ai à reprocher dans notre « monde » ce sont les prix exorbitants. Certains effets sont excessifs, ce qui pousse à s’endetter et les jeunes débutants à n’avoir accès qu’aux petites broutilles pas chères ou à des copies.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie (apprentissage culturel, différences sociologiques et ethniques) ?
Mon combat de vie est de changer les mentalités. La magie ce n’est plus porter une queue-de-pie avec un chapeau haut-de-forme pour faire apparaitre un lapin. Pour vous donner un exemple concret, ici à Bergerac, lors d’une réunion, les élus de la mairie qui ne sont pas très ouverts à notre art nous ont dit : « Vous les magiciens, vous êtes des clowns divertissants des enfants. » Autant vous dire que le combat va être long… Très long…
Vos hobbies en dehors de la magie ?
En dehors de la magie, je voyage à travers le monde, principalement aux États-Unis où j’aime me ressourcer dans la nature, entre les paysages de la Californie et de l’Arizona. Ça me permet de me remettre en question sur ma place dans le monde, ce que je peux y apporter. Ces voyages me sont essentiels, ils me permettent d’évacuer un surplus de stress et d’anxiété qui me poussent à subir de grosses dépressions.
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Interview réalisée en octobre 2024. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : © Raccoon Color / Héritier de l’illusion / Saint Soupplet photographie / Cyril Ayrau. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.