Comment êtes-vous entré dans la magie ? À quand remonte votre premier déclic ?
J’ai commencé à m’intéresser à la magie lorsqu’un ami a présenté la Guillotine à doigt (fabriquée par S.S. Adams) lors d’un spectacle de talents dans mon école primaire. J’étais alors en troisième année. Un jour, mon père m’a emmené dans un magasin de magie près de chez moi : le Top Hat Magic à Evanston dans l’Illinois. J’ai ensuite reçu plusieurs tours au fil des ans…
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
J’ai commencé à me produire lors de fêtes d’anniversaires d’enfants à l’âge de quatorze ans. J’ai eu la chance d’avoir des amis (les enfants d’un des employés de mon père) qui pratiquaient la magie. Ils m’ont présenté à d’autres artistes, qui m’ont servi de mentors. J’ai ensuite coanimé une émission de télévision locale hebdomadaire mettant en vedette des magiciens de Chicago. La magie est tout ce que j’ai toujours fait, que ce soit en spectacle, en création ou en construction. Une fois que la passion m’a frappé, je n’ai jamais arrêté.
Quels sont vos domaines de compétence ? Dans quelles conditions travaillez-vous ? Parlez-nous de vos spectacles et numéros.
J’ai d’abord appris les classiques : les productions d’éventails de cartes, les Anneaux chinois, les productions de colombes, la manipulation, puis j’ai commencé à ajouter mes propres versions aux routines originales dans mon spectacle. Lorsque je vivais près de Chicago, je saisissais toutes les occasions d’utiliser la magie. J’ai travaillé comme première partie de stars en tournée, comme consultant pour des salons professionnels concevant de la magie personnalisée et j’ai commencé à jouer avec des orchestres symphoniques (Magic with the Symphony, un concept original à l’époque) sous la suggestion et les conseils d’un manager que j’ai contacté. J’ai joué devant 30 000 fans au concert de rock Chicago Jam au Comisky Park avec Blondie, The Beach Boys, Sha-Na-Na et d’autres artistes. J’ai rapidement appréhendé mes propres limites avec ce que je pouvais faire, de par mon style. À cette époque, je pensais que je n’avais aucune limite, mais j’avais tort ! Un spectacle désastreux avec Alice Cooper m’a fait comprendre cela, ce qui a provoqué un déclic en moi pour la suite de ma carrière…
Vous êtes le concepteur, créateur et constructeur d’illusions originales pour le monde de la magie mais aussi pour différents spectacles en général. Quand, comment et pourquoi êtes-vous arrivé à cette spécialisation ? Avec et pour qui travaillez-vous ? Pouvez-vous nous parler de quelques-unes de vos créations les plus marquantes ?
Au fur et à mesure que mes compétences en construction progressaient, j’ai commencé à fabriquer des effets pour des amis et j’ai définitivement arrêté de jouer pour me concentrer uniquement sur la création. Des créations fabriquées sur mesure pour les scènes de Reno, de Las Vegas et dans le monde entier, avec comme clients : Hans Klok, Mark Kalin, Cyril Takayama, Danny Cole, Scott & Muriel, Tina Lenart, Franz Harary, David Goldrake, Neil Patrick Harris, Mike Caveney, John Carney, et bien d’autres…
Actuellement, je travaille avec David Copperfield sur un grand effet pour son spectacle. C’est le quatrième concept original qu’il m’a commandé. J’ai aussi eu la chance de travailler en étroite collaboration avec Jim Steinmeyer, Don Wayne et d’autres inventeurs développant et construisant leurs créations. Mon approche commence par le fait que tout est possible et de rêver grand ! Mais il y a bien sûr des limites réalistes et des adaptations au concept original qui doivent être prises en compte au fur et à mesure de son évolution. J’aime la collaboration car cela m’oblige à penser différemment et à entrer dans la tête et la vision de quelqu’un d’autre. Ma création la plus connue est Walking through a Mirror. Mais ma préférée est celle sur laquelle je travaille actuellement. Une nouvelle évasion appelée Gauntlet Soldiers, qui crée une atmosphère très théâtrale et dramatique avec des rythmes différents des évasions classiques.
Je travaille aussi pour des parcs d’attractions, des productions télévisuelles et cinématographiques, ainsi que pour les compagnies de croisière Carnival qui font appel à moi pour concevoir des effets spéciaux et des accessoires. Avec Jim Steinmeyer, j’ai travaillé sur plusieurs spectacles de Broadway. C’est une approche différente puisque les effets ne sont pas présentés comme de la magie pure mais plutôt comme des effets destinés à faire avancer un scénario.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marquées ?
Ma plus grande influence a toujours été David Copperfield depuis que je l’ai vu en live dans le spectacle The Magic Man quand j’étais adolescent. J’ai imité son style pendant des années en combinant mouvements de danse et magie. Ce qui est drôle, c’est que dans des conversations récentes, il m’a dit qu’il imitait Richiardi, à cette époque. Donc je l’ai imité en imitant Richiardi pendant toutes ces années ! Travailler avec lui et être son ami est très important pour moi. En ce moment, mon collaborateur préféré est Blake Vogt. Un génie sans manière et incroyablement créatif.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Je suis attiré par l’originalité dans la magie. Que ce soit en close-up ou sur scène. Je grince des dents quand je vois des magiciens présenter toujours les mêmes trucs ! Je les appelle des « acheteurs de catalogues ».
Quelles sont vos influences artistiques ?
Mes influences artistiques viennent de l’observation d’œuvres d’art, de meubles et de performances qui m’émeuvent. Elles me motivent à essayer quelque chose de nouveau, à m’épanouir et à grandir.
Quels conseils et quels chemins prodiguer à un magicien débutant ?
En tant que débutant, j’étais un lecteur vorace de livres de magie et je le recommanderais à tous les nouveaux venus.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Je suis heureux de voir que la magie de rue est en déclin. Je préfère le respect et les attributs d’un cadre théâtral approprié pour la magie, où l’environnement embellie et met en valeur votre travail, plutôt qu’une situation aléatoire et grossière.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie (apprentissage culturel, différences sociologiques et ethniques) ?
Je ne suis pas un grand fan des artistes qui jouent un personnage sur scène. C’est généralement ringard et exagéré. Je pense qu’il faut développer ce que nous sommes et qui nous sommes. Jouer sur ce que nous connaissons. Utiliser notre appartenance ethnique, notre culture et nos expériences de vie pour les diffuser dans notre pratique magique.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Pendant des décennies, j’ai collectionné des poissons tropicaux rares. À un moment donné, j’avais neuf aquariums remplis de poissons obscurs que j’avais achetés. Je pratique le travail du bois, mais je passe tellement de temps dans mon atelier que j’ai parfois besoin de m’en éloigner. Sinon, j’aime étudier la psychologie.
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Interview réalisée en novembre 2024. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : © Craig Dickens / collection personnelle. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.