Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Je découvre la magie à l’âge de sept ans grâce à un vieux coffret de magicien retrouvé dans le grenier chez mes grands-parents. Ne comprenant pas tout, c’est mon grand-père qui me montra quelques tours qu’il maîtrisait et c’est ainsi que ma passion est née.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
A l’âge de 9 ans, j’ai appris mes classiques (comptage Elmsley, forçages…) avec les tours de Dominique Duvivier. A ce propos je pense que, apprendre les manipulations en suivant les explications sur une notice est déjà fastidieux mais si, en plus, les explications sont écrites pour les gauchers (aller savoir pourquoi ?) ma soif d’apprentissage n’a pu être qu’insatiable.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Jusqu’à l’âge adulte je découvrais les nouveautés et je me perfectionnais dans un premier temps dans la boutique de Jean-Charles proche de l’Hôtel de Ville, il y avait dans cette boutique mes trucs préférés.
Plus tard, réalisant mes études de BTS dans un lycée proche de la gare du Nord, c’est l’immense Henry Mayol qui me proposa de l’assister à l’ouverture de sa nouvelle boutique. Il devint alors mon mentor, me transmit son savoir et me fit entrer dans les cercles tant prisés de la grande famille des magiciens.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
J’ai aujourd’hui la chance de pouvoir vivre pleinement de ma passion bien que le chemin n’a pas été facile, j’ai dû jongler pendant 5 années entre petits jobs « alimentaires » et tours de passe-passe pour pouvoir atteindre le rêve de tout grand magicien. Grâce au travail de mes agents, la réalisation de mon site internet ou le bouche à oreille, aujourd’hui les prestations ne manquent pas.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Quand j’étais gamin, il y avait peu de magiciens qui étaient invités sur les chaines TV, je me souviens de Sylvain Mirouf qui avait un passage régulier dans Le Millionnaire où il tenait un petit magazine dont j’étais un fan, sans oublier l’incontournable Bernard Bilis que j’adulais à chacun de ses passages au PGCDM.
En 2006, quand Eric Antoine fut révélé dans l’émission Incroyable Talent, le « renouveau de l’ère magique » est né. Nous pouvions voir, alors, régulièrement dans des shows télévisés, entre autres : Kamel le magicien, Dani Lary, Dynamo, Caroline Marx. Il y avait même une émission dans laquelle, certains des plus grands tours de magie étaient dévoilés. Je peux dire que tous ces magiciens m’ont impressionnés chacun à leur manière, qu’ils excellent ou qu’ils me dérangent, j’en tire toujours un bon enseignement.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Le close-up est pour moi la base par excellence, la manipulation et le détournement d’attention, sont les techniques à maitriser pour pratiquer cet art. Le close-up, est le style de magie que je préfère, la proximité avec mon public me permet de constater immédiatement joie et satisfaction, vous savez ; ces fameuses « étoiles » qui brillent dans les yeux des spectateurs, c’est pour moi le plus merveilleux !
Henry Mayol m’a enseigné la magie pour les enfants, celle qui vous donne un regain d’énergie fédéré par l’énergie débordante des bambins. Aujourd’hui j’aimerais m’orienter, de nouveau, vers la scène, comme je l’ai fait pendant 5 années pour des villages et clubs de vacances. Je me sens comme un poisson dans l’eau dès que je tâtonne les planches face à un auditoire.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Comme vous pouvez le constater j’aime beaucoup le style baroque, entre le 18 et 19ème siècle. Les films Le Prestige et L’illusionniste ont eu une grande influence sur moi tant sur l’univers, les costumes, la présentation que sur le style de magie. Certains allieront la magie au rire, d’autres au mystère ou d’autres encore aux arts martiaux. Pour ma part, j’aimerais faire une magie de rêve, une magie qui tout au long de mon spectacle transporte les « grands » dans le monde des enfants.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Wouah !, question de haut niveau. Le conseil commun de tous les magiciens est de s’entrainer, s’entrainer et encore et toujours s’entrainer… Devant un miroir, face à ses amis, dans la rue face à des inconnus, sont les moyens les plus formateurs. Mais hormis la technique il y aussi la prestance, le discours et le PLUS important : la gestuelle. Il est dit que la technique correspond à seulement 20% du tour de magie, les 80% restants résident dans ce que le magicien en fait et dans l’univers qu’il créé. J’aime à penser qu’il faille « kidnapper » le spectateur pour le faire voyager dans mon univers magique, je deviens le maître du temps, et l’effet final est des plus magistraux.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
La magie actuelle ne cesse de croître, de s’adapter aux nouvelles technologies mais elle se doit de répondre aux attentes des spectateurs consentement sollicités. Seul petit bémol, l’incontournable You Tube, où l’on peut y voir tout et n’importe quoi : des prouesses techniques aux classiques dévoilés en passant par la rediffusion des numéros de grands magiciens internationaux. On peut apprendre énormément via ce média qui nous oblige à constamment : faire des performances, surprendre, innover. Le temps des grands classiques à succès est révolu, seul l’indétrônable Otto Wessely reste l’un des pionniers en termes de numéros à succès qui perdurent dans le temps.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Énormissime ! Bien que ma culture magique n’excelle pas un très haut niveau, connaître le précurseur de telle ou telle technique, l’ensemble des créateurs de tours d’antan et ceux d’aujourd’hui permet de mieux comprendre les techniques de base, on n’invente plus grand chose aujourd’hui, la magie c’est un peu comme la mode, on fait du nouveau avec de l’ancien, mise à part la magie numérique qui depuis l’apparition des tablettes tactiles est une vraie innovation.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Le sport est primordial pour exercer mon métier, je pratique le base-ball depuis de nombreuses années. Pour moi, avoir une bonne condition physique et un excellent mental permet de maîtriser son image et sa prestance au plus haut niveau. Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, quoi de plus agréable que de se laisser envouter par un beau magicien !
– Interview réalisée en juillet 2015.
A visiter :
– Le site de Christopher.
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