Comment êtes-vous entré dans la magie ? À quand remonte votre premier déclic ?
Mon premier contact fut avec la boîte de magie Pipo vers l’âge de sept ans, puis je l’ai laissé de côté. À mes dix ans, il y avait les biscottes Gringoire (logo avec un lapin) qui offraient un tour de magie où cinq cartes en main devenaient, d’un geste magique, plus que deux… J’ai alors cherché et je me suis fabriqué seul le tour sans rien connaître à la magie des cartes. J’ai trouvé par la suite le livre des éditions Payot : La Prestidigitation du XXe siècle – Tours divers de J. N. Hilliard, et ce fut le début de mon véritable apprentissage.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. À l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Pendant une dizaine d’année j’ai appris seul. Ensuite James Hodges, m’a dit que je pouvais « bouger » en scène et se fut une révélation. J’ai aussi rencontré Jean Valton qui m’a fait la démonstration du livre Les Principes Brillants de la Manipulation des Cartes. Personne ne m’a freiné, j’ai créé un numéro de Pierrot présenté pour la première fois en 1977 à Reims au Championnat de France AFAP où j’ai gagné le premier prix.
Quels sont vos domaines de compétence ? Dans quelles conditions travaillez-vous ?
J’ai plusieurs domaines de compétence en magie des cartes, close-up, magie générale, sculpture de ballons et mise en scène. Pour le reste je suis aussi chanteur, auteur et compositeur. J’ai appris l’art dramatique et par la suite j’ai créé mon propre cours, avec aussi la danse à claquettes et la danse de salon. Je dessine, peint et fabrique tous mes décors de scène. J’ai travaillé le mime et dans le jazz soul. Je sais aussi faire le plombier, le menuisier, l’électricien et le maçon… Après avoir fait trente-cinq ans de cabaret, je travaille chez moi à L’Antre Magique le théâtre de magie que j’ai créé en 1995.
Parlez-nous de vos créations, numéros (Pierrot, The Great Gambini…), attractions (Musée Grévin et Paradis Latin) et spectacles (P’tit Ours, Mystériousss, Le Tricheur, Mission Goldfingers, Çà c’est d’la magie, Le Chapeau Magique, The Gentleman Cheater…)
Le Pierrot représente mon côté rêveur et romantique, il fut créé pour les Championnats de France. The Great Gambini, c’est mon côté Rock et drôle, la chanson, Elvis Presley ; la base était un magicien ringard touché par le rythme du film Grease. Le Musée Grévin, me contacta à la place de Jan Madd qui n’était pas libre pour que je fasse mon numéro de Pierrot. Le Paradis Latin est arrivé en même temps avec mon personnage de Rocker. Quant aux autres spectacles, je les ai créé parce que j’ai eu des enfants (trois filles). Et comme je faisais beaucoup de spectacles pour enfants à l’Antre Magique, j’ai conçu des shows de close-up pour adultes comme Le Tricheur, Mission Goldfingers… La version anglaise The Gentleman Cheater, je la joue dans le West End à Londres depuis plus de cinq années.
Vous êtes le fondateur de nombreux théâtres : Théâtres Abadaboum et Abalcazam, Théâtre de La Loge et Théâtre de L’Antre Magique. Pourquoi sont nés ces différents projets ?
Ce fut une période très créatrice. Je suis quelqu’un qui m’ennuie assez vite et j’ai besoin de changer et de créer de la nouveauté. Je proposais donc mes spectacles aux patrons de cabarets que je connaissais.
Pouvez-vous nous parler de votre école de magie ?
L’École de Magie est venue tout naturellement en 2000, pour enseigner la magie.
Vous venez de sortir Un jour je serai magicien, un livre autobiographique sur votre parcours artistique. Pourquoi sortir cet ouvrage maintenant ? Reflète-t-il vos multiples tropismes ?
J’ai écrit ce livre pendant quatre ans, à la base pour mes trois filles, afin de leur expliquer pourquoi et comment je suis devenu magicien. Autobiographique au début, puis très vite j’aborde mon apprentissage avec les livres, les cabarets, les rencontres, la création du théâtre, Londres, les techniques magiques et les tours que j’ai créé. Une base de travail pour « après » ma dernière disparition.
Le théâtre est une discipline qui vous intéresse. Pratiquez-vous le jeu de comédien ? Vous avez même monté une compagnie pour dispenser des cours, je crois ?
Un magicien devrait apprendre le théâtre pour peaufiner son rôle. J’ai travaillé l’art dramatique avec différents professeurs, puis j’ai créé un cours de théâtre pendant plusieurs années, nous avons joué L’Ours de Tchekhov et du Feydeau avec ma compagnie théâtrale. Michel Galabru a également donné ses cours à l’Antre Magique pendant deux ans… Une belle rencontre !
Vous êtes également chanteur, auteur et compositeur. D’où vous vient cette autre passion ? Quels styles de chant, d’écriture et de musique pratiquez-vous ?
D’origine italienne, le chant, la musique, font partie de ma culture et ont toujours bercé mon enfance, chez nous tout le monde chantait et plutôt bien. L’écriture et la composition sont apparus vers vingt-deux ans, cela fait partie intégrante de moi et j’utilise mes compositions dans mes spectacles. J’ai chanté Elvis Presley et les crooners pendant des années, c’est ma signature vocale. Mon style c’est de la variété et j’ai composé environs trois-cent-cinquante chansons.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marquées ?
Pierre Brahma, Richard Ross, Vito Lupo, Le Duo Absolon, Jimmy Gripo, Albert Goshman, David Copperfield, Siegfried & Roy, Lance Burton, Juan Tamariz, Jack Carpenter, Alex Elmsley, Asi Wind, Edward Marlo, Finn Jon, et beaucoup d’autres…
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Le close-up et la magie théâtrale, avec un thème, un costume, une musique, etc. Certains magiciens ne s’habillent plus, non pas d’idées et ne me font pas rêver, même s’ils sont devenus des vedettes… Dommage !
Quelles sont vos influences artistiques ?
La magie, le chant, la danse, les claquettes, la comédie, le mime, le clown, le dessin, la peinture, les décorateurs de show, la mise en scène. Pour moi, la meilleure école est d’aller voir les comédies musicales à Londres, c’est mon inspiration depuis quinze ans. Assistez par exemple à The Phantom of the Opera et vous comprendrez…
Quels conseils et quels chemins conseiller à un magicien débutant ?
Apprendre les techniques qui feront de vous un magicien, travaillez avec des livres. Les DVD sont aussi intéressants, mais ce n’est qu’une aide supplémentaire. Puis apprenez les arts du spectacle. Sachez garder les bons conseils et oubliez les jaloux, qui ne vous feront pas progresser… Aimez faire de la magie le plus souvent possible et à des personnes différentes. Gardez les secrets (certains sont expliqués dans mon livre), mais il faut passer par bien des étapes pour pouvoir les réaliser. Pas comme sur Internet où le seul but de tous ces débineurs est de faire du fric par tous les moyens possibles ! Gardez les secrets c’est ce qui me fait aimer la magie. Apprendre, apprendre et toujours apprendre.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Tout le monde fait la même chose, les mêmes blagues, la magie manque d’inventivité. Même si les mentalistes prolifèrent, grâce à la facilité de réaliser leurs tours et aussi à l’électronique… Si je refais mon numéro de Rocker demain (peut-être) cela deviendra une nouveauté. Je trouve que la qualité des concours de magie s’est dégradée, et je regrette tous ces numéros d’antan… Ca y est je commence à résonner comme un vieux ! À mon humble avis, tout va trop vite, un tour à Mbappé et voilà un jeune magicien avec des millions de followers, j’espère sincèrement pour lui que ça marchera pendant longtemps. Mais avant, on apprenait son métier, puis le travail entraînait le succès. Les réseaux sociaux finiront par pourrir notre métier, aucun culte du secret, des followers et encore des followers, tous vedettes. Tout ça est bien dommage… Quoi qu’il en soit, je reste un artisan de la main avec du travail manuel !
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Le golf.
À lire :
À visiter :
Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Christian Gambin / l’Antre Magique / Patrice Vérès. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.
