Bien que Charles Morritt se soit produit avec succès dans des music-halls britanniques et aussi, fréquemment, à L’Egyptian Hall de Maskelyne, on s’en souvient aujourd’hui comme de l’un des grands inventeurs d’illusions scéniques de l’histoire de la magie, « le plus grand maître des illusions de miroirs depuis Pepper » selon Will Goldston. Combinant les effets et les méthodes, il fut l’égal de génies comme Servais Le Roy ou P.T. Selbit. Né dans le Yorkshire, Morritt commença à s’intéresser à la magie après avoir assisté à un numéro des frères Davenport en 1877. Un an plus tard, il avait monta son propre spectacle et donna des représentations en province.
Son premier spectacle à Londres eut lieu en 1886, au Princes Hall, à Picadilly ; il y introduisit son numéro de lecture de pensée (il était le premier à utiliser un code silencieux pour transmettre les renseignements au médium) au cours d’un engagement de six mois et il continua ainsi six autres mois dans divers music-halls. En 1887, il partit en Amérique où il travailla pour Alexander Herrmann et mit au point pour lui plusieurs de ses illusions les plus réussies. En 1888, il débuta à l’Egyptien Hall de Londres et, avec J.N. Maskelyne, il développa l’illusion Oh ! (reprise plus tard par Kellar) et la joua durant trois années consécutives. En 1912 et 1914, il passa au Saint-George’s Hall Theater.
Oh! ou The Mahatmas Outdone. Une illusion créée par Charles Morritt et J.N. Maskelyne, présentée pour la première fois en septembre 1891 à l’Egyptian Hall.
David Devant et Charles Morritt (à droite) dans le numéro de La bouilloire mystique en 1905 (Photo : courtesy The Magic Circle, London).
Sa carrière, très étudiée, fut handicapée par des problèmes de santé et à caractère personnel et, à une époque, après avoir eu du succès dans les music-halls (Morritt propriétaire de deux music-halls de province en Angleterre), il fut contraint de jouer dans de petits trous de province. Il y fut redécouvert par David Devant (qui, n’ayant pas entendu parler de lui depuis des années, pensait qu’il était peut-être mort); il le fit revenir au Saint-George’s hall avec succès. Après une carrière faite de hauts et de bas, il mourut dans une obscurité relative en 1936.
The transe (L’homme en transe) 1927. Une séance d’hypnose pour faire dormir un homme volontaire (mais complice) pendant dix jours dans un cercueil. Cette expérience valu à Morritt d’être arrêté à Halifax et de comparaitre devant un tribunal pour « enrichissement par affirmations mensongères ».
Ses tours les plus marquants
Parmi ses nombreuses inventions, on compte The Pillar Box Mystery, The Great Safe Mystery, The Appearing Pony, The Knight’s Tour, Thought-reading Act, la Cage de Morritt, Flyto, le Mystère de la boîte aux lettres, Noir et Blanc, le Ragtime Magique, l’Ane qui disparaît, Tally Ho !, et un faux doigt creux duquel un mouchoir de soie pouvait sortir. Il fut aussi le premier à réaliser des illusions à l’aide de miroirs.
– Morritt cabinet (1889). Une apparition d’une cage vide.
– The Shrine of Koomra (1895). Une cage dans laquelle apparaissaient plusieurs personnes sur scène. Le tour était présenté comme un phénomène spirite, un prodige « théosophique », exploitant la vogue du mélange controversé de mysticisme et de religion d’Helena Blavatsky.
– Disappearing Donkey. Disparition d’un âne dans une boîte. Si vous lisez le livre Behind the Elephant de Jim Steinmeyer, vous saurez pourquoi le muletier doit être habillé en clown. Ce tour novateur inspira à Houdini sa fameuse disparition d’un éléphant à l’Hippodrome de New York en 1918. Une illusion conçue par Morritt lui-même.
Houdini et Morritt.
– Turkish Delight (1897). Une variation de La Cage de Morritt utilisant des mirrors wedge.
– Ragtime (1913). Dans cette illusion, quatre cartons vides sont soulevés par des messieurs. Les cartons sont posés et une fois relevés, laissent apparaitre quatre filles. Cette illusion utilise des mirrors wedge.
– Tally Ho ! (1915). Un effet dans lequel des chevaux, des cavaliers, des chasseurs et un renard, surgissaient d’une armoire montrée vide.
Cet article a été publié pour la première fois dans le MAGICUS magazine n°207 (septembre-octobre 2017). Crédits photos – Documents – Copyrights : Collection S. Bazou. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants-droit, et dans ce cas seraient retirés.