Les fousserétois font le tour du monde avec leur numéro de télépathie (par Lucien Viviès)
Carolus (Louis Carsalade) est né au Fousseret le 25 février 1891 de père forgeron et de mère modiste. (1) Impatient de connaître le monde, avide de nouveaux horizons et d’aventures, il quitte sa famille, son village, son clocher (2) pour réaliser ses rêves : devenir artiste. Il avait appris la musique au Fousseret avec un ancien chef de musique de l’armée en retraite et le métier de sellier-bourrelier avec son frère ainé. En octobre 1907, le voilà parti vers les Pyrénées, Monein, le Béarn et Bayonne où il côtoie des sociétés de musique après son travail de bourrelier.
Il fit ainsi ses premières armes de « chanteur-acteur-comique » à Monein. Le public en redemande… En 1909, il rejoint Bordeaux et la troupe La Girondine où il apprend et se perfectionne aussi bien dans la musique que dans la comédie ou le chant. En 1910, il fréquente les théâtres bordelais où il rencontre les artistes de son époque. Il s’inscrit à un concours et obtient le 3ème prix derrière deux artistes semi-professionnels. Sa carrière est lancée. Il prend le nom de CAROLUS. Il signe ses premiers contrats et ses premiers succès avant de rejoindre Paris. Dans la capitale, la mode est au comique troupier. Carolus s’y engouffre, sûr de lui et sachant qu’il a déjà réussi à faire rire. « Le Gai Troupier Toulousain » est né et son directeur artistique l’envoi en Suisse Romande durant huit mois. Son succès ne cesse de grandir jusqu’à la déclaration de la grande guerre. Cette période, il va la subir, comme tous ses compatriotes, tout en essayant de distraire ses amis. Il fut blessé le 2 octobre 1918.
Après cette période Carolus reprend ses activités, il crée ensuite les « ombres chinoises » derrière un rideau avec l’utilisation d’une lanterne. Il choisit CAROSKY comme second nom de scène. Aussi il présente ses numéros sous les différents noms de CAROLUS ou de KAROSKY. Maintenant en pleine possession de son talent, avec ses chansonnettes et ses ombres, il décide de quitter le pays pour l’étranger : l’Amérique du Sud, l’Espagne, la Belgique, la Suisse, l’Italie, etc. Il est réclamé un peu partout. Lors d’une tournée en 1928, il rencontre CAPELLA. Ils effectuent ensemble des tournées dans tout le sud de la France.
Au cours d’une tournée dans l’Aveyron, il rencontre une admiratrice qui deviendra sa future partenaire : Madeleine Saussol. Les années passent et c’est en décembre 1934 que Carolus persuade Madeleine de le suivre. Carolus lui apprend quelques tours de prestidigitation, ils travailleront avec Capella jusqu’en 1936. Jusqu’en 1939 Carolus et Madeleine se produisent ensemble, mais ce n’est pas encore la télépathie.
Pendant la seconde guerre, ils se produisent en zone libre et mettent au point leur futur spectacle de télépathie qu’ils expérimentent auprès de leurs amis et de leurs connaissances.
Leur numéro parfaitement maîtrisé fait le tour de la France et du Monde. Les plus grands et les plus beaux établissements les accueillent, ils se produisent même devant des chefs d’état ou de gouvernement. CAROLUS et MAGDOLA bénéficient d’une renommée mondiale. Ils passent plusieurs fois à l’Olympia de Paris, la plus grande scène de l’époque, ils côtoient les plus grands artistes du moment : Luis Mariano, Charles Trénet, Edith Piaf, Johnny Hallyday, Sylvie Vartan. En 1969 Carolus et Magdola s’embarquent sur Le France pour une tournée sur le Paquebot et à New York.
Les pays étrangers les demandent, ils font le tour du monde : le Maghreb, l’Egypte, le Liban, l’Extrême Orient (Saïgon, Hanoï, Haiphong), l’Afrique Noire, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, Madagascar, l’Ile Maurice, et bien sur l’Europe (beaucoup l’Italie et la Suisse, ainsi que l’Espagne, la Belgique). Ils présenteront leur spectacle jusqu’en 1976. Carolus avait alors 85 ans !
Notes :
(1) Biographie de Carolus par François-Régis GASTOU, édité par l’association Savès Patrimoine (1993).
(2) Il était un joyeux clocher, souvenirs d’enfance en pays gascon de Carolus (1960). Carolus était très attaché à son Fousseret. Il y revenait souvent, chaque fois qu’il le pouvait et systématiquement chaque année tout le mois d’août pour ses vacances. Il aimait parler le patois local (Le patois du Fousseret par Carolus, 1968) avec ses amis Fousserétois. Il connaissait tout le monde et faisait preuve d’une grande simplicité.
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