Comment êtes-vous entrée dans la magie ? A quand remonte votre premier déclic ?
Quand j’avais environ trois ans mon grand-père a sorti une chaussure de derrière mon oreille. J’étais extrêmement confuse et étonnée. Mon grand-père était un lutteur professionnel et un magicien amateur. Il m’a pris sous son aile jusqu’à mes huit ans. J’étais victime d’intimidation à l’école et je pensais être bizarre car je faisais de la magie, alors je me suis arrêtée. Quinze ans plus tard, la magie est revenue à moi lors d’une fête de Noël. Un magicien fut engagé par la société dans laquelle je travaillais alors et j’ai aimé chaque seconde de son numéro.
J’ai ensuite recommencé à manipuler des cartes mais je ne connaissais rien à la magie. J’avais tout oublié. Un an plus tard, j’ai rencontré Tom Stone à Stockholm, en Suède. Il a vu quelque chose en moi et a décidé de m’aider. Il a pris le train vers le sud de la Suède pour me donner des cours pendant trois jours. Tout était magique ! J’ai adoré ce moment et je me suis entrainée énormément, de nombreuses heures chaque jour. Deux mois plus tard, en Février 2014, je quittais mon emploi en me consacrant entièrement à la magie.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
Mes jours avec Tom Stone m’ont appris beaucoup sur moi-même. J’ai commencé à essayer de nouvelles choses. Il m’a aidé à penser comme un magicien. Les erreurs sont la meilleure façon de trouver son propre type de magie et sa méthode. Tom est un grand maître et est toujours mon mentor. Il me donne des « devoirs » et je fais en sorte de ne pas arrêter mon apprentissage. Je me souviens de l’époque où je l’ai suivi derrière une gare. Je lui ai dit que je voulais combiner deux effets et je lui ai demandé si ça allait. Il me prit par les épaules et me dit : «Caroline, Tu es juste devenue une magicienne».
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
Tout est venu de Tom Stone au début. On peut dire qu’il a créé Caroline Ravn et je serai toujours très reconnaissante pour cela. Être une femme dans ce monde dominé par les hommes est utile parce que c’est rare, presque exotique. Les journaux m’ont découvert très tôt et juste deux mois après avoir commencé ma carrière, j’étais sur la couverture d’un magazine national distribué à 504 000 exemplaires dans tout le pays. Après cela, je suis partie pour une tournée en Suède et j’ai commencé à créer beaucoup de nouvelles choses. D’autres magazines et journaux ont commencé à me contacter et à écrire sur moi. Pour ces raisons, je suis devenue célèbre très rapidement. Une autre chose qui m’a aidé, a été ma deuxième place aux championnats suédois de magie, catégorie close-up en 2015. La veille de la compétition, j’ai gagné le prix de la personne la plus « inspirante » de ma région. Cette semaine a été tout simplement incroyable !
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Je me produis essentiellement pour des événements d’entreprise, en close-up et sur scène. Ce que j’aime montrer aux gens est mon numéro primé. Ça commence à se propager dans d’autres pays et j’ai obtenu quelques invitations à des conventions magiques dans le monde entier. Magicien, vous obtenez beaucoup de propositions d’emploi intéressantes. Une des choses les plus intéressantes que j’ai faite jusqu’ici fut un tournage pour le groupe commercial McDonald France (campagne 2015/2016). Ce fut que du plaisir.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Je pourrais citer tant de magiciens et d’artistes mais pour en nommer quelques-uns, je dirais Yu-Ho Jin, Tom Stone, Shin Lim et Raymond Crowe. Ils sont tous une inspiration à leur manière. Tom est un génie vivant, le numéro FISM de Yo-Ho Jin est d’une pure perfection. Shin Lim est, sans doute, le créateur et le penseur le plus intéressant de la magie actuelle. Raymond Crowe crée une atmosphère étonnante avec son travail sur les ombres.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J’aime surtout le travail artistique de la musique. Pour moi, cela est plus magique qu’un bon scénario. J’aime le numéro FISM de Yo-Ho Jin, probablement plus que la plupart des gens. Lors de sa représentation, je pleurais comme un bébé ; il est tellement inspirant. J’aime les manipulations, mais surtout j’aime ce sentiment qui vous donne l’impression de regarder quelque chose qui est tout simplement magnifique et bien composé.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Je regarde beaucoup de films et d’émissions de télévision. Je prends beaucoup de photos et je vais voir beaucoup de concert. J’ai une grande imagination et quand j’entends des chansons, je commence à « jouer » une vidéo dans ma tête de la manière dont celle-ci peut devenir magique. Voilà comment j’ai créé la plupart de mes tours.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Essayez tout, lisez le Tarbell course in magic et croyez en vous-même. Beaucoup de jeunes magiciens arrêtent de faire de la magie parce qu’ils sont découragés par les autres, la plupart du temps leur famille ne comprend pas que cela peut-être un métier. Mais il existe un chemin qui demande beaucoup de pratique. Il n’y a pas de raccourcis, nous devons tous apprendre la levée double et acheter des accessoires que nous n’utiliserons jamais. Cela fait partie de ce monde et si vous êtes un de ces magiciens débutants, je me réjouis de vous voir intégrer notre communauté.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Il y a un mouvement magique qui est en train de devenir très populaire et qui s’appelle cardistry, des fioritures de cartes exécutées de manière fluide, visuelle et versatile. C’est une forme d’art très cool que beaucoup de gens réalisent, et pas seulement les magiciens. Je pense que c’est une bonne chose parce que ça crée un peu de « bruit » sur les médias sociaux et attire de nouvelles personnes dans le domaine de la magie.
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Je pense qu’il est important d’inclure toutes sortes de cultures dans la magie. Pour ma part, j’utilise la musique et le théâtre. Le jeu est le fondement pour devenir un bon interprète. Plus vous en savez sur le théâtre, la culture, la musique et la photographie, plus vous serez en mesure d’effectuer et de présenter vos effets avec brio.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
Le café, si cela est considéré comme un passe-temps. J’aime boire une bonne tasse de café avec mon meilleur ami et parler de tout et de rien. Je suis aussi une addicte des grands shows télévisés, donc je passe beaucoup de temps sur Netflix.
Voyager n’est pas si mal quand j’ai bonne connexion Wi-Fi. Je vis dans le sud de la Suède et nous avons une nature superbe. Parfois, je vais à la montagne ou courir le long de l’océan en regardant le Danemark.
– Interview réalisée en septembre 2015.
A visiter :
– Le site de Caroline Ravn.
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