D’un côté Bertrand Crimet, grand sec lunaire, de l’autre Carmelo Cacciato, petit espiègle malicieux. « La comédie magique » est une compilation des meilleurs sketchs du duo magique franco-italien.
Ce spectacle convient au jeune public mais aussi aux adultes. Durant plus d’une heure, les deux compères vont se livrer à un flot de saynètes ininterrompues. Ils alterneront de la magie classique et participative, avec de la magie créative et visuelle.
Notez qu’avant le début de la représentation une horde d’enfants a pris d’assaut la salle du théâtre. Pas moins d’une centaine de chérubins de moins de 6 ans ! La plupart d’entre eux étaient déguisés (Halloween oblige) et se comportaient en chauffeurs de salle. Un lourd challenge pour nos deux magiciens, quand on connaît la difficulté de contenir un tel public !
La serviette
Le duo introduit la magie par l’intermédiaire du chiffre cinq. Le mot MAGIE comporte CINQ lettres, le magicien utilise ses mains qui ont CINQ doigts. Il utilise également les CINQ sens. Enfin, le duo rend hommage à « maître Babar » (Babar comporte CINQ lettres) qui leur a enseigné la magie à travers une serviette. Celle-ci, érigée comme une relique, va tour à tour s’animer et se transformer en sorcière, en soutien gorge, en danseuse, en fer à repasser miniature, en moustache et en souris. Carmelo et Crimet exécutent des figures classiques en plus de l’enchaînement popularisé par Quentin Reynolds où la souris finit lancée sur les enfants avec des réactions garanties.
Le Bonneteau
Vient le célèbre jeu présenté ici avec des cartes géantes. Une carte rouge et deux cartes noires que les deux acolytes mélangent, les faces cachées. Après avoir fait gagner deux fois les enfants, les magiciens les font perdre deux fois. En final, la carte noire placée de côté sur la table s’avère être la carte rouge. La mise en scène est bien rythmée et la participation des enfants est au maximum.
La chasse aux pièces
« Au début, pour devenir magicien il faut savoir faire la manche. » C’est sur ces paroles que s’ouvre, la chasse aux pièces, jouée par Carmelo. Comme ses confrères, Jeff McBride, Lance Burton, Vadini, Bertrand Loth et beaucoup d’autres encore, celui-ci invite un enfant à venir au près de lui. Il prend soin de le choisir munit de beaucoup de poches pour multiplier les apparitions à divers endroits. Il fait apparaître une pièce dans la propre main fermée de l’enfant, ce qui constitue toujours un très bel instant magique. Pour finir la routine avec une note originale il produit du cou de l’enfant des liasses de billets avec l’aide de Crimet. Ce tour mainte fois vue à un formidable impact sur le public et sur l’enfant choisi qui manifeste son étonnement, cherchant lui-même des pièces dans ses poches !
Le costume du magicien
Comment devient ton magicien suite, avec cette fois ci le costume d’apparat du prestidigitateur. Carmelo habille l’enfant d’une veste et d’une chemise. Il le coiffe d’un chapeau et lui offre la baguette magique. Pour peaufiner la transformation, Carmelo prête ses mains au magicien en herbe. Il est désormais prêt à faire des miracles. Une cascade de cartes tombe en un ruban. Un mouchoir disparaît. Le livre de dessins se colorie, et la baguette devient ambitieuse. Une fois reçus les applaudissements de ses camarades, le jeune garçon repart, revigoré par le diplôme délivré par Crimet.
Le tableau vivant
Place à la toile de maître. Sans vouloir faire de jeu de mots c’est la pièce maîtresse du spectacle, la saynète la plus représentative et la plus créative du duo.
Sur fond de visite guidée décalée, on entend en voix off un guide commenter quelques salles d’un grand musée. « Ici un parquet en quinconce, ou posé à la va vite ».
Puis apparaît une toile de maître représentant deux figures féminines, d’un autre siècle. Cette toile est visiblement spéciale puisque les visages des deux demoiselles semblent réels. Un groupe de touristes passent devant. Une araignée vient chatouiller le nez d’une des donzelles et le tableau se met à vivre.
Les deux personnages discutent entre eux et animent la toile par des tours de magie :
– Un foulard se transforme en une fleur portée par l’une des demoiselles
– Un bracelet apparaît
– Un plumeau change de couleur après être passé dans un parchemin envoyé par Léonardo Di Vinci Di Caprio !
– Une fleur est transformée en foulard
– Une rose surgit ainsi qu’une multitude de boutons de fleurs
– La rose et le foulard disparaissent
– Une apparition de foulards, puis la disparition de bijoux
– L’apparition d’un luth qui se transforme en guitare électrique après les flashs de visiteurs.
Cela finit par une scène de ménage. Les robes sont dégrafées pour laisser entrevoir des dessous affriolants. Les demoiselles arrachent le cadre du tableau puis sont soudain figées pour la postérité dans une pose insolite sous l’effet de nouveaux crépitements de flash.
Prédiction aux ciseaux
Carmelo arrive sur scène avec un parapluie qui servira de réceptacle au papier découpé face au public. Armé de ciseaux il sculpte une feuille et la déplie pour révéler une ribambelle de bonhommes qui se tiennent par la main.
Ensuite, il fait tirer différents papiers d’un sac transparent contenant des noms d’animaux, en demandant aux enfants d’imiter l’animal. Un enfant tire un dernier papier qu’il met dans sa poche. Carmelo va essayer de deviner l’animal en découpant un papier. Après comparaison, la prédiction s’avère exacte.
Le marin
C’est au tour de Bertrand Crimet de faire son apparition en solo dans un numéro muet de mime et de magie. Celui-ci est habillé en marin qui, descendu à quai, déballe de son sac des objets faisant référence au monde de la mer.
Une corde devient raide et lévite dans les airs comme la corde hindou. Le marin se repose dessus comme si l’objet était solide.
Il accouple à celle-ci une corde rouge qui lévite également. Faisant un nœud sur cette dernière, il en produit une balle rouge qui apparaît sans cesse de sa bouche pour réapparaître au dessus de son chapeau, figurant ainsi le pompon du marin. Il sort ensuite une éponge qui lévite dans les airs et mime une glace imaginaire entre lui et le public.
Voulant s’octroyer une pause, le marin fume une pipe et boit un coup. Sous l’effet de l’alcool, la pipe se multiplie quatre fois entre les doigts du matelot.
Pour nous quitter, le fil coupé en une poignée de brins est enfoncé dans son poing et transformé progressivement en un mouchoir blanc.
C’est avec ce foulard que le marin nous fait un signe d’adieu au ralenti et que le numéro se termine. Ici, toute la créativité et l’originalité de Bertrand Crimet sont palpables. On sent la volonté d’imposer une histoire dramatisée et de proposer un univers singulier dans lequel le spectateur n’a pas l’habitude de se promener et qu’il demande à découvrir.
Le plongeur
Comme une réponse au tableau précédent, Carmelo, nous entraîne dans les profondeurs de l’océan. Il arrive tout d’abord avec une valise dont il sort un raton laveur qu’il anime. Après l’avoir assommé, (Dur, dur, la vie de raccoon), il le découpe pour en faire un chapeau de trappeur à la Davy Crockett (Référence à David Williamson).
Il invite un enfant à le rejoindre et ils changent de costume tous les deux et enfilent un masque de plongée. Ils miment la nage sous marine et croisent un requin en plastique qui descend du plafond du théâtre. Celui-ci est attrapé et ouvert par Carmelo qui en sort deux voilages symbolisant les tripes de l’animal et des balles symbolisant des œufs qu’il fait apparaître et disparaître dans la main de l’enfant.
Vient ensuite le tour de l’eau dans le journal apporté par Crimet. A la fin l’eau est versée et apparaît un poisson rouge.
Seul bémol au spectacle, ce tableau souffre d’un manque de rythme et d’effets un peu tirés par les cheveux. Et parfois nous sommes aux limites de l’univers enfantin avec ces scènes de raton découpé et de requin éventrés !
Maître Babar
Pour boucler la boucle, le grand maître magicien Babar (ou Bazar) fait son apparition. Il porte une toge bordeaux, des lunettes réfléchissantes de fête foraine et une coiffure confectionnée avec un chapeau de Tabarin. Ce gourou des temps modernes va montrer sa fameuse lévitation au crédule Carmelo. Il en profite pour le dépouiller de tous ses biens pour le rendre plus léger ! Il nous montre la suspension d’une baquette dans un verre d’eau. Il finit par léviter totalement décroché du sol. C’est sur cette dernière image que s’achève ce spectacle très dense et bien construit. A recommander sans réserve.
C’est sur cette dernière image que s’achève ce spectacle très dense et bien construit. A recommander sans réserve.
A lire :
– « Carmelo et Karfax ».
A visiter :
– Le site de Bertrand Crimet.
– Le site de Carmelo.
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