Comment êtes-vous entré dans la magie ? À quand remonte votre premier déclic ? Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
J’ai commencé la magie à l’âge de douze ans, au début de l’émission du Plus Grand Cabaret du monde. Ma mère avait vu dans un magazine qu’une boutique de magie (Joker Deluxe qui a fermé depuis) proposait d’envoyer leur catalogue sur simple demande. Je ne m’intéressais pas plus que ça à la magie à l’époque. Dans le catalogue, j’ai de suite noté qu’il y avait les vidéos de Bernard Bilis que je voyais à la télévision. J’ai commandé la première K7 et je n’ai jamais lâché. J’ai pu croiser à plusieurs reprises Bernard Bilis, j’en ai profité pour le remercier parce qu’il y a une pédagogie excellente dans ses vidéos (que je n’ai que très rarement retrouvée ailleurs). J’ai ensuite beaucoup regardé, beaucoup lu, beaucoup travaillé. J’ai trente-sept ans, je viens donc de franchir le quart de siècle de magie.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. À l’inverse, un événement vous a-t-il freiné ?
J’ai commencé tout seul dans mon coin, mais je me suis assez rapidement confronté au public. J’ai fini par intégrer le Cercle Magique Aquitain en 2006. Il y a une belle communauté dans ce domaine autant chez les professionnels que chez les amateurs : entraide et partage. J’ai aussi intégré le bureau en tant que secrétaire et vice-président. Ensuite, je me suis ouvert à d’autres arts. J’ai fait les cours Florent, les cours Cochet-Delavène avec beaucoup de masterclass, l’École du One-Man à Bordeaux. Je pense qu’aucun art ne se suffit à lui-même, il faut toujours faire des croisements, des hybridations (dans une certaine mesure). Je pense qu’avoir rencontré beaucoup de magiciens ici et là où on confronte nos visions de la magie est particulièrement enrichissant ! Heureusement, et je touche du bois, aucun événement ne m’a freiné !
Quels sont vos domaines de compétence ? Dans quelles conditions travaillez-vous ? Parlez-nous de vos créations, spectacles et numéros.
J’essaie de m’intéresser à tout et donc… je fais de tout. Close-up, magie de salon, magie sur scène… Mais, l’essentiel reste la magie de proximité. Je n’ai pas forcément une magie visuelle, mais plus une magie que je qualifierais de « conversationnelle » où je vais discuter avec les spectateurs sans savoir où cela me mène. J’ai développé, comme beaucoup, des routines « signatures » qui font de moi un magicien différent des autres. J’ai aussi développé la magie / stand-up. J’évolue depuis 2018 dans les Comedy Clubs surtout à Bordeaux mais ça m’arrive de voyager un petit peu. Je travaille souvent seul mais je confronte le résultat à d’autres. Je passe mes samedis après-midi dans des cafés bordelais où j’essaie d’avancer sur tout et n’importe quoi : un tour, du texte, un numéro complet, etc. J’essaie, dans la mesure du possible, d’amener certaines choses connues dans quelque chose de plus original (par ex : j’ai fait un chair test théâtralisé sur le thème du Cluedo).
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marquées ?
Récemment Luc Apers, Kurt Demey, Derren Brown, Viktor Vincent, Andrew Frost, Christian Grace sont des magiciens qui, par leur technique, leur personnalité, leur approche m’ont particulièrement marqué.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
La magie qui ne se la raconte pas, authentique avec des artistes avec qui on passe un vrai moment (Dani DaOrtiz, Luc Apers, etc.), pas les performers qui sont là pour nous montrer qu’ils savent cinquante techniques en une minute, je n’y trouve pas mon compte. Que ce soit, le close-up, la magie humoristique, le mentalisme, sur scène ou pas, tout m’attire (je crois que je suis un passionné).
Quelles sont vos influences artistiques ?
Je les puise un peu partout : dans du cinéma, du théâtre, de la musique, ou des choses que j’ai pu voir en magie… ou pas. Je repars souvent d’un spectacle, quel qu’il soit, avec énormément d’idées.
Quels conseils et quels chemins conseiller à un magicien débutant ?
Lire, écouter, regarder, surtout essayer de ne pas faire comme les autres (même si au tout début, c’est inéluctable). Toujours essayer de mettre de soi dans tout ce que l’on fait et faire des choses que l’on aime. Quand on n’aime pas, le public finira par le ressentir, même s’il n’est pas capable de mettre le doigt sur quoi exactement.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
Je trouve qu’il y a une très belle école en Espagne (je pense que ça n’avait échappé à personne), mais aussi en Belgique, en Asie, et en Angleterre. Quand je vois Giancarlo Scalia (qui est italien mais travaille en Espagne), Dani DaOrtiz, Shimpei, Christian Grace ou Andrew Frost, je prends énormément de plaisir à les regarder performer. Je dois avouer que j’ai un peu moins de plaisir en France (c’est une question de goût, pas un jugement) à part des artistes comme Yann Frisch, par exemple.
Quelle est l’importance de la culture dans l’approche de la magie ?
Énorme ! Ça permet de tout faire ! On peut faire de la magie sans parler, à n’importe qui : jeune, moins jeune, français ou pas, etc. On peut détourner une scène d’un film pour en faire un numéro… J’ai la chance d’avoir une belle bibliothèque, et en lisant j’ai appris quantité de choses qui ont une valeur incroyable. On a la chance de s’amuser en amusant les autres et on peut le faire presque partout dans le monde.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
La gastronomie au sens large (cuisine, restaurants et café), les podcasts, la lecture, le théâtre/spectacle, les Comedy Clubs, la culture en général. Je ne suis pas du genre à m’embêter et s’ouvrir sur le monde est enrichissant au plus haut point.
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Interview réalisée en novembre 2024. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Alban Descampeaux / Revel / Magic Pics Cie – Eric Hochard. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.