Comment êtes-vous entré dans la magie ? A quand remonte votre premier
déclic ?
Tout simplement avec une boite de magie Les secrets du maitre sorcier aux éditions Capiepa, une boite rouge. Je devais avoir 8 ans. Ensuite à 10 ou 12 ans, le mari de ma marraine qui habitait Paris m’a offert Sois le magicien de Jacques Delord.
À 16 ans je me débrouillais bien au bonneteau, la routine de dés à coudre, la boite à divination et des tours de cartes.
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
J’ai fait ma première scène le 19 décembre 1971 au patronage de mon village Le foyer rural, très rural… Ce fut une vraie expérience de la scène car les animateurs avaient à cœur de faire très bien les choses. Après, j’ai été musicien manche, bals, et auteur-compositeur.
Quelles sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidé. A
l’inverse, un évènement vous a-t-il freiné ?
A 20 ans j’ai rencontré Max Dif et les membres du Cercle Robert-Houdin du Limousin. J’ai trouvé une vraie famille artistique. Ils ont contribué à dégrossir l’artiste brut que j’étais, puis j’ai rencontré Fanch Guillemin, Dominique Dega… ils m’ont tous aidé.
Dans quelles conditions travaillez-vous ?
Je ne présente pas de tours de magie, je crée des personnages et des situations où la magie arrive. J’adore la rue, j’y suis presque tout le temps, mais la scène est plus reposante, parfois trop reposante. J’aime et je fais une magie impromptue, même sans matériel adéquat. Parfois c’est bizarre mais l’essentiel est de faire s’allumer une petite flamme dans les yeux du public.
Quelles sont les prestations de magiciens ou d’artistes qui vous ont marqué ?
Il y en a beaucoup, ça va être long : Bupka et son fez, Louqsor Galli Galli, la pagode de la mort jouée par Childeric, Tom Mullica, Slydini…
Mon mentor (mais il ne le sait pas), c’est Jean Merlin, ses écrits mettaient sur papier ce que je cherchais et cherche toujours ; il a très fortement dépoussiéré la magie à l’époque.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
Tout m’attire sauf ce qui est à la mode.
Quelles sont vos influences artistiques ?
Le cirque, La commedia dell’arte, tout ce qui fait qu’un artiste donne une performance humaine et non une performance technique.
Quel conseil et quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Le travail, la lecture, la pratique. Engranger le plus possible de choses pour se faire un « cerveau bibliothèque » qui est ultra précieux par la suite et aide à acquérir une certaine plénitude artistique. Jouez, jouez, jouez, et pensez au spectacle quand vous ne le faites pas, faites du spectacle quand vous n’y pensez pas et quand vous n’en faites pas et que vous n’y pensez pas dormez, et rêvez-en.
Quel regard portez-vous sur la magie actuelle ?
La magie devient trop technique, on n’a quasiment plus de relation humaine. Ce qui se fait à la télévision ne peut que rarement se reproduire en public.
On ne fait pas la table volante couverte d’une nappe rouge, avec une veste rouge, éclairée en rouge sur un fond rouge, des tonnes de fumée et un stroboscope.
Ça marche à la télé, sur des grandes scènes, mais pas dans la vraie vie.
Un magicien qui se croit célèbre, m’a dit que l’on ne pouvait pas faire de grandes illusions sur le carrelage des salles des fêtes de campagne. Désolé pour lui mais on peut, en se cassant un minimum la tête. Je présente une cabine aux épées et l’évasion du tonneau plein d’eau dans la rue depuis des années (le spectacle de La chambre des supplices, la caisse aux épées va fêter ses 20 ans et sa 1000ème et ce dans l’indifférence générale des instances magiques, qui ne comprennent pas une once de ma façon de voir !)
Quelle est l´importance de la culture dans l´approche de la magie ?
Faire de la magie, c’est faire du spectacle, on doit lire, aller voir des spectacles de tous styles. Si on ne fait que de la magie, si on n’apprend que la magie, on ne fait pas bien de la magie.
Vos hobbies en dehors de la magie ?
J’ai été musicien, cavalier-cascadeur, j’ai fait de la voltige cosaque, de l’escrime de spectacle, de la boxe française, de la canne, du bâton, j’ai lu des centaines de livres, j’aime l’histoire, la botanique, les sciences dures, la philosophie, la rhétorique, les langues mortes, le cinéma en noir et blanc et Chaplin.
– Interview réalisée en septembre 2015.
A visiter :
– Le site d’Arthus.
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