Extrait de la revue L’Illusionniste, N°19 de juillet 1903
Le nom d’Alfred de Caston, que nous présentons ce mois-ci à nos lecteurs, n’est plus aujourd’hui aussi connu que ne l’eussent mérité son réel talent et les grands succès qu’il rencontra durant sa carrière dans le monde de la magie. De Caston, en effet, n’a jamais été l’homme du grand Public. Sortant de l’école Polytechnique, sa fortune personnelle lui permettant de suivre son inclination, sans s’inquiéter de la question pécuniaire, il embrassa la carrière magique qu’il parcourut plutôt en amateur qu’en professionnel. Aidé, en cela, par ses études de jeunesse, il ne tarda pas a passer maître dans les expériences de nmémotechnie chronologique, lesquelles avec les tours de cartes, où il excellait, lui firent vite une solide réputation qui pour ne pas sortir du grand monde, n’en reposait pas moins sur des bases solides.
Il était très recherché dans les salons à la mode ci donna, raconte-t-il, lui-même, cent séances à l’Hôtel d’Osmond, durant l’hiver 1854-1855. Le caractère de l’artiste est essentiellement Nomade ; de Caston ne fît pas exception à la règle, et fit en 1857 et 1858 un long voyage en Russie en Pologne, d’où il revint couvert de lauriers et dont il a laissé une intéressante relation sous le titre « Voyage en Russie ». Un stage en Turquie lui valut une distinction honorifique d’un prédécesseur
d’Abdul-Amid.
A part son livre sur la Russie, son bagage littéraire se compose entre autres choses, de Vendeurs de bonne aventure et d’un ouvrage Les Tricheurs, dans lequel il dévoile toutes les ruses des « Grecs » et met le public en garde contre leurs manœuvres. De tout temps du reste, il employa son adresse à paralyser celle de ceux qui en font un peu délicat usage et nombreux sont les juges d’instruction qui lui durent de précieux « tuyaux » dans l’instruction d’affaires de ce genre.
Du livre Les Vendeurs de bonne aventure se dégage l’impression que de Caston était un penseur, et un coeur sensible. Il y met à nu certaine plaies de la société de son temps, plaies qui subsistent encore de nos jours, et démasque les exploiteurs du peuple et des naïfs. Joignant, chose rare, la modestie au talent, il ne parle que fort peu de lui dans ses ouvrages.
A lire :
– Sur les traces du père du mentalisme moderne : Alfred de Caston et le nombre fatidique de Frédéric Tabet et Pierre Taillefer (Revue de la Prestidigitation n°611, janvier-février 2016).
Crédits photos – Documents – Copyrights : Collection Didier Morax et Akyna / Collection S. Bazou. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.