« Demandez à Alexander (Ask Alexander) tout ce qui peut vous préoccuper, posez-lui des questions concernant votre femme, votre amoureux, votre mari, votre chéri, qu’est-ce qui est vrai et qu’est-ce qui est faux, avec qui vous allez vous marier, et quand ? Quelles sont les meilleures affaires ? Devriez-vous acheter, vendre ou hypothéquer ? Où se trouvent vos parents, vos amis ? Quelles sont vos perspectives financières ? Avez-vous de la chance ? Alexander répondra à toutes les questions. Ecrivez simplement chez vous, cachetez comme vous en avez envie, apportez au théâtre votre lettre et on vous répondra directement, d’une façon compréhensible. »
Claude Alexander Conlin en 1915, juste avant sa transformation en « mage ».
Claude Alexander Conlin alias Alexander.
C’est ainsi que le « Great Alexander » annonçait ses dons de prophète et de sorcier, et c’est ainsi qu’il attirait les foules cherchant des solutions miracles à leurs vieux problèmes. Avant ses spectacles, des colonnes de questions et de réponses emplissaient les journaux locaux et elles attirèrent de nombreuses interrogations. On a estimé qu’Alexander a gagné plus d’un million de dollars avec son personnage « d’Homme qui sait ».
Comme la plupart des télépathes, Alexander commence sa carrière comme magicien. Lorsqu’il découvre que le public réagit favorablement à sa faculté de répondre à des questions sur leur vie, il range ses illusions au placard et devient mentaliste à plein temps développant tout un programme publicitaire autour de son personnage de sorcier oriental. Le turban à aigrette, le costume et le maquillage d’Alexander masquaient le fait qu’il était né dans le Dakota du Sud.
Alexander fut une vedette du music-hall au début du XXe siècle jusque dans les années 1930. Son programme ne disait pas toute la vérité. Durant la première moitié de chaque représentation, il réalisait des numéros standards de prestidigitation : il attrapait un poisson rouge dans les airs, il faisait apparaître des foulards de soie et disparaître des cannes, montait des cartes et des anneaux dans des boîtes. Il réalisa des « peintures spirites » et renforçait son spectacle avec des danses orientales exécutées par sa femme, Lillian Marlon, et par les jumelles Nartell. Dans la seconde partie de son spectacle, il répondait aux questions des spectateurs sur leur passé, leur présent et leur futur à l’aide d’une boule de cristal et résolvait les problèmes de ses admirateurs angoissés. Il vendait ensuite des boules de cristal et donnait des séances privées de lecture de pensée, le tout lui rapportant énormément d’argent !
En 1921, le magnat Alexander Pantages lui offrit 100 000 dollars pour se produire dans sa chaine de théâtres pendant 20 semaines.
Pourtant, tout le monde ne croyait pas ce qu’il disait, et il y eut de nombreux incidents, qui ne montrèrent pas Alexander sous son meilleur jour. En 1925, The Internal Revenue Service lui réclama 130 000 dollars de taxes, bien qu’il ait prétendu avoir perdu des centaines de milliers de dollars en affaires. En 1930, à Atlanta, les autorités se demandèrent par quel moyen il avait « résolu » le cas d’un hôpital local (il s’agissait d’une confusion entre deux bébés). Malgré ces affaires, il continua ses représentations, gagnant 3000 dollars par semaine avec son spectacle, et bien davantage avec les conseils personnels qu’il donnait aux gens solitaires et soucieux.
Alexander prend sa retraite en Californie en 1927, à l’âge de 47 ans, après avoir amassé une immense fortune. Son matériel brûla dans l’incendie du Burtes Theatre à Davenport (Iowa). Il écrivit un excellent livre sur le mentalisme, The Life and Mysteries of the Celebrated Dr. Q (1921). Il meurt à Seattle (Washington) le 23 juillet 1954, lors d’un voyage.
À lire :
- Life and time of Alexander de Darryl Beckmann (Éditions Rolling Bay Press, 1994)
- Alexander The man who knows de David Charvet (Éditions Mike Caveney’s Magic Words, 2004)
Cet article a été publié pour la première fois dans le MAGICUS magazine n°206 (juillet-août 2017). Crédits photos – Documents – Copyrights : Collection S. Bazou et State Library Victoria. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.