A quand remonte votre premier déclic pour la magie ?
J’avais 10-12 ans quand j’ai vu à la télé un magicien. Tout cela est très flou dans mes souvenirs aujourd’hui, mais je me souviens que j’étais impressionné. L’élégance de cet homme, seul sur une scène, ses gestes, son sourire, sa conviction, les couleurs des foulards, les accessoires, tout ce qui a contribué à une atmosphère magique a réveillé en moi quelque chose de puissant et, peut-être, pas inconnu…
Quand avez-vous franchi le premier pas et comment avez-vous appris ?
J’ai trouvé un petit livre de mes parents avec des explications de tours classiques. Je le lisais tout le temps. J’ai fabriqué moi même le matériel décrit dans ce livre et j’ai organisé des spectacles devant ma famille.
Quelques années plus tard, mon esprit était traversé par une pensée et une certitude : « Je vais devenir un magicien professionnel ! » Tout le monde acceptait cette déclaration avec sourire. C’est normal, j’avais peut-être 14 ans. Je suis devenu toujours plus passionné et je me suis inscrit comme élève près d’un magicien professionnel. Un rêve, devenu réalité ! Je me suis acheté aussi des très bons livres américains sur la magie, ce qui m’a obligé à apprendre l’anglais.
A l’âge de 19 ans j’ai été accepté à l’Académie Nationale de Théâtre et Cinéma de Sofia (ma ville natale et capitale de la Bulgarie) pour des études supérieures de 4 ans. J’ai étudié l’art dramatique, la pantomime, l’histoire des arts, la parole scénique etc. Quelle belle époque !
Quels sont les personnes ou les opportunités qui vous ont aidés. A l’inverse, un évènement vous a t-il freiné ?
Mes parents voulaient un fils avec un métier « sérieux » – avocat, économiste, ou ingénieur… Je les comprend car avec des métiers comme ça on a une sécurité. Mais le destin en a décidé autrement. J’ai suivi mon intuition, je suis allé là où je me sentais heureux et satisfait. Il faut toujours écouter la voix de son âme.
Dans quelles conditions présentez-vous vos tours ?
Aujourd’hui, j’ai près de 15 ans d’expérience sur scène ou en close-up. J’ai travaillé dans toutes les conditions : dans des discothèques obscures, sur des scènes ouvertes balayées par le vent, et même sur un avion en plein vol ! Je connais les problèmes et les difficultés pour un magicien. Alors dans le One Man Show avec lequel je voyage actuellement j’ai intégré des effets qui ne demandent pas des conditions idéales (un éclairage sophistiqué, par exemple). Tout le matériel est démontable. Comme ça, je peut voyager léger et m’adapter à presque n’importe quelle salle. Si, bien sûr je travaille dans un théâtre, je rajoute quelques effets plus spéciaux.
Quels sont les styles de magie qui vous attirent ?
J’aime la magie belle, sensée, poétique et symbolique. Je suis un symboliste dans la magie. Nous travaillons avec des symboles éternels (un livre, une bougie, une rose, etc.) et nous n’en sommes pas toujours conscients. J’aime également beaucoup la magie comique, mais pas vulgaire.
Quels sont les prestations de magiciens qui vous ont marqués ?
Mes magiciens préférés sont : David Copperfield, pour son charisme et son aura, Jeff McBride, comme un des artistes les plus éveillé et talentueux, Jay Scott Berry, pour sa présence et l’ambiance qu’il crée, Elisabeth Amato, pour sa sagesse et sa lumière, James Hodges, pour son originalité et son dévouement, Alexandra Duvivier, pour sa douceur et la qualité de son travail.
Citez un ou deux tours qui vous viennent à l’esprit comme les plus beaux à regarder, puis les plus beaux à pratiquer
Dans la magie, nous devons travailler comme les artistes des autres arts. Tout commence par une idée, une inspiration, une émotion, que nous voulons exprimer. Et si on est vraiment dans l’inspiration, on trouve facilement les effets nécessaires pour le faire. J’adore les lévitations. J’en ai plusieurs dans mon spectacle.
Quel chemin conseiller à un magicien débutant ?
Pour le jeunes magiciens il y a de plus en plus du matériel – des DVD, des livres, des tours. Je conseille de lire beaucoup, tout est dans les livres. Qu’ils écoute leur inspiration intérieure et de ne pas se laisser influencer par des « modes ». Le vrai artiste est branché avec la Source, il ne vit pas à la périphérie… Nous avons besoin de nouveaux magiciens, mais des magiciens conscients, qui apportent quelque chose de nouveau et de positif dans notre art et dans le monde.
Comment avez-vous été initié ? Faites vous une différence entre un montreur de tour et un artiste qui touche le cœur des gens ?
Bien sur. Il y a une loi qui dit que on ne peut pas faire rêver les gens si nous mêmes on est pas rêveur. D’être rêveur, c’est d’avoir un monde intérieur développé, un monde de splendeur et de poésie. Victor Hugo dit : « Le poète est un monde, enfermé dans un homme. » Les gens viennent auprès de nous pour chercher une nourriture dont il trouvent difficilement dans le monde.
Dans le monde il y a la violence, les guerres, le terrorisme, le stress, les peurs, les inquiétudes, etc. Si les gens viennent chez nous pour trouver la même chose, à quoi sert notre art ? Combien de grandes illusions sont basées sur la violence, combien de magiciens nous présentent des numéros ternes, noirs, presque diaboliques. Le monde n’a pas besoin de plus de noirceur. Alors, si nous pouvons, avec notre art, apporter un peu de joie, de beauté et de poésie aux spectateurs, nous pouvons être fiers de nous mêmes.
Quel regard portez vous sur la magie actuelle ?
Si nous voulons crée quelque chose de valorisant, d’utile et d’éternel, nous devons nous tourner vers le passé, vers ces artistes du passé qui nous ont laissé tant de chefs-d’oeuvre. Comment travaillent-ils ? Quels étaient les sujets et les thèmes de leurs créations ? Comment vivaient-ils ? Nous pouvons tirer des conclusions surprenantes.
Nous sommes des artistes et nous pouvons influencer beaucoup de monde. C’est pour cela que nous avons beaucoup de responsabilité. Dans l’avenir, il y aura des nouveaux magiciens, qui travailleront avec plus de conscience et plus d’amour.
– Interview réalisée en juin 2006.
A visiter :
– Le site de Alex Goldfire.
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