Vingt-cinquième édition des Boréales
C’est le plus important festival dédié à la culture des cinq pays scandinaves, des pays baltes, du Groenland et des îles Féroé. Fondées en 1992 par deux universitaires, Lena Christensen et Éric Eydoux, puis organisées par le Centre régional des Lettres de Basse-Normandie, Les Boréales ont, depuis longtemps maintenant, une riche programmation : pièces de théâtre, lectures, danse, cirque, performances, concerts, cinéma et vidéo, expositions, durant quinze jours à Caen, et dans la région de Basse-Normandie.
Au programme de ce festival, deux expositions dans la remarquable Abbaye aux dames, fondée au XI ème siècle par Mathilde, épouse de Guillaume le Conquérant qui, lui, fonda l’Abbaye aux Hommes. L’Abbaye aux dames (18ème siècle) abrite aujourd’hui le siège de la Région Basse-Normandie.
Jour de deuil national
C’était samedi dernier, jour de deuil mais la salle du Théâtre d’Hérouville était quand même presque pleine. Marcial di Fonzo Bo, le nouveau directeur de la Comédie de Caen, a salué la mémoire des victimes du carnage de la veille : « Nous voulons associer notre douleur et notre colère aux familles et amis des victimes des attentats de la nuit dernière, et partager avec vous un court extrait de l’article d’Edwy Plenel paru hier dans la presse » :
Vendredi 13 novembre, toute une société fut la cible du terrorisme : notre société, notre France, faite de diversité et de pluralité, de rencontres et de mélanges. C’est cette société ouverte que la terreur voudrait fermer ; la faire taire par la peur, la faire disparaître sous l’horreur. Et c’est elle qu’il nous faut défendre car elle est notre plus sûre et plus durable protection.
Parce qu’ils ne visaient pas des lieux manifestement symboliques, comme lors des attentats de janvier, il s’est dit que les terroristes auteurs des carnages parisiens n’avaient pas de cible. C’est faux : armés par une idéologie totalitaire, dont le discours religieux sert d’argument pour tuer toute pluralité, effacer toute diversité, nier toute individualité, ils avaient pour mission d’effrayer une société qui incarne la promesse inverse.
Aussi douloureux qu’il soit, il nous faut faire l’effort de saisir la part de rationalité du terrorisme. Pour mieux le combattre, pour ne pas tomber dans son piège, pour ne jamais lui donner raison, par inconscience ou par aveuglement. La société que les tueurs voudraient fermer, nous en défendons l’ouverture, plus que jamais. La programmation d’aujourd’hui, et tout au long de la saison la Comédie de Caen, défend cette ouverture.
Nous vous remercions de votre présence qui confirme cette ouverture et cette pluralité. Au nom de toute l’équipe de la Comédie de Caen. Merci.
Lähtö (départ), écriture collective de la compagnie WHS, direction de Kalle Nio.
Sur le plateau, rien d’autre qu’un grand rideau gris qui enveloppe aussi une table où sont assis une femme et un homme, dont on comprend vite qu’ils ont une relation compliquée. Dans un silence total, lui pique des morceaux d’aliment dans une assiette blanche, et elle sert du vin mais la bouteille est vide et on n’entend seulement que le vin qui coule. La scène se répète huit fois de façon identique et elle sort de table à chaque fois pour aller voir la mer dont-on aperçoit les vagues sur la plage dans une ouverture du rideau…
« Les sentiments, et les pensées sont exprimés à travers le mouvement de leurs corps et des vêtements, qui ont une vie qui leur est propre. La pièce reprend des thèmes abordés dans les films de Michelangelo Antonioni et les histoires courtes d’Hanif Kureishi, et questionne les possibilités de considérer une personne encore et toujours comme un étranger. L’absurdité et les malentendus dans les relations sont mis en avant, les acteurs communiquent à travers les transformations des vêtements ». Kalle Nio.
Avec de la magie dans l’air, comme ce manteau qu’il enfile mais le magicien Kalle Hakkarainen a quatre bras et mains, ce qui ne lui facilite pas les choses. Il y a aussi un moment fabuleux où il tente en vain de repasser une chemise qui se révolte constamment comme un objet indomptable, ou encore un jeu incompréhensible de grandes plaques de verre volant en l’air et que fait virevolter la danseuse Vera Selene Tegelman…
Ces mouvements, aussi magnifiques que poétiques, des vêtements et objets, est obtenu avec des techniques de magie traditionnelle, mais aussi grâce à des capteurs électroniques et des créations vidéo, comme ces rideaux très plissés, à la fois filmés et réels qui se déplient sans cesse. Avec une interrogation chez le spectateur sur le virtuel et la réalité, accompagnée par une musique onirique de Samuli Kosminen. C’est fascinant aux meilleurs moments mais voilà : même si le spectacle ne dure que soixante-cinq minutes, il est, disons, précis mais bien mal foutu, avec de nombreuses longueurs inutiles.
« Aujourd’hui, on fait du neuf en utilisant toutes les possibilités que nous offrent la scène et les équipements de théâtre pour créer des illusions qui parlent de la vie et qui replacent la magie à la pointe des arts scéniques. La magie nouvelle, c’est tout ce qui fait de la magie une forme d’expression pertinente et contemporaine ». Kalle Nio. Sans doute, le théâtre et la magie ont souvent fait bon ménage mais le scénario de Lähtö piétine et peine à s’imposer, ce qui finit par plomber le spectacle. Dommage…
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