Conception et mise en scène : Mathieu Enderlin. Interprétation : Mathieu Enderlin , Thomas Cordeiro et Laure Lefort. Scénographie : Cerise Guyon.
Trois artistes nous entraînent dans l’univers de Georges Lafaye, l’inventeur du théâtre noir qui a révolutionné les arts européens de la marionnette et du théâtre d’objets dans les années cinquante. Les manipulateurs cagoulés, gantés et vêtus de noir, sont invisibles : seules les figures animées apparaissent dans un rai de lumière. Aujourd’hui oublié, le théâtre noir a influencé bien des créateurs, en particulier le Tchèque Jiří Srnec qui a fondé le fameux théâtre noir de Prague en 1961 mais aussi un peu plus tard le grand Philippe Genty.
Georges Lafaye avait fondé un « théâtre d’animation » abstrait, comme en témoigne le fonds qu’il a légué à la Bibliothèque Nationale de France. Mathieu Enderlin explore cet héritage et tente d’en retrouver l’esprit: « On n’allait pas prendre ses marionnettes mais en retenir quelques éléments comme les boîtes, gants et lettres, et reconstituer la boîte noire du théâtre : un gouffre où on plonge pour en faire émerger quelques chose. »
Une rampe d’ampoules, une servante, des cadres lumineux et des lettres phosphorescentes qui se baladent dans l’obscurité, constituent l’univers de TRACE.S. Du noir profond où sont immergés les manipulateurs, au risque de se cogner partout, naissent des formes géométriques. Lignes, triangles, points et caractères typographiques réalisent un ballet lumineux. Des mots noirs flottent sur des écrans blancs, des figures longilignes fluorescentes dansent, avant d’être avalées par la nuit… Un monde virtuel surgit devant nous avec des moyens artisanaux qui se dévoilent de temps à autre, pour bien montrer qu’il y a de l’humain derrière ces illusions.
« On essaye, dit Mathieu Enderlin, d’être dans l’expérimentation, comme Georges Lafaye qui avait renoncé à la médecine pour se tourner vers les arts plastiques et cinétiques ». Le metteur en scène a conçu ce spectacle avec de jeunes marionnettistes stagiaires au Théâtre aux Mains Nues où il enseigne. Avec Thomas Cordeiro et Laure Lefort, il va pendant une heure donner vie à cette fantasmagorie poétique qui, fraîchement sortie de sa boîte noire, ne tardera pas à trouver son rythme de croisière…
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Article de Mireille Davidovici. Source : Théâtre du Blog. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Jean-Yves Lacôte, Cie Théâtre aux Mains Nues. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayant droits, et dans ce cas seraient retirés.