Comment avez-vous commencé la création de costumes et la scénographie ? À quand remonte votre premier déclic ?
J’ai commencé la création de costumes et la scénographie après avoir travaillé quelques années dans un atelier de décoration qui s’appelait La Décoration du Costume (spécialisé dans la décoration de costumes, les peintures et les broderies), il y a de cela bien longtemps. J’ai eu la chance de rencontrer Jean Le Poulain qui m’a ouvert les portes du théâtre en me confiant ma première grande création (auparavant j’avais déjà eu des petits spectacles dans des cafés-théâtres). L’élaboration des costumes de l’oeuvre Le Marchand de Venise fut un succès qui lança ma carrière. Concernant le music-hall, la rencontre avec Jean-Marie Rivière a été extraordinaire, car il m’a confié l’invention des costumes d’un nouveau cabaret qui s’ouvrait à Paris : Le Paradis Latin. Ce fut également un grand succès et le départ vers d’autres grands spectacles…
Quand avez-vous franchi le premier pas dans cet art du textile et comment avez-vous appris ?
Je n’ai pas fait d’écoles particulières pour connaître les textiles, j’ai appris à connaître les tissus dès que j’ai commencé à fréquenter les ateliers de costumes spécialisés pour les spectacles.
Avez-vous un souvenir de votre première expérience avec l’art magique ? Quel a été votre processus créatif pour les costumes des illusionnistes du dernier spectacle Arlette Gruss ?
Oui, j’ai un excellent souvenir de spectacle relatif à la magie, car j’ai créé les costumes pour Le Cabaret à Monte-Carlo pendant huit ans et le spectacle était souvent dédié à la magie. Je savais que les danseuses qui étaient également partenaires des magiciens devaient avoir des costumes très souples de manière à pouvoir se mouvoir avec aisance et facilité. D’ailleurs, je n’ai jamais voulu connaître « les procédés magiques », je préférais garder les surprises et mon émerveillement ! J’ai également participé au spectacle Carré Magique avec Gérard Majax au Carré Sylvia Monfort. Gérard, qui du reste est devenu un grand ami.
Actuellement en séjour en Inde, les tenues traditionnelles tels que le Sherwani et le Kurta sont-elles une source d’inspiration pour « designer » vos costumes ?
Effectivement, je pense que mon long séjour de six mois en Inde doit m’influencer sur les couleurs et mon graphisme, beaucoup de personnes me l’on fait remarquer lors de mon avant-dernière exposition Oiseaux Imaginaires et maquettes de costumes de scène à la Galerie-Espace Le Marais à Paris en mai 2022.
Quels sont vos domaines de prédilection dans la création de costumes et la scénographie (et en magie aussi) ? Dans quelles conditions travaillez-vous ? Parlez-nous de vos créations, spectacles, numéros (notamment magiques) ?
Mes domaines de prédilection sont avant tout l’opéra et le music-hall. Mais je dois avouer que j’ai eu la chance extraordinaire dans ma carrière de faire également des créations pour la danse, les spectacles sur glace, les cirques, et les spectacles de magie avec Gérard Majax et Jidinis.
Avez-vous des artistes créateurs de costumes qui vous inspire ?
Au début de ma carrière je reconnais avoir été très influencé par le grand créateur Erté, puis mon dessin a évolué allant vers une plus grande précision.
Comment est né l’ouvrage collaboratif Animalus Hybridus avec Sylvain Gary ? Quelles ont été les différentes étapes qui ont jalonné l’illustration de votre livre ?
Animalus Hybridus est une aventure nouvelle pour moi. Je connaissais bien Sylvain Gary qui est un ami depuis longtemps. Il est venu voir mon exposition Oiseaux Imaginaires et maquettes de costumes de scène qu’il a beaucoup aimé. Il m’a également parlé de son livre, de ses textes que j’ai lu et qui nécessitaient des dessins. Il m’a proposé alors d’en faire les illustrations, j’étais un peu décontenancé car je n’avais jamais illustré un livre. Sylvain m’a convaincu, j’ai demandé à faire un premier dessin qui lui a plu ainsi qu’à Georges Proust qui a édité le livre. Tout au long de mon travail je faisais valider chaque animal. J’y ai pris beaucoup de plaisir et cela m’a permis de mieux connaître la vie de ces animaux en faisant des recherches sur chacun.
Avez-vous pour habitude de travailler sur un papier/support particulier ? Utilisez-vous également un crayon spécifique comme le fusain ?
En général, je dessine sur du papier Canson aquarelle avec des crayons de papier plus ou moins gras. Concernant le livre, tous les animaux sont peints à l’encre de Chine avec quelques petites touches de gouache.
D’ailleurs, le célèbre bestiaire de la mythologie grec a-t-il eu une influence dans votre processus créatif ? Quelles ont été vos principales inspirations pour votre livre ?
Non, je ne pense pas que cela ait eu une influence dans mes créations. Il s’agissait de créer des animaux hybrides mais surtout que les « deux moitiés » soient tout de suite reconnaissables et réalistes dans une ébauche de mise en scène correspondant au texte. C’est comme cela que je l’ai « senti » et l’auteur était tout à fait d’accord avec moi. Ce qui m’a passionné également c’est d’aller me documenter sur les animaux, cela m’a permis de mieux les connaître.
À qui s’adresse Animalus Hybridus ?
Je pense que ce livre doit s’adresser en particulier aux enfants et même peut-être laisser une part de rêve aux adultes.
Êtes-vous également féru de magie ?
Oui, j’aime beaucoup les spectacles de magie, mais je veux en garder tous ses mystères. J’ai une grande admiration pour les magiciens et leur habilité, pour moi cela reste toujours un émerveillement.
Aviez-vous déjà illustré des ouvrages de magie auparavant ?
Non, je n’avais encore jamais illustré un ouvrage de magie auparavant mais si on me le proposait de nouveau, je n’hésiterai pas !
À lire :
Interview réalisée en février 2024. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Fabrice Vallon et Roberto Rosello. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.