Opéra de Christoph Willibald Gluck. Mise en scène et décors : Aurélien Bory. Direction musicale : Raphaël Pichon. Décors : Pierre Dequivre. Costumes : Manuela Agnesini.
Devant cette version du mythe d’Orphée, remaniée par Hector Berlioz en 1859, nous nous souvenons du sublime spectacle de Pina Bausch à l’Opéra Garnier où le héros tente de ramener Eurydice des enfers. Pour Aurélien Bory, Pina Bausch est une référence : « Pina Bausch a été très importante dans mon parcours et reste, à mes yeux, une artiste majeure de la seconde moitié du XXe siècle, qui a totalement renouvelé notre rapport à la scène théâtrale ». Le metteur en scène s’est engagé dans cette aventure à la demande de Raphaël Pichon qui assure la direction musicale de l’œuvre et d’Olivier Mantei directeur de l’Opéra-Comique : « J’aborde le théâtre comme un art de l’espace ».
A chacune de ses créations, Aurélien Bory change les repères habituels de la scène comme avec Plexus ou Espæce. Pour cet Opéra dont la deuxième partie se situe dans le monde des morts, il utilise une technique d’illusion datant de la fin du XlXe siècle : le Pepper’s Ghost. Un cadre de 12 mètres de haut et 9 mètres de large, suspendu aux quatre coins du grill et tendu d’une toile en plastique : suivant son angulation elle peut être transparente ou réfléchissante reflétant alors la salle, la fosse d’orchestre avec les musiciens de l’Ensemble Pygmalion, les cintres ou le plateau.
Pendant la première partie, l’image d’une toile peinte de Jean-Baptiste Camille Corot, datant de 1861 qui s’étale au sol surprend. Elle représente Orphée ramenant Eurydice des Enfers. Le tableau ainsi que les interprètes présents se reflètent en fond de scène. Un bel effet, surtout quand Orphée plonge dans les enfers comme dans un siphon sans issue ! Pour Aurélien Bory : « Ce dispositif optique, qui retourne l’image qu’il reflète, peut évoquer, par sa surface tantôt transparente tantôt reflet, la séparation ténue entre le monde des vivants et des morts. Il crée littéralement sur le plateau un au-delà, non seulement par l’image, mais aussi par l’acoustique, puisque son empreinte crée un éloignement ». Les voix des chanteurs se trouvent ainsi modifiées suivant leurs positions.
Aux trois rôles principaux : Orphée (Marianne Crebassa), Eurydice (Hélène Guilmette) et Amour (Lea Dessandre), se joignent les membres du chœur. Des danseurs et des artistes circassiens se mêlent aux chanteurs de cet ensemble. Ainsi le metteur en scène donne à ce groupe un corps matériel différent par sa mobilité inhabituelle. Là encore Aurélien Bory bouscule avec bonheur les repères de la scène, résultat d’une direction de jeu précis.
A voir :
– Une interview d’Aurélien Bory à propos du spectacle.
A lire :
– Plan B.
Article de Jean Couturier. Source : Le Théâtre du Blog. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Pierre Grobois et Stefan Brion – Opéra Comique. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.