D’après la partition de Thierry de Mey. Conception et interprétation : Éléonore Auzou-Connes, Emma Liégeois & Romain Pageard. Collaboration artistique : Claire-Ingrid Cotanceau & Thomas Pondevie. Scénographie : Jean-Pierre Girault. Création lumière et son : Auréliane Pazzaglia. Régie lumière et son : Mona Guillerot / Thierry Laille.
Développé à partir de la pièce éponyme en sept minutes pour trois percussionnistes sur table, créée en 1987, ce spectacle tient autant de la performance musicale que théâtrale. Les acteurs l’ont découverte quand ils étaient encore élèves à l’école du Théâtre National de Strasbourg. Séduits par son potentiel scénique, alors qu’ils n’étaient pas musiciens, ils l’ont traduite en gestuelles, rythmiques et images. Résultat : un fascinant trio à six mains. Thierry de Mey, compositeur, entre autres, pour les chorégraphes Anne Teresa de Keersmaeker et Michèle Anne de Mey, a inventé une notation spécifique avec dix-neuf façons de taper sur la table pour créer différents sons, donc autant de positions de mains codifiées dans un répertoire de symboles. « Au point de rencontre entre musique et danse, dit-il, le geste importe autant que le son produit. »
Ici, blanches, noires, croches, triolets et autres rythmes alternent avec des résonances mates ou aigües, selon que l’on frappe le bois, de la paume, du bout des doigts, que l’on claque des mains, ou que l’on passe le tranchant d’une main sur la surface lisse… Les artistes ont imaginé une série de jeux de scène, sur les planches et dans l’espace, sous des éclairages rasants qui font surgir de l’ombre leurs bras ou leur tête. Dans la première partie, chacun cherche son style, le confronte à celui des autres, défie leur regard dans une rivalité ludique. Puis ils se mettent à l’unisson : les bras se croisent et les mains se baladent, comme de petits monstres à cinq pattes sans qu’on sache laquelle appartient à qui. Un étrange ballet sonore et visuel semblant émaner d’un corps à trois têtes et six bras et trente doigts. Comme les danseurs, leurs doigts sont habillés des sparadraps blancs protecteurs : le bois est dur et les articulations, fragiles… Musique sur tables, un petit bijou de cinquante minutes de virtuosité et d’humour, créé au Théâtre National de Strasbourg, est promis à une belle carrière.
Article de Mireille Davidovici. Source : Théâtre du Blog. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Raoul Gilibert et Jean-Louis Fernandez – La Pop. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.