Conception et chorégraphie : Jasmine Morand. Scénographie : Neda Loncarevic. Lumière : Rainer Ludwig. Musique originale : Dragos Tara. Costumes : Toni Teixeira. Composition musicale : Dragos Tara. Direction technique : Cécile Robin. Régie technique : Louis Riondel, Sebastien Graz. Avec (en alternance) : Amaury Reot, Anne-Charlotte Hubert, Eléonore Heiniger, Fabio Bergamaschi, Ismael Oiartzabal,Krassen Krastev, Louis Bourel, Luisa Schöfer, Nicolas Turicchia, Valentine Paley.
La chorégraphe suisse nous avait captivés l’an dernier avec les jeux d’optique dans Lumen, au théâtre des Abbesses. Ici, elle nous invite à nous allonger et, dans un miroir géant tendu au plafond, à contempler des images kaléidoscopiques, reflets de huit danseurs évoluant dans un cylindre cloisonné, avec autour, le public… Une boîte magique ressemblant à un zootrope, l’ancêtre du cinéma où les interprètes réalisent des figures géométriques comme tracées aux compas. Ils tendent les bras, écartent les jambes, se vrillent, se superposent en une fascinante symétrie, dessinant cercles, rosaces, étoiles à multiples branches, ribambelles circulaires, mandalas… dans un mouvement permanent et hypnotique, sur la musique de Dragos Tara. Puis, crescendo, ils se livrent à des ébats ludiques, avec des poses animalières parfaitement synchronisés, ce qui amuse les enfants. Couchés en épis autour du plateau et bercés par cette danse éthérée, nous entendons en même temps les pas résonner derrière nous. Les vibrations engendrées par le poids des corps nous tirent parfois de notre rêverie aérienne. Nous pouvons aussi, en nous retournant, entrevoir par intermittence, les danseurs par des interstices laissés dans la paroi cylindrique. Un défilement cinétique rappelle les images du photographe Eadweard Muybridge (1830-1904) décomposant le mouvement pour étudier la locomotion animale et humaine.
Mirkids (Mir comme miroir, kids comme enfants), version jeune public de Mire (2016) a été réalisé à partir d’une nouvelle bande sonore. Le compositeur s’est tourné vers une musique écrite pour, et par les enfants, à partir d’ateliers autour d’images comme des mosaïques, mandalas, vitraux… Sont ainsi nés des fragments de partition ensuite interprétés par le cours de clarinette au Conservatoire de Vevey (Suisse). Ces instruments couvrant une large palette de tessitures, textures et dynamiques. Les costumes qui épousent les anatomies, se sont teintés de dégradés roses et bleus pastel, donnent de la douceur à cette fresque animée, dans les lumières contrastées de Rainer Ludwig. Pour composer sa pièce, la chorégraphe a eu recours à un jeu de miroirs, une glace au sol reflétant à son tour les images projetées au plafond. Une technique apprise d’une amie marionnettiste, explique-t-elle. Après quinze ans de travaux chorégraphiques avec la compagnie Prototype Status, Jasmine Morand a éprouvé le besoin de s’adresser à un autre public : « La création pour les enfants apparait aujourd’hui comme une évidence dans mon parcours artistique ! ». Elle leur offre ici une belle aventure poétique, avec cette pause de trois quart d’heure pour oublier les bruits et le stress urbains. Il faut aussi aller voir Mire fonctionnant selon le même principe…
Article de Mireille Davidovici. Source : Théâtre du Blog. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : LUMEN – Prototype Statue/Cie Jasmine Morand – Céline Michel. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.