Concept, chorégraphie : Jasmine Morand. Scénographie : Neda Loncarevic. Musique : Dragos Tara. Lumière : Rainer Ludwig. Costumes : Toni Teixeira. Construction : Atelier Midi XII. Danse et collaboration chorégraphique : Elodie Aubonney, Fabio Bergamaschi, Sarah Bucher, Claire Dessimoz, Eléonore Heiniger, Krassen Krastev, Ismael Oiartzabal, Valentine Paley, Angela Rabaglio, Simon Ramseier, Amaury Reot, Luisa Schöfer, Marco Volta.
Nous avons découvert cette chorégraphe à la Swiss Dance Week avec un solo intense, Aria. Ici, treize danseurs se déploient dans le noir avant d’arriver progressivement vers la lumière. D’abord un magma chaotique grouillant… En émergent à la lueur de projecteurs latéraux, un bras, une jambe, un torse… On les dirait en perdition, oscillant sur un radeau et dans le fracas persistant de la musique de Dragos Tara et on croit entendre le vent, la mer, une avalanche, un tremblement de terre…
« Lumen, dit Jasmine Morand, est né d’une promesse intime de mon enfance, où comme une évidence, j’avais saisi que l’obscurité gardait pour elle la beauté du monde. » L’artiste explore cet espace et son écriture, à la manière d’une broderie. Elle joue de textures et volumes qui se forment et se résorbent, et utilise les règles de l’optique pour construire une sorte de lanterne magique où dansent des ombres. La scène, modulable et inclinable en différents plans et hauteurs, se reflète dans le miroir lui aussi incliné pour une lecture frontale des images projetées.
Dans cette traversée de l’ombre, à l’éblouissement, du noir au blanc, chaque spectateur, entre ce qu’il imagine et ce qui se laisse voir, aura projeté ses rêveries sur ces images mouvantes. Lumen (lumière en latin) désigne l’unité du flux lumineux mais on pourrait aussi entendre phonétiquement, « l’humaine » condition. La pièce qui prend racine dans l’obscurité, nous raconte une humanité au bord du monde et s’agrippant pour ne pas sombrer. Puis dans un effet de bascule, les danseurs vont sortir de leur reflet illusoire, de cette caverne platonicienne qu’on croirait le vrai monde, pour devenir des corps réels en plein jour. Lumen peut fasciner autant que lasser, mais il faut reconnaître l’habile et singulier tissage de Jasmine Morand. Une artiste à suivre.
Article de Mireille Davidovici. Source : Théâtre du Blog. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : LUMEN – Prototype Statue/Cie Jasmine Morand – Céline Michel, Grégory Batardon et Michael Gabrielle. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.