Opéra-féérie en quatre actes de Jacques Offenbach. Direction musicale : Alexandra Cravero. Mise en scène : Laurent Pelly. Reprise de la mise en scène : Héloïse Sérazin. Avec : Franck Leguérinel, Arthur Roussel, Ludmilla Bouakkaz, Mateo Vincent-Denoble, Enzo Bishop, Violette Clapeyron, Rachel Masclet, Micha Calvez-Richer, Salomé Baslé, Justine Chauzy Le Joly, Judith Gasnier, Airelle Groleau, Maxence Hermann, La Maîtrise Populaire de l’Opéra-Comique (Direction musicale – Sarah Koné). Orchestre : Les Frivolités Parisiennes.
Créé au Théâtre de la Gaîté-Lyrique en 1875, cette œuvre inspiré des romans de Jules Verne, De la Terre à la Lune et Au Centre de la Terre est une belle découverte. « Olivier Mantei et Sarah Koné ont voulu créer une vraie production lyrique pour les jeunes interprètes de la Maîtrise Populaire de l’Opéra-Comique, dit Laurent Pelly. Jacques Offenbach s’est rapidement imposé mais le choix était plus compliqué, les thèmes de ses œuvres n’étant souvent pas destinés à de jeunes interprètes… Le Voyage dans la Lune, cette féérie poétique, nous a semblé adaptée. »
Le roman paru en 1865 est d’une réelle prémonition poétique : « Toute l’étendue de la sphère céleste, fourmillant d’étoiles et constellations d’une pureté merveilleuse, à rendre fou un astronome. D’un côté, le Soleil, comme la gueule d’un four embrasé, disque éblouissant sans auréole, se détachant sur le fond noir du ciel. De l’autre, la Lune lui rejetant ses feux par réflexion, et comme immobile au milieu du monde stellaire. Puis, une tache assez forte, qui semblait trouer le firmament et que bordait encore un demi-liséré argenté : c’était la Terre. Çà et là, des nébuleuses massées comme de gros flocons d’une neige sidérale, et du zénith au nadir, un immense anneau formé d’une impalpable poussière d’astres, cette voie lactée, au milieu de laquelle le Soleil ne compte que pour une étoile de quatrième grandeur ».
Les jeunes artistes ont une présence impressionnante. Ils sont au premier acte, le peuple de la Terre sous le règne du Roi Vlan, puis les Sélénites, habitants de la Lune, costumés par Laurent Pelly qui semble avoir été inspiré par André Courrèges qui lança en 1964 une collection printemps-été : The Moon Girl…
Les Sélénites ne connaissent pas l’amour : il va leur être apporté grâce à des pommes d’amour par un curieux trio venu de la Terre. Au premier acte, le roi Vlan (excellent Franck Leguérinel), décide d’assouvir le caprice du prince Caprice (Arthur Roussel) : « Sur terre, tout m’importune, papa, je veux la Lune. » Cette terre, belle métaphore de notre époque, est remplie de déchets plastiques, (scénographie très réaliste de Barbara de Limburg.) Caprice est accompagné par son frère de lait, Microscope (Mateo Vincent-Denoble très juste en astronome). Comme dans le roman, propulsés par un canon, ils vont s’envoler pour la Lune. Au deuxième acte, Cosmos, le roi de la Lune, entouré par la reine Popotte et la princesse Fantasia, accueille les intrus.
Ici, les femmes sont employées comme ménagères ou sont des objets d’art ! Mais l’amour de Popotte et Microscope comme celui de Fantasia et Caprice, bouleverse l’ordre établi. Et au troisième acte, Cosmos vend sa fille au marché aux femmes… L’ordre de la Nature aussi est contrarié et au quatrième acte, une période de glaciation s’abat sur la Lune. Les Sélénites et les trois terriens se réfugient au creux d’un volcan et observent ensemble un magnifique lever de Terre. La musique d’Offenbach, légère et joyeuse, est interprétée par l’orchestre des Frivolités Parisiennes. Les solistes et le chœur de la Maîtrise Populaire de l’Opéra-Comique ont des voix d’une belle musicalité et la jeune Ludmilla Bouakkaz est la révélation vocale de cette féerie d’un autre siècle. Mise en scène efficace de Laurent Pelly, assisté par Agathe Mélinand.
Article de Jean Couturier. Source : Théâtre du Blog. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Stefan Brion – Opéra-Comique. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants-droit, et dans ce cas seraient retirés.