D’après William Shakespeare. Adaptation et mise en scène : Jean-Michel d’Hoop. Assistanat à la mise en scène : Lucile Vignolles. Avec : Ahmed Ayed, Adrien de Biasi, Soazig De Staercke, Yannick Duret, Emmanuël Hennebert, Amber Kemp, Héloïse Meire, Simon Wauters. Scénographie : Olivier Wiame assisté par Olivia Sprumont. Création lumières : Xavier Lauwers. Création sonore : Boris Gronemberger. Marionnettes et masques : Loïc Nebreda assisté par Isis Hauben, Maël Christyn et Ségolène Denis. Costumes : Camille Collin. Confection costumes : Cinzia Derom. Chorégraphie : Jérôme Louis. Construction décor : Vincent Rutten. Régie générale : Julie Bernaerts, Grégoire Tempels, Marc Defrise. Direction de production : Nathalie Kamoun. Création 2022.
Mise en scène le 15 juillet 1959 par Jean Vilar dans la cour d’honneur du Palais des papes, ensuite par Jérôme Savary en 1990 à la carrière Boulbon, la pièce est aujourd’hui montée par Jean-Michel d’Hopp avec sa compagnie belge. Le metteur en scène voit dans Le Songe, une pièce avec pour cadre, une forêt qui « permet aux personnages d’échapper momentanément à tout contrôle social, à la censure et aux interdits. Ainsi cette forêt de magie invite aussi à l’exploration des identités de genre fluctuantes et offre un espace de liberté loin du machisme qui sévit à la Cour d’Athènes. Et une espèce de refuge, un lieu en marge et un squat abritant des rêves-parties pour fêtards noctambules. »
La compagnie Point Zéro utilise des marionnettes portées et aussi le corps-marionnette où se confondent acteur et pantin offrant toutes les libertés. Les marionnettes et masques de Loïc Nebreda, en résine, latex, mousse, tissus et lycra, sont impressionnantes de vie et font corps avec les acteurs-manipulateurs. Avec une grande bouche, elles disent le texte avec une telle précision que l’on dirait des morceaux de bravoure improvisés par les manipulateurs. Mais ici, on retrouve bien le texte fou du grand dramaturge. Parfois les pantins se permettent une interaction humoristique avec leurs acteurs : qui manipule qui ? Et qui prend l’ascendant sur l’autre ? Ils ont une telle maîtrise qu’on en oublie leur présence. Sur un rythme rapide et coordonnés par de remarquables régisseurs, ils nous emportent dans cette nuit d’été pendant une heure quarante.
Nous entendons donc à nouveau l’admirable épilogue dit par Puck : « Si nous, les ombres que nous sommes, Nous avons un peu outragés, Dites-vous pour tout arranger. Que vous venez de faire un somme. Avec des rêves partagés. Ce thème faible et qui s’allonge. N’a d’autre rendement qu’un songe. Pardon, ne nous attrapez pas, Nous ferons mieux une autre fois, Aussi vrai que Puck est mon nom, Si cette chance nous avons. D’éviter vos coups de sifflet. Vite nous nous amenderons. Ou Puck n’est qu’un menteur fieffé. Sur ce, à vous tous bonne nuit, Que vos mains prennent leur essor. Si vraiment nous sommes amis. Robin réparera ses torts ».
Ces phrases magiques qui lient depuis à jamais ici les personnages-marionnettes et le public. Allez-vous perdre dans cette forêt de magie et prendre un bain de vie, vous ne le regretterez pas.
Article de Jean Couturier. Source : Théâtre du Blog. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Véronique Vercheval, Cie Point Zéro. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.