Mise en scène, chorégraphie : Raphaëlle Boitel. Collaboration artistique, scénographie, direction technique : Tristan Baudoin. Costumes : Justine De La Brosse. Régie générale : Thomas Delot. Régisseur cirque : Nicolas Lourdelle. Régie plateau et construction : Anthony Nicolas. Régie plateau : Pascal Sarkissian.
Après l’Opéra de Bordeaux en 2019, la cathédrale Saint-Front à Périgueux trois ans plus tard, les toits et terrasses du ministère de la Culture à Paris sont devenus une piste d’envol pour les quatorze artistes de cette création. « Il s’agit d’exploiter au mieux, dit Raphaëlle Boitel, les particularités d’un bâtiment dans un ballet acrobatique à ciel ouvert avec une référence au dépassement de soi et à la force de la solidarité. »
Elle quitte ici les jeux d’ombres et de lumières qui font le charme de La Chute des anges mais le plein jour lui convient aussi bien. Chaque scène et chaque mouvement sont imaginés à partir de cette architecture du XVIIe, et du XVIIIe siècle imaginée par Victor Louis, l’architecte de l’Opéra de Bordeaux (encore lui !). Pour achever ce terrain de jeu, sur la terrasse qui fait face au Conseil d’État, ont été dressées des colonnes noires. Et au fait du toit d’ardoises, trois mâts chinois tutoient le ciel à trente mètres du sol. Des agrès pour une demi-heure d’un ballet aérien, au-dessus de la place où Daniel Buren a installé en 1986 ses Deux plateaux, dits Les Colonnes.
Une cycliste extravagante se fraye un chemin en équilibre sur un vélo, parmi les spectateurs perchés sur les colonnes noires et blanches ou assis au sol. Elle va rejoindre la troupe de circassiens en escaladant la façade. « Ils ont pensé à tout, ironise-t-elle, sauf à mettre des escaliers ! » Avant de présenter les institutions qui dominent la place : Comédie-Française, Conseil d’État, ministère de la Culture, Conseil constitutionnel. Il est rare de voir du cirque dans ce respectable environnement et de pouvoir assister aux répétitions toute la semaine. Sur un pignon de la façade, un acrobate en équilibre sur les mains, dessine sur l’azur d’impressionnantes figures, avant de retrouver ses partenaires. Tous aussi élégants, en costume noir et chemise blanche : Fleuriane Cornet, Louis Davion, Valentin Dubois, Gaëtan Dubriont, Rémi Girard, Nabil Hadim, Antoine Henriques, Matthieu Le Gall, Nhât-Nam Lê, Yasmine Ouadi, Mohamed Rarhib, Vassiliki Rossillion, Marie Tribouilloy, Quentin Signori, nous éblouissent dans des courses-poursuites, sauts et chutes vertigineuses pour finir avec un trio au mât chinois, une chorégraphie ponctuée par des figures en drapeaux flottant à trente mètres du sol ! Ces monte-en-l’air circassiens ou « traceurs » du « parkour », une discipline sportive où on franchit des obstacles urbains ou naturels en courant, sautant, cascadant apportent un supplément de poésie à cette architecture austère et solennelle. La chorégraphie acrobatique, orchestrée sur un arrangement véloce des Quatre Saisons de Vivaldi, confirme le talent de Raphaëlle Boitel dont les spectacles en tournée sont à découvrir.
À lire :
Article de Mireille Davidovici. Source : Théâtre du Blog. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : © Pierre Planchenault / Sofian Ridel / Compagnie L’Oublié(e). Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.