Extrait de la revue L’Illusionniste, N° 10 d’octobre 1903
On sait que Robert-Houdin fut forcé par la Révolution de 1848 d’émigrer en Angleterre. Rentré en France en octobre l849, il reprit le cours de ses représentations, mais dès le début il s’aperçut que les séances qu’il donnait autrefois sans aucune fatigue, le jetaient maintenant dans un pénible accablement. Les veilles, les fatigues, l’incessante préoccupation des représentations et plus encore peut-être l’atmosphère brumeuse de la Grande Bretagne, avaient épuisé ses forces (1).
C’est alors qu’il se décida à former un élève. Un artiste d’un extérieur agréable et dont il connaissait l’intelligence, lui sembla remplir les conditions désirées. Le futur prestidigitateur montra de l’aptitude et un grand zèle pour les leçons du maître. Il fut en très peu de temps en état de préparer les expériences, puis il aida Robert-Houdin dans l’administration du théâtre, et lorsque vinrent les chaleurs de l’été, au lieu de faire relâche suivant l’habitude on continua d’annoncer le spectacle, seulement le nom de Robert-Houdin fut remplacé sur l’affiche par celui d’Hamilton.
Eu égard à son peu d’études, le nouveau magicien ne pouvait être très fort; mais il était convenable dans ses expériences et le public se montra satisfait. Enfin vers le mois de janvier 1852, jugeant Hamilton apte à lui succéder, Robert-Houdin se décida à lui céder son établissement, et pour que son théâtre, l’oeuvre de son travail, restât dans sa famille, on passa deux contrats : le même jour son élève devint son beau-frère et son successeur. Le théâtre Robert-Houdin avait été inauguré au Palais-Royal le 3 juillet 1845. En 1854, Hamilton, jugeant sainement avec les idées du jour, le transporta au Boulevard des Italiens, là il installa la charmante petite salle qui fut détruite il y a deux ans par un incendie et qui est maintenant restaurée par les soins de M. Méliès, le directeur actuel.
La vogue de ce spectacle continua sous la direction d’Hamilton, celui-ci qui présentait tous les automates et toutes les expériences de Robert-Houdin ajoutait de temps en temps au programme une création personnelle :
– « L’Oracle du Destin » présenté pour la première fois le 6 février 1861.
– « Les Globes de feu » qui figurèrent an programme le 18 février, même mois de la même année.
– « Le Triomphe de Raphaël » du 6 janvier 1861.
– Le tour sensationnel de « l’Enfant enlevé par un Cheveu » qui date du 16 janvier 1860.
Note :
(1) Il n’avait que 44 ans mais les conditions de vie étaient plus difficiles au XIXe siècle.
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