Est-ce que tu peux nous parler de ton enfance et de ta première rencontre avec la magie ?
Je suis né à Meudon en Île-de-France le 20 mai 1974, avec, d’après mes parents, une passion spontanée pour la musique, la magie et les arts du spectacle en général (théâtre, clown, jonglage…). Ma mère raconte qu’avant même de savoir parler, j’avais créé l’illusion un matin que mes pieds avaient spectaculairement grandi pendant la nuit. Impossible d’enfiler mes chaussons ce matin-là alors qu’ils m’allaient parfaitement la veille. J’avais secrètement bourré le bout de mes chaussons avec des mouchoirs. Par la suite, mon père m’ayant déjà transmis les quelques tours qu’il connaissait a eu l’idée, devant mon insistance, de rendre visite à LA boutique de magie de l’époque : Mayette Magie Moderne rue des Carmes à Paris – semble-t-il la plus ancienne boutique de magie du monde ! Chaque année avant Noël, il demandait conseil au propriétaire de l’époque Michel Hatte, pour un nouveau tour qu’il allait travailler pour le présenter en spectacle pendant le réveillon. Seulement après m’avoir offert l’émotion de la présentation, il m’apprenait le secret et comment le présenter moi-même. Je ne le remercierai jamais assez pour cet immense cadeau.
Ensuite, vers dix ans, ma mère m’a offert mon premier vrai cours de magie. J’ai ainsi eu la chance d’être rapidement pris en charge par François Normag qui m’a appris les bases de la magie et ses véritables secrets. C’est-à-dire pas seulement les trucs, les astuces, les techniques, qui ne sont que des moyens mais bien les mystères de l’émerveillement et de l’émotion magique. J’ai ainsi commencé à me produire régulièrement pour les goûters d’anniversaire avec comme seule publicité une petite affiche en noir et blanc dans une librairie. J’ai ensuite élargi mes prestations au close-up en restaurant et à la scène jusqu’à mon premier théâtre à douze ans. Je devais, à l’époque, être le seul magicien au monde à faire apparaître un cochon d’Inde !
Comment es-tu passé au mentalisme ?
Je pratiquais régulièrement des effets de magie mentale au milieu des effets magiques sans consciemment dissocier les nuances d’émotions. Je cherchais à générer chez mes spectateurs un sentiment d’impossibilité : « C’est impossible ! C’est incroyable ! Je ne sais pas comment vous avez fait ! » Cette émotion associée à une belle présentation humoristique ou poétique et le tour était joué.
Vers vingt ans, j’ai commencé à rechercher une forme de pureté dans ma magie : moins de manipulations, plus de distance entre la magie et le magicien. Au lieu de : « Je ne sais pas comment vous avez fait ! », je recherchais : « Vous n’avez touché à rien… Je ne sais pas comment cela a pu se produire ! » Et puis vers vingt-cinq ans, à l’âge où l’on croit tout savoir, c’est le choc ! Je découvre par hasard les premières émissions de télévision de Derren Brown. Je redeviens l’espace d’un instant l’enfant qui s’émerveille devant les mystères du monde qui l’entoure. Je sens renaître en moi cette émotion enfouie : « C’est incroyable que ce soit possible ? Cela s’est-il vraiment produit ? » Ça y est. J’ai trouvé ma voie !
Je ne recherche plus l’impossible mais l’improbable. Je vais générer l’émerveillement par le doute, le questionnement en façonnant mes illusions directement dans le cerveau de mes participants en jouant avec leurs sens, avec leur perception. Cela implique pour moi des responsabilités. Si notre objectif est bien d’emmener nos spectateurs le plus loin possible pendant la prestation, nous nous devons de les ramener sur terre à la fin. Je veux que mes spectateurs vivent pleinement l’émotion du mystère mais ressorte de la prestation avec une meilleur compréhension de nos capacités réelles plutôt que l’inverse.
Est-ce que tu vis du mentalisme où est-ce que tu as une autre activité professionnelle en parallèle ?
Après une formation d’ingénieur Supelec, j’ai développé une carrière de directeur de centres de profits dans des environnements professionnels et culturels très variés. Pour faire simple, mes missions consistaient à aider les entreprises à résoudre des problèmes ! Je devais me fondre dans leur organisation, comprendre leurs modes de fonctionnement, comprendre les enjeux, les problématiques, les relations de pouvoir, pour trouver des solutions et les mettre en œuvre rapidement. En réalité, la quasi-totalité des problèmes rencontrés étaient de nature humaine et non technique. Donc pour mener à bien mes missions, j’avais besoin de m’intéresser au fonctionnement humain ! Comment mieux comprendre les autres ? Comment adapter mon style de management pour me faire mieux comprendre, pour mobiliser mes collaborateurs, pour les amener à mieux collaborer, décider, innover… Ma passion pour le mentalisme et mon activité professionnelle s’alimentaient mutuellement.
Depuis 2021, je me consacre exclusivement au mentalisme avec une offre corporate de spectacle-conférence pour développer l’agilité comportementale en environnement incertain. Je peux ainsi offrir l’émotion d’un vrai spectacle de mentalisme qui interroge sur la perception et la réalité et ensuite, lors d’une conférence ludique et interactive, amener mes spectateurs à réfléchir sur les mécanismes à l’œuvre dans ces illusions. Sans révéler les secrets bien sûr du COMMENT ça marche, j’amène mes spectateurs à appréhender POURQUOI cela fonctionne sur nous. La partie conférence permet ainsi de s’appuyer sur le spectacle pour offrir des outils puissants pour mieux appréhender nos différents biais cognitifs et développer notre agilité relationnelle, situationnelle, créative et émotionnelle.
En parallèle, je déploie une offre purement mnémotechnique basée sur la méthode de Memento. Ma promesse : permettre à tous les collaborateurs de mémoriser une séquence d’items essentiels à la société qui m’emploie (par exemple les 25 risques professionnels) en moins d’une heure. Ce challenge de mémorisation crée le « buzz » autour des valeurs de l’entreprise tout en amenant les salariés à s’étonner de leurs propres capacités de mémorisation.
Raconte-nous tes débuts d’écrivain de livres de magie.
Je dois beaucoup aux livres. C’est pour moi la meilleure façon de pénétrer l’esprit d’un auteur, de l’entendre penser, de prendre le temps de découvrir une autre perception du monde pour enrichir la sienne. J’entretiens une relation très intime avec les livres. Ils sont pour moi une porte ouverte vers notre propre imagination, notre propre créativité. J’ai évolué dans un environnement relativement éloigné des autres magiciens/mentalistes mais je me suis toujours appuyé sur mes lectures pour rechercher mes propres routines et méthodes qui correspondraient le mieux à mon idéal de pureté des effets. J’ai ainsi au fil du temps développé une approche personnelle du mentalisme.
Pendant plus de quinze ans, je n’ai partagé ces développements qu’avec un groupe restreint de mentalistes créé par Pascal Amoyel « CerMent » et la revue Peorth éditée par Fabien Arcole. Parmi ses quelques membres se trouvaient Sylvain Vip et Maxime Schucht. Ils ont créé MINDBOX et édité leurs premiers ouvrages. En 2016, ils m’ont convaincu de partager mes créations avec l’ensemble de la communauté. Un heureux concours de circonstances a amené Ludo de Marchand de Trucs dans la barque. Et me voilà édité par des poids lourds du milieu !
Au-delà des milliers d’heures de création pour imaginer petit à petit du contenu, l’édition en elle-même d’un livre est un travail titanesque ! Mais quelle émotion d’avoir enfin dans les mains le résultat final. Et quelle joie de partager soudainement avec le plus grand nombre ses pensées et de sentir que l’on contribue modestement à apporter sa pierre à l’édifice. Cela m’a permis des échanges de grande richesse avec de nombreux lecteurs et m’a même permis de rencontrer des stars qui me semblaient inaccessibles.
Peux-tu nous expliquer le ou les mécanismes qui t’amènent à la création d’un tour ? Quels effets recherches tu à provoquer auprès du spectateur ?
Dans mon cas, la règle en termes de créativité, c’est qu’il n’y a pas de règle ! Maintenant, nous pourrions certainement faire un séminaire d’une semaine sur ces mécanismes sans s’ennuyer… C’est un sujet fascinant.
Pour résumer mon expérience en quelques mots, je dirais que j’ai développé ma créativité petit à petit comme toute compétence que l’on acquière avec le temps en s’entrainant. En magie, le point de départ a été la prise de conscience que je pouvais agir sur les éléments de chaque tour qui ne me convenaient pas. Beauté de la mémoire, il me revient en rédigeant cette réponse l’émotion associée à cette toute première fois, vers huit ans, où j’ai eu l’idée d’ajouter un petit bout de scotch à la pochette du tour Silk Serenade de Pavel édité par Tenyo pour en faciliter grandement l’utilisation. Et voilà comment je réalise qu’à l’origine de toutes mes créations se trouve peut-être un petit morceau de scotch !
Ensuite, c’est devenu une habitude de tout adapter à ma façon, présentation, techniques, méthodes jusqu’à m’éloigner de l’effet de base pour créer finalement des choses vraiment nouvelles. Mon cerveau est maintenant en perpétuel éveil, sur le qui-vive, pour trouver de nouvelles idées tout autour de moi. Je note tout ce qui me vient même si ça ne fait pas de sens sur le moment. Quand une question m’obsède, j’alterne les phases de recherche consciente et le vagabondage mentale, pendant l’endormissement ou le réveil, ou lors des longs trajets sur l’autoroute par exemple. Il n’est pas rare que les éclairs, les « Eureka » ne surviennent pendant ces phases de somnolence ou de semi-conscience.
On me demande souvent si je commence par imaginer d’abord l’effet attendu sur les spectateurs puis la méthode la plus adaptée pour y parvenir ou si c’est le processus inverse. En réalité, il n’y a pas de sens privilégié. Mon objectif est généralement de créer l’effet le plus pur, le plus direct mais aussi le plus crédible sur l’instant. Dans cette quête, je m’aperçois même de plus en plus que méthodes et routines sont indissociables. Les effets les plus aboutis sont souvent ceux pour lesquels méthode et routine ne font qu’un et sont développées conjointement.
Quels arts t’inspirent le plus dans la création de tes tours ?
Je m’inspire de tout ce qui m’entoure, pas uniquement des arts ! Néanmoins, je suis particulièrement sensible aux principes de narration au théâtre et au cinéma. Dans l’idéal, je construis mes routines comme des petites pièces de théâtre dans lesquelles mes participants jouent un rôle. Je m’inspire également de la musique principalement pour le rythme, la respiration, les silences.
En science, je m’intéresse à la mécanique quantique et à la relativité générale. Dès que l’on s’écarte de notre monde visible de tous les jours, juste un peu plus petit ou un peu plus grand, les règles qui s’appliquent sont insensées. Tenter de se représenter ce qui se passe à ces échelles, c’est faire l’expérience de la vraie magie. Je m’intéresse également à tout ce qui touche au cerveau : les sciences cognitives en générales et les neurosciences en particulier. Toujours dans ma recherche d’une meilleure compréhension du fonctionnement du cerveau, j’ai suivi une formation complète en hypnothérapie. J’ai pu y faire l’expérience de la puissance de l’inconscient.
Qu’est ce qui t’épanouit en magie ?
En tant que spectateur, c’est l’imagination des magiciens ou mentalistes qui m’entraînent profondément dans leur univers et me font retrouver mon âme d’enfant. En tant que mentaliste, c’est le regard des spectateurs quand je les emmène dans mon univers l’espace d’un instant ; lorsque j’atteins cet état de grâce, ce flow collectif dans lequel tout devient possible. En tant que créateur, ce sont ces rares instants d’excitation intense quand l’intuition de la solution m’apparait comme dans un flash et que mon esprit rationnel reprend la main pour vérifier que cela fonctionne.
Avec quels magiciens ou artistes as-tu collaboré ?
Je vous ai déjà parlé de Sylvain Vip, Maxime Schucht et Ludovic Mignon qui sont mes fidèles partenaires pour l’édition de mes livres. J’ai aussi dans les tuyaux un projet avec Michael Murray, mentaliste britannique. Je n’en suis pas revenu quand il m’a proposé de produire une de mes idées. C’est un créateur de génie, passionné qui pense mentalisme vingt-quatre heures sur vingt-quatre et d’une immense gentillesse ce qui ne gâche rien ! Avec la notoriété naissante liée à mes publications, j’ai de plus en plus de contacts avec des mentalistes du monde entier connus ou non. C’est une expérience assez nouvelle pour moi qui avait tendance à créer en autarcie.
Pour mon activité de mentaliste corporate, je développe conjointement avec le cabinet i-We, spécialiste des soft skills, des partenariats avec des experts aux compétences très variées du beatboxer au chercheur en neurosciences.
As-tu des « Maîtres à penser » dans le domaine de la magie ou dans d’autres disciplines ?
Depuis l’origine de ma passion pour le mentalisme mon admiration pour Derren Brown n’a fait que croître. Au-delà de ses livres, ses spectacles sont tous de véritables bijoux, inépuisables sources d’inspiration. Il est parfois risqué de rencontrer son idole en découvrant l’homme derrière son œuvre. Dans le cas de Derren, mes rencontres n’ont fait que renforcer mon admiration pour lui. Derrière son talent se cache un homme généreux, charmant et d’une grande simplicité. J’ai même encadré, au mur de mon bureau, le courrier qu’il m’a envoyé pour me féliciter du Green Neck System et l’affiche dédicacée de son dernier spectacle !
Tu es un fervent collectionneur Tenyo. Qu’est ce qui t’attire dans les tours de cette marque ?
Tenyo ? Qu’est-ce que ça peut bien être ? Ah, oui. Je me souviens en avoir acheté deux ou trois dans ma jeunesse mais je méprisais ces petits tours en plastique colorés pour débutants. Je valais mieux que ça ! Blague à part, qu’est-ce que je regrette de n’avoir pas su m’émerveiller à l’époque devant tant d’ingéniosité. Il m’aurait fallu comprendre que ces tours n’étaient en grande majorité pas conçu pour les magiciens. Ils sont principalement vendus au rayon jouet des grandes surfaces japonaises à destination des enfants. C’est aussi la raison pour laquelle il leur faut renouveler la gamme au rythme de quatre ou cinq nouveaux tours tous les ans. Aujourd’hui, ils me procurent une émotion similaire à la découverte d’un beau casse-tête et de l’abysse d’imagination et d’ingéniosité qu’il peut représenter. Dans le cas des Tenyo, ils permettent en bonus d’émerveiller les enfants qui passent à la maison. Que demander de plus !
Peux-tu nous parler de tes futurs projets ?
J’ai le grand plaisir d’être invité cette année au congrès de la FFAP à Poitiers fin octobre. Je participerai au Gala de close-up et présenterai une conférence inédite. Avec mes éditeurs, nous en profitons pour mettre un coup d’accélérateur à la sortie de la suite du Green Neck System. J’ai fait des découvertes incroyables depuis la sortie du premier livre notamment sur des extensions à quatre ou cinq éléments. Le livre contient aussi un tout nouveau concept inédit qui ouvre de nouveaux horizons. Bref, l’aventure continue ! Au-delà des notes de conférence, il devrait y avoir aussi deux ou trois surprises à découvrir au congrès fin octobre.
Peux-tu nous parler du Green Neck System ?
Décembre 2006 – Le Théron – Pierrefort – Cantal :
Je suis en train de jouer avec trois couverts et le principe de Bob Hummer de Mathematical Three Cards Monte. Soudain me vient l’intuition qu’il doit y avoir une façon plus directe de retrouver un objet parmi trois qui ne nécessite pas de se retourner pour capter l’information. En essayant de nombreuses combinaisons, je finis par m’apercevoir que j’arrive à positionner le couvert choisi à une position donnée en sept mouvements ! Une fois les nombreuses vérifications passées et l’excitation retombée, j’entreprends de réduire le processus à son strict minimum pour en comprendre le cœur du mécanisme et le rendre exploitable en conditions réelles. Petit à petit, le processus de base passe de sept à un seul mouvement. Le Green Neck System est né ! (Le nom Green Neck vient d’un jeu de mot : la traduction littérale en anglais de « cou vert »). Depuis ce moment, le potentiel du système n’a cessé de m’étonner. Il ne s’est pas passé un mois sans que je découvre une application qui m’avait échappé, un nouvel angle d’utilisation, une subtilité additionnelle.
En 2016, quand Sylvain et Max m’ont proposé de publier mes idées, j’ai rédigé un manuscrit qui regroupait la totalité de mes créations. Le Green Neck System ne représentait alors qu’un gros chapitre du livre. Impressionnés par la richesse et l’originalité de ce chapitre, ils ont préféré le publier à part. Et c’est parti pour une partie de ping-pong, d’aller-retours du manuscrit pour clarifier, challenger, adapter, compléter… Et plus je creusais plus je trouvais de nouvelles choses. Il a fallu que Sylvain et Max me stoppent finalement dans mon élan pour que le livre puisse sortir un jour ! En parallèle, Maxime s’est attaqué au graphisme et la mise en page du livre puis Ludo a pris le relais pour s’occuper de produire le livre physique.
Hasard du calendrier, Gaëtan Bloom me contacte pour acheter un Tenyo que je vends sur VM. Je lui parle du principe. Il accepte de faire la préface ! Le Green Neck System sort finalement le 15 mars 2017. Chaque sortie de livre est une aventure forte en émotion. Impossible de savoir à l’avance quel accueil va lui être réservé ! Pour ma première publication, je ne m’attendais pas du tout à un tel engouement… La rapidité et l’intensité du démarrage a surpris mes éditeurs ; et pour un auteur inconnu qui plus est. La première édition en français et sa traduction en anglais ont été épuisées rapidement. La version française a été rééditée lors de la sortie d’Iceberg en décembre 2020. La version anglaise a été rééditée en juin 2022.
Peux-tu nous parler d’Iceberg ?
La publication d’Iceberg était dans les tuyaux depuis 2016. Elle devait regrouper mes principales créations depuis les années 2000. Le manuscrit initial a été complété et peaufiné jusqu’en 2019 date à laquelle, mes éditeurs et moi-même avons jugé qu’il était temps de passer à la phase d’édition. C’est un gros projet qui compte beaucoup pour moi. Il contient une grande partie d’un travail très personnel qui fait partie de mon répertoire actuel.
La partie dont je suis le plus fier est « le principe de Schrödinger » que j’ai développé au fil des années et qui consiste à construire ses routines autour de réalités superposées. Une forme de double réalité mais dans laquelle les réalités co-existent en chaque spectateur. L’application de ce principe permet des effets d’une grande pureté qui génère une émotion nouvelle chez mes spectateurs. Je l’utilise maintenant dans toutes mes routines. Elle nécessite néanmoins une bonne compréhension de sa mécanique et beaucoup de travail pour créer l’illusion parfaite.
Le nom Iceberg vient de là : Une pointe, la plus pure possible, qui représente l’illusion qui émerge de la présentation ; et la partie immergée qui représente tout ce qui est invisible aux spectateurs mais nécessaire pour rendre possible l’illusion. Je savais que mon second livre contenait des créations plus personnelles, qui demande plus de travail et qu’il ne serait pas pour tout le monde. Sorti le 4 décembre 2020, il a néanmoins très rapidement trouvé son public faisant mentir ceux qui disent que seuls les produits très accessibles et commerciaux se vendent.
Peux-tu nous parler de Memento ?
Pour Memento, tout est allé beaucoup plus vite ! Je me cassais le cerveau sur toutes les méthodes possibles et imaginables pour apprendre un chapelet depuis une dizaine d’années. Or c’est un outil que je me devais de maîtriser en tant que mentaliste. Question d’amour propre sans doute ! (d’autant que je n’utilise pas les cartes en conditions professionnelles)
En 2020, en plein confinement COVID, je décide de m’atteler sérieusement à la tâche en essayant de comprendre ce qui bloque chez moi pour atteindre enfin mon objectif. En une soirée, je trouve la solution qui répond à toutes mes attentes et me permet de mémoriser Mnemonica. Le lendemain matin j’ai encore tout en mémoire. Je n’en reviens pas. Dans l’après-midi, j’ai Sylvain Vip et Maxime Schucht au téléphone pour un autre sujet. Je leur décris rapidement ma méthode. Le lendemain, ils me rappellent tout aussi excités que je l’étais moi-même après avoir réussi pour la première fois à mémoriser le Mnemonica dans la soirée pour Sylvain et au petit-déjeuner pour Max ! Nous avons alors entrepris de tester la méthode sur tous les cobayes qui nous tombaient sous la main : enfants, conjoints, amis magiciens ou non. A chaque fois, juste en les guidant pas à pas, ils avaient ancré dans leur mémoire le chapelet de leur choix avec des images très personnelles en moins de deux heures. Convaincus que cela pouvait être utile à d’autres, et après des recherches extensives pour confirmer l’originalité de la méthode, Sylvain et Max me proposent de publier un booklet qui détaillerait le processus de mémorisation pas à pas, à l’image d’une séance d’apprentissage en tête-à-tête.
Et voilà, c’est reparti pour le long travail d’édition : écriture, relecture, réécriture, mise en page, graphisme, teaser… et le 25 février 2022, un an et demi après, le livre est là ! Pour l’anecdote, Sylvain et Max m’ont demandé comment j’avais bien pu imaginer une telle solution à un problème qui les hantaient depuis si longtemps. N’ayant d’autre explication que : « J’ai analysé le problème et j’ai cherché une solution. » ils m’ont demandé, avec leur humour habituel, quand j’allais m’attaquer au virus du Covid ! Malheureusement, mes créations sont bien loin de sauver des vies… mais je suis heureux, avec Memento, d’avoir tout de même pu enlever quelques épines du pied à des magiciens qui n’arrivaient pas à ajouter le chapelet à leur boîte à outils de techniques !
Bibliographie de Gabriel Werlen (des fiches livres seront régulièrement ajoutées)
- The Green Neck System. Éditions Marchand de Trucs et Mindbox (mars 2017).
- Iceberg. Éditions Marchand de Trucs et Mindbox (décembre 2020).
- Memento. Éditions Marchand de Trucs et Mindbox (février 2022).
- The Green Neck System 2. Éditions Marchand de Trucs et Mindbox (novembre 2022).
- À double tour. Éditions Marchand de Trucs et Mindbox (décembre 2022).
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Interview réalisée en septembre 2022. Photo de couverture : Thomas@VirtualMagie.com. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation : Jérômine Derigny, Sylvain Vip et Enzo Piveteau. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.