Il est 7 Heures du matin, nous sommes le 6 Novembre 2007 et aujourd’hui j’ai rendez vous dans les studios Carreres pour participer à une émission de télévision (Qui sera le prochain ?)… Il est de plus en plus facile de passer à la télévision, et pour de nombreux artistes c’est une opportunité, un rêve, un but, voire une fierté. Les offres sont parfois alléchantes, mais qu’en est-il de la réalité.
A quoi doit-on s’attendre ? Que devons nous penser de ces émissions TV ?
Je vous propose un compte rendu détaillé et sans langue de bois qui je l’espère pourra vous être utile. Pour ce faire, je me suis glissé dans la peau d’un candidat afin de vous faire vivre cette expérience de l’intérieure. Des 400 artistes qui ont été contacté dans le cadre d’un projet d’émission qui devait s’intituler « La nuit de l’étrange » sur le thème du paranormal, 28 Candidats ont été sélectionné. Le nom et le concept complet de l’émission ont été dévoilé quelques semaines avant les répétitions. Le titre parle à lui seul : « Qui sera le prochain, spécial paranormal » !
Le concept est très simple, il y aura des candidats, un jury, des perdants et un gagnant qui empochera la somme de 15000 Euros. Je tiens juste à préciser que la production a été très claire sur les conditions de passage : le jury, la trappe, la non-rémunération… et que chaque candidat a lu, accepté, paraphé et signé un contrat parfaitement bien détaillé, ainsi qu’une autorisation de diffusion en règle et cela dès le premier jour et non pendant une séance de maquillage… Certains n’étant pas d’accord sur les conditions de productions ont préféré ne pas passer à l’écran, les autres l’on fait en connaissances de cause et en acceptant les risques liés à leur passage.
L’équipe de production, les équipes techniques et l’animateur vedette ont été très correct et respectueux des candidats tout au long de la mise en place. En ce qui me concerne, j’ai choisi de réaliser une intervention de torsion de couverts pour essayer de coller au thème. Les souhaits de la production et les contraintes techniques m’ont amené à improviser une routine rapidement. C’est comme ça! J’aurais pu dire non à tout moment et je l’assume. Je n’en attends rien, je ne cherche rien à prouver, et encore moins à ménager ma notoriété ou recevoir une reconnaissance. Je l’ai fait pour deux raisons, vivre l’expérience et la partager aux lecteurs et stagiaires d’ Artefake. J’ai passé deux jours extraordinaires sur le plan humain. J’ai eu le plaisir de retrouver Malko Dantes, Fred Razon, Fabien Soudière… et de faire la connaissance de magiciens tous très agréables. On s’est bien marré pendant ces deux jours, l’ambiance était très détendue! Sur le plan organisationnel, il y a eu pas mal d’imprévus, cependant je sais que d’autres émissions connaissent les mêmes soucis (attente, changement de programme, improvisation…).
C’est un manque d’information, de considération, et de reconnaissance qui a fait le plus mal à certains artistes : les longs moments d’attentes, la sensation d’être juste bon à passer à la casserole à quelques minutes de la générale. Ce serait vraiment grave si tous les numéros étaient des chefs d’œuvres, ce qui était loin d’être le cas en commençant par le mien. On peut se révolter de ce type d’émission, et notamment de la présence d’artistes non rémunérés qui, je le rappelle, devaient être selon les termes du contrat soit amateurs soit semi professionnels. Cela dit, je ne pense pas qu’il faille dénigrer le concept, qui est très enrichissant et un bon support vidéo pour une autocritique.
Pour essayer de comparer, lorsqu’un artiste participe à un concours de magie, il n’est non seulement pas payé et doit également supporter le prix d’entrée ainsi que les frais de déplacement et d’hébergement, ce qui n’a pas été le cas pour cette émission. Il participe à la recette globale de l’organisation, la seule différence est qu’il n’y a pas de retransmission TV et que le prix n’a aucune comparaison avec les 15000 Euros proposés par TF1. Car finalement le gagnant a été rémunéré ! Ce qui est important, et c’est là ou je pense que nous avons peut être un rôle à jouer, c’est d’essayer de s’impliquer et d’instaurer un dialogue avec les responsables des productions en étant force de proposition. De ce que j’ai pu remarquer ils sont très à l’écoute lors des débriefings. Ce qui est un peu décevant à mon sens, c’est le fait d’annoncer un thème sur le paranormal et de présenter des numéros de magie dit « classiques ». Annoncer « Attention tout de ce que vous allez voir est réel » est quelque peu troublant et ambiguë car cela laisse sous entendre que certains candidats ont de réels pouvoirs!
J’espère que ces quelques lignes vous seront utiles et je laisse l’opportunité aux candidats et à la production de me contacter s’ils souhaitent apporter leurs réactions. Nous partîmes 28 et par un « prompt renfort » nous nous vîmes 15 en arrivant au port… Et pour rester dans les citations ! En voici une qui m’a bien plu : Christophe Dechavanne visant le jeune homme du jury non professionnel : « Les gens du sud osent tout, c’est même à ça qu’on les reconnait ! » Michel Audiard : » le con ça ose tout c’est même à ça qu’on le reconnait ! »
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