Le spectacle est avant tout un moyen de divertissement. Le divertissement, c’est l’art de capter l’attention de l’autre, « de le détourner momentanément de ce qui le préoccupe » (selon la définition du dictionnaire Hachette).
La magie est un formidable moyen pour distraire son entourage. Tout le monde aime la magie : les enfants, les adultes, les personnes âgées. Mais personne n’aime être trompé. Du moins, pas directement. La magie est un art à double tranchant : vous pouvez amuser, mais vous pouvez aussi énerver. C’est pour cette raison que j’ai choisi de présenter mes tours de façon légère, comique. Et je vous encourage à en faire autant : car si la magie est un formidable moyen de distraction, elle permet également de faire rire tout en étonnant. Et ça, croyez-moi, ça n’a pas de prix ! Tout le monde aime rire. Il suffit, pour s’en convaincre, de constater le succès de certains « One (Wo) Men Shows » comme Franck Dubosc, Gad Elmaleh, Muriel Robin. Ou de certains films comme La Grande Vadrouille, Les Visiteurs, Le Dîner de Con…
Mais au fait, qu’est-ce qui fait rire ?
Dans son excellent ouvrage Magie Pour Rire, le magicien Duraty décortique ce qu’il appelle les « ressorts du comique ». Il détermine trois moyens principaux pour provoquer le rire :
– Le choc des mots, leur emploi bizarre, leur rencontre inattendue, l’enchaînement d’idées saugrenues
– Le comportement imprévu du ou des personnages : le contraste sous toutes ses formes
– Les situations créées par l’intrigue ou les circonstances, ce qu’on appelle le « Comique de Situation ».
Comment se déclenche le rire ?
Toujours selon Duraty, « la première règle qui se dégage, c’est le principe de la surprise. Une grande partie des effets comiques provient d’une rupture dans le discours ou dans l’action. L’esprit du spectateur est dirigé vers un but, qui semble très clair et au moment d’atteindre ce but, brusquement, on change de cap. Surprise. Rires. »
D’une façon générale, si vous voulez provoquer le rire chez les autres, vous devez apprendre à bien vous connaître.
Pourquoi ? Tout simplement parce que vous allez devoir vous déterminer un personnage. Aussi, répondez à ces questions. Prenez votre temps, mais essayez de donner une réponse précise à chacune d’entre elle :
– Quel est votre caractère ? Êtes-vous quelqu’un de sérieux ? Plutôt « cool » ? Ouvert aux autres ? Etes vous plutôt pitre ? Ou plutôt du genre coincé(e) ?
– Votre physique : vous pensez être plutôt pas mal, très beau/belle ou plutôt moche (évidemment, tout ceci est subjectif, mais répondez sincèrement) ?
Essayez vraiment de définir votre personnalité vraie. Ce faisant, je vais vous demander maintenant d’isoler un de vos traits de caractère et une particularité physique chez vous. Par exemple, dans la vie de tous les jours j’aime faire un peu l’idiot auprès de mon entourage. Par ailleurs, je suis petit : je mesure 1m65. Et c’est là-dessus qu’il faut jouer.
Vous êtes quelqu’un de sérieux ? Tant mieux ! Vous êtes plutôt obèse ? Parfait ! Ces traits de caractères, ces particularités physiques vont devenir vos alliés. Vous allez en jouer. D’ailleurs, laissez-moi vous révéler un secret : vous ferez rire les gens principalement en vous moquant de vous.
Dans un de mes numéros, je débutais ainsi : « quand j’étais petit… Oui, je sais ce que vous vous dites : je suis ENCORE petit. Mais ça n’a pas toujours été le cas. En fait, je suis né comme ça. Et même, j’étais encore plus grand. Mais il a fallu qu’on m’enlève les tibias pour que ma mère puisse accoucher. Parfaitement madame. Bref, quand j’étais enfant etc.… »
En général, cette partie provoque toujours le rire. Et elle rend sympathique. L’idée que j’ai pu naître ainsi fait naître dans l’esprit des gens un comique de situation. Imaginez ma pauvre mère, mesurant 1m55, me porter tel que je suis… Dans ces cas là, j’exploite à fond ma particularité physique.
Si vous êtes du genre sérieux, rien de plus drôle pour vous que, d’un coup, prendre une petite voix ou encore relever votre chaussette au-dessus de votre pantalon. Sans que vous vous en aperceviez, évidemment… Là, vous jouerez sur le contraste : votre personnalité contre une situation décalée.
Pendant quelques temps, avec mon ami François Martinez, nous avons joué un spectacle intitulé «DéCALéS». Nous avions repris plusieurs standards magiques pour en faire des numéros comiques.
Prenons le tour la « Carte Volante » par exemple. Le tour en lui-même est une simple lévitation qui peut étonner à différents degrés. Aujourd’hui, j’en ai fait un running gag. Il m’arrive fréquemment, lors d’une conversation, de m’emparer d’un stylo, d’une fourchette à table, d’une assiette ou tout autre ustensile et de dire « et en plus, ça vole ! ».
Il se passe quoi ? Une rupture. On parle d’un sujet et sans qu’il n’y ait de rapport, je m’empare d’un objet et je le fais « léviter » grossièrement (la plupart de mes amis connaissent le truc) en disant assez fort « Et en plus, ça vole ! ». Mais pour la serveuse ou les gens autour, ça reste étonnant.
Le truc des comiques
Si vous prenez l’exemple des « stars », vous pouvez rapidement dégager différentes façons de faire rire.
Louis de Funès, Franck Dubosc sont des comiques qui exagèrent. De Funès avec ses mimiques, ses déplacements. Dubosc suggère une situation qu’il rend complètement loufoque.
Dans un de ses sketchs, il met en scène un personnage, Cindy, visiblement forte. Tellement que, pour lui faire la bise, il fait presque un tour de scène pour passer d’une joue à l’autre !
Pierre Palmade joue sur son air pince-sans-rire. Le type sérieux, bourgeois, hautain qui se retrouve dans des situations qui le dépassent (Le Scrabble).
Raymond Devos jouait avec les mots. Outre l’interprétation, le physique, il savait merveilleusement composer des textes saugrenus.
A votre tour, étudiez de plus près les comiques. Certains seront plutôt du genre pitre ou clown (Lagaf, Eric et Ramzy), d’autres plutôt provocateurs (Bigard, Violet). D’autres encore se serviront de toute une panoplie de techniques du music hall, comme la chanson, la magie pour faire rire (Shirley et Dino, Gustave Parking, Michel Leeb).
Parmi les comiques, il y a aussi les imitateurs. Ces derniers déforment ou exagèrent la personnalité d’un tiers. C’est une forme de critique déguisée de la société dans laquelle nous vivons et implique de la part du spectateur d’être au courant de ce qui se passe, d’être informé.
Finalement, il y a une autre façon de faire rire, assez facile du reste, qui est la moquerie. Se moquer, on peut le faire entre amis. Quand on connaît bien les gens qui nous entourent. Quand on sait qu’ils ne le prendront pas mal.
En revanche, se moquer d’une personne qu’on ne connaît pas en public n’est pas recommandé. Pour trois raisons :
– vous pouvez blesser la personne
– ça peut dégénérer
– ça vous rend détestable
Réservez les moqueries entre amis. Dans certains cabarets, la moquerie est de bon ton. Il n’est pas rare qu’un artiste prenne à parti un spectateur et le ridiculise pour faire rire les autres. Je ne vous souhaite pas d’en arriver là. Au contraire, veillez à toujours mettre en valeur votre public. Mais n’hésitez pas à jouer sur votre personnage.
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