Aujourd’hui, c’est une question récurrente. Autrefois, on se posait moins de questions : pour apprendre la magie il fallait trouver un magicien qui accepte de nous enseigner les ficelles du métier. Car à l’époque, le secret était bien gardé ! D’ailleurs, c’est Bertrand Crimet qui m’a un jour proposé cette façon de voir les choses : « il y a deux façons de protéger un secret : l’enfermer dans un coffre ou le diffuser à grande échelle ».
Cette citation n’est pas de lui, mais je l’ai trouvée pertinente : autrefois, on me demandait comment faire pour apprendre la magie. Je répondais qu’il fallait rencontrer un magicien, trouver les bons livres, etc. Aujourd’hui, malgré que tout soit disponible sur Internet, on me pose toujours cette question. Pourquoi ? Parce que le secret est tellement diffusé qu’il en est devenu invisible. Surtout, les gens ne savent pas par quoi commencer. Et s’ils se lancent à l’aveuglette alors ils prennent le risque d’aborder la prestidigitation par des techniques d’un très haut niveau qui les découragera.
Si vous débutez, ne tombez pas dans ce piège qui a déjà fait des « milliers de victimes » : la technique de haut vol. Je croise sans cesse de jeunes magiciens qui confondent illusion et jonglerie. L’illusionnisme n’est pas de la jonglerie. Une technique, aussi incroyable et compliquée soit-elle, doit être INVISIBLE aux yeux du public.
Les mouvements doivent être naturels. On ne doit pas soupçonner le truc, jamais. Sinon, vous perdez tout de suite en crédibilité : on ne pourra manquer de remarquer qu’il s’est passé un truc.
Les jeunes magiciens rivalisent souvent entre eux « à celui qui aura la plus belle levée double » ou le meilleur « saut de coupe ». Tant que ça reste entre eux, ils s’en sortent. Mais le jour où ils doivent se produire en public, devant des gens qui ne laisseront pas forcément passer une erreur et qui diront « ah, j’ai vu ! « , ils perdent leurs moyens.
Pourquoi ? Parce qu’ils ont oublié l’essentiel : l’art magique est un moyen d’expression pour divertir. En ce sens, ce n’est pas la technique qui intéresse les spectateurs, mais bien « les tripes » du personnage. Prenez Juan Tamariz : vous ne verrez ni ne soupçonnerez jamais ses manipulations. Son personnage prend le dessus sur tout le reste. Il crée des miracles aux yeux des gens. C’est de la vraie magie.
Pour commencer, vous devez donc privilégier les tours faciles. Mais la grosse difficulté est de bien les présenter pour en faire quelque chose d’intéressant. Et c’est valable pour tous les tours ! L’intérêt d’un tour facile, pour le débutant, c’est qu’il peut se consacrer à la mise en scène, à son personnage, à ses attitudes. Et ainsi rendre service au public : l’amuser.
Car c’est la règle n°1 : amuser son public. C’est tout ce qu’il demande : que vous l’étonniez et le divertissiez. Le reste, il s’en fiche. Il ne veut surtout pas vous voir vous planter, il veut du merveilleux, de la magie.
Alors si vous débutez, prenez les bonnes habitudes maintenant : privilégiez votre jeu de scène et illustrez-le par des tours simples mais efficaces. Progressivement, comme pour tout apprentissage, vous rajouterez des manipulations de plus en plus compliquées… à condition qu’elles vous servent et servent l’art magique !
Rappelez-vous qu’avant de résoudre des divisions, vous avez commencé par apprendre à compter. Et que vous avez présenté à vos parents votre nouvelle capacité : compter de 1 à10 ou 20. La magie, c’est pareil !
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