Vous êtes en groupe et vous aimeriez débuter un tour sans forcer ? Vous aimeriez que, sans rien dire, on vous regarde ? Ou bien vous aimeriez renforcer l’effet d’un tour ? Alors vous devez apprendre à attirer l’attention sur vous.
Qu’est-ce que l’attention ? D’une façon générale, faire attention, c’est impliquer ses sens : la vue et l’ouïe principalement. Le rôle de l’attention est de résister à la distraction et donc de maintenir la cohérence d’une activité en cours.
Dans un premier temps, pour être efficace, l’illusionniste doit donc capter cette attention. Vous en avez déjà fait l’expérience : lorsque vous tentez de prendre la parole au milieu d’un brouhaha, vous devez recourir à des stimuli : parler plus fort, taper dans les mains, prendre un verre et le faire sonner avec une fourchette… Vous devez casser ce qu’on appelle l’habituation.
Lorsque les gens s’installent dans une routine, telle qu’une discussion, un programme télévisé, les neurones envoient moins de neurotransmetteurs aux autres neurones : nous réagissons moins. C’est aussi le cas dans un spectacle où il y a un temps mort, où on commence à s’ennuyer. Si vous créez une rupture, vous provoquez une décharge électrique importante au niveau de ces mêmes neurotransmetteurs : ça réveille littéralement l’assemblée.
La première chose que vous devez absolument contrôler, c’est votre regard. Comme le dit si justement Roberto Giobbi : « Quand vous voulez que le public regarde dans une direction, faites-le vous-même. Quand vous voulez qu’il vous regarde, regardez-le ». Le regard a un pouvoir magnétique : essayez, et vous verrez que, sans forcer, si bien évidemment vous savez intéresser votre auditoire, ce dernier suivra toujours votre regard. A ce sujet : votre œil n’a-t-il pas été attiré par l’image de cet article ? Difficile d’y résister, non ?
Comment créer une rupture ? Une des techniques les plus simples, c’est de poser une question. Imaginons un tour de cartes. Un truc simple mais très efficace pour attirer l’attention lors d’une soirée est de prendre votre jeu de cartes en main, sans vraiment le montrer. Puis, levez-vous, sans véritable raison et posez cette question simple : « c’est à qui ce jeu de cartes ? »
Il ne sera à personne évidemment. Il vous suffit, sans marquer de temps d’arrêt de sortir les cartes du paquet et d’enchaîner sur une fioriture, genre le rayonnement, un éventail ou autre. Puis, dites : « ça tombe bien, je connais un super tour ! Tenez, prenez une carte… ».
Remarque 1 : ne posez JAMAIS de questions fermées du style « Vous aimeriez que je vous fasse un tour de magie ? ». Vous pourriez très bien attirer l’attention, mais aussi essuyer un « non » ! Et là… Vous n’auriez plus qu’à ramasser vos cartes !
Remarque 2 : poser une question attire toujours l’attention. En pub, c’est ce qu’on appelle « l’accroche ». Je connais un magicien qui, pour approcher une table lorsqu’il travaille en close- up a toujours sur lui un briquet rouge. Il se baisse toujours pour faire mine de le ramasser et le montre à la table en disant : « ce briquet rouge, il est à quelqu’un ? ».
Les gens répondent « Non » et il enchaîne en le transformant en briquet blanc : « Et ce briquet blanc ? ».
Là, normalement, les gens ont compris qu’il était magicien.
Vous pouvez également avoir recours à l’incongruité. D’un point de vue scientifique, la présentation d’événements inhabituels déclenche, dans une région du cerveau appelée « amygdale », une augmentation d’activité. On retrouve cette même augmentation dans une seconde région impliquée dans la détection de la nouveauté : la jonction temporo-spatiale. L’incongruité attire donc notre attention, nous stupéfie et même nous déstabilise quelques secondes.
Un domaine très à la pointe en ce qui concerne l’attention, c’est bien évidemment la publicité. Si vous voulez progresser dans ce domaine, étudiez les techniques publicitaires.
Source : Club de Magie. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.