La plupart des grands magiciens le répètent à l’envie : lorsque vous intervenez comme magicien, ne tombez pas dans le piège de vous cacher derrière votre technique… ou votre manque de technique !
Certains « techniciens », notamment les cartomanes, lors de représentations en close-up, abordent des tables en étalant certaines prouesses : cartes qui volent, mélanges improbables, multi coupes d’une main et, si possible, dans le dos, etc.
De vous à moi, je pense que le public trouve ça « très chiant ». Au mieux il se dira que c’est un jongleur, qu’il est très fort, mais je doute que le spectateur trouve ça très magique. Surtout, comme le dit Juan Tamariz, celà peut nuire à votre effet magique : un magicien qui étale sa capacité à manipuler les cartes de la sorte ne peut que suggérer sa capacité évidente à retrouver une carte. Pour les spectateurs, il ne s’agit sans doute plus de « magie » mais bien de « manipulation ». Après, si vous vous vendez comme manipulateur ou tricheur, pourquoi pas. Mais si on vous engage comme magicien, vous faites fausse route.
Attention, ça ne signifie pas qu’il ne faut pas travailler ses techniques. Bien au contraire. Comme l’a dit Mickaël Stutzinger lors d’une conférence, il faut surtout savoir s’en détacher. Ce qui implique de les posséder à un tel niveau que ça devienne naturel. Donc invisible.
A l’opposé, certains magiciens, peu à l’aise avec les techniques tombent dans le piège du tour automatique facile à retracer (tous les tours automatiques ne sont pas faciles à remonter, choisissez les bons : Roberto Giobbi a publié d’excellents livres à ce sujet). Ils perdent en crédibilité car aux yeux du public, l’illusion ressemble plutôt à une récréation mathématique. Si vous faites partie de ces magiciens, vous pouvez améliorer votre numéro par un minimum de mise en scène. Car au final, ce qui compte, c’est bien évidemment l’effet, la surprise, l’émotion que vous apporterez aux spectateurs.
C’est d’ailleurs pour ça qu’on vous engage : divertir et étonner. Mettez-vous à la place de votre employeur qui décide d’engager un magicien. Qu’attend-il au final ? Sans doute d’être bluffé, surpris, amusé. Pas d’être pris pour un imbécile (le magicien technicien apparaît souvent arrogant et le magicien « automatique » trop cher).
Quel que soit votre style, vous devez donc d’abord vous attacher à étonner, voire détonner. Le meilleur exemple pour moi reste Juan Tamariz, mais aussi Gaëtan Bloom : ils sont très drôles, lisibles (c’est à dire qu’on suit facilement le tour) mais surtout ils vous mettent une sacrée claque !
Car il y a un autre piège à éviter : privilégier l’humour et la connerie (parce que parfois les vannes des magiciens ne volent pas bien haut) à l’illusion. Encore une fois, vous n’êtes pas engagé comme humoriste. Mais comme magicien. Vous devez donc leur laisser une trace indélébile. En close-up vous ne pouvez pas partir d’une table sans les avoir vraiment bluffés. Si vous pensez avoir rempli votre contrat parce que vous les avez fait rire, vous vous trompez. Si demain j’engage un musicien et qu’il se contente de faire rire le public, de mon point de vue il y a maldonne : si j’avais voulu faire rire mes invités, j’aurais engagé un comique.
Ne vous trompez pas dans vos priorités : face au magicien, le public attend tout simplement de la magie. Avec tout ce que ça sous entend.
A lire :
– Comment commencer la magie ?
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