Extrait de la revue L’Illusionniste, Vol 3, de Janvier 1904
La direction de l’Illusionniste, me charge d’écrire l’article biographique concernant M. Burton dont elle publie le portrait dans le numéro de ce jour. C’est une mission que j’accepte avec d’autant plus de plaisir que je suis un de ceux connaissant le mieux cet artiste sympathique entre tous qui a su se créer en Belgique une réputation hors de pair. En effet, Burton jouit, non seulement d’une grande popularité à Bruxelles, mais encore dans toutes les provinces. M. Beudin alias : Burton est né en 1856, à Soissons (Aisne). Dès son jeune âge, il fut un amateur enthousiaste, un fervent disciple de la magie, donnant des séances devant ses camarades de collège, se prodiguant, fie multipliant dans les soirées de bienfaisance. Pendant son volontariat, il organise des représentations dont ses camarades du 70ème parlent encore. Enfin, sa période militaire terminée, il reprend l’usine de ses parents où, hélas ! Moins heureux que dans ses expériences, il n’arrive pas à « escamoter » la guigne qui le poursuit dans ses spéculations. Bref, il perd fortune et c’est alors que l’amateur fait place au professionnel que nous connaissons tous. On le voit à Bruxelles, au Musée du Nord à faire de l’hypnotisme, puis présenter ce génial truc de la chaise de ce pauvre Buatier. Le premier à Bruxelles, en 1882, il y exhibe « Galathée », cette jolie illusion.
C’est alors qu’il se fixe définitivement en Belgique où sa réputation grandit et s’affirme chaque jour. Toutes les Sociétés réclament son concours — et personne n’ignore combien nombreuses elles sont — II n’est pas de bon programme sans Burton. Bref, il prend son droit de cité en Belgique où l’estime et la considération dont il jouit n’ont d’égales que sa modestie, sa bonne camaraderie et son urbanité. Personnellement, il m’a été donné de voir à l’œuvre Burton plus de cinquante fois dans des représentations organisées avec Inaudi dans des maisons d’éducation et je dois déclarer ici, ne serait-ce que pour rendre hommage à la vérité et toute idée de flagornerie écartée, qu’il obtint toujours un succès très grand, non pas seulement à cause de l’attrait de ses expériences, mais encore et surtout par cette façon « bon enfant » de présenter la chose. Sa gaîté franche, communicative ; sa verve primesautière et ses plaisanteries marquées au coin du tact le plus parfait ; cette bonhommie enfin, en font, à mon humble avis, l’un des meilleurs protagonistes des séances de ce genre.
Ce Franco-belge, car il lui faut donner ce nom, est resté néanmoins un excellent patriote, membre de toutes les sociétés françaises de bienfaisance, heureux de recevoir chez lui ses compatriotes qui y ont toujours trouvé un appui précieux, des renseignements, des « tuyaux » sur les ressources de ce petit mais excellent pays pour qui connaît la place. Donc depuis vingt-deux ans, il y maintient haut et ferme le sceptre de la physique amusante, possesseur d’un véritable record dont il peut-être fier, si l’on considère l’exigüité du territoire belge. N’est-ce pas là le plus bel éloge que l’on puisse faire d’un artiste ? Je ne saurais y ajouter rien de plus, sinon que ces quelques lignes sont seulement l’expression de la pensée bien sincère d’un collègue et ami.
G. DE THORCEY.
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