À partir de Post Atlantica de Noémie Goudal. Avec Chloé Moglia. Conception et réalisation : Noémie Goudal et Maëlle Poésy. Écriture de la suspension et sa réalisation : Chloé Moglia. Musique originale : Chloé Thévenin (composition et interprétation). Scénographie : Hélène Jourdan. Lumières : Mathilde Chamoux. Costumes : Camille Vallat.
Une artiste et une metteuse en scène ont créé une sorte d’ovni avec lequel, disent-elles d’objet veut concerner et toucher le public au plus près. « En s’inspirant de recherches en paléoclimatologie et d’études sur nos perceptions en milieux clos, elles veulent essayer, disent-elles, d’interroger nos sensations et nos besoins de repères spatio-temporels. « Quels vertiges nous saisissent quand la ligne d’horizon disparaît ou devant les aspérités du sol ? Que passe-t-il quand nous ne savons plus séparer le jour de la nuit ? »
Dans un angle de la belle cour d’un hôtel particulier, un triptyque d’écrans géants où s’inscrivent trois films. D’abord, la nuit, une palmeraie à la photo imprimée sur de grandes bandes de papier que des techniciens déplacent pour le restructurer. Illusion totale et magnifique à la limite de la magie. Quelque minutes après le début, le public s’aperçoit qu’il s’agit d’un dispositif vidéo très élaboré. Il y a un peu de vent, puis la palmeraie en proie en flammes légères s’embrase de plus en plus vite. Un trucage sans aucun doute mais impressionnant…
Ce film très bien réalisé est issu de Phoenix une œuvre de Noémie Goudal. Puis l’écran de droite, apparaît un paysage de rochers, toujours avec un même système de bandelettes qui se décrochent (en images) mais là aussi l’illusion est tenace et nous avons envie d’y croire… Puis celui de gauche, cette fois avec un vrai technicien aux commandes de robinets hydrauliques sur le côté gauche, l’image de grotte (mais peu visible par les spectateurs qui comme nous sont sur ce côté, se défait, un mince rideau d’eau coule et anéantit un papier hydro-soluble. Et apparaît alors un autre paysage de rochers imprimé sur un tissu vinyl. Et dans cette dernière partie une acrobate-équilibriste Chloé Moglia se suspend aux barres mais sans aucun filet et se confronte à un vide de plusieurs mètres avec une remarquable fluidité comme en apesanteur et jouant avec le vertige qu’elle nous impose… Toute cette performance se déroulant sur une musique électronique et des enregistrements de bruits d’eau et jungle, de Chloé Thévenin aux basses insupportables quand on est près des baffles…
Le spectacle, mis en scène par Maëlle Poésy qui avait créé cette saison un remarquable 7 minutes de Stefano Massini est une merveille de réalisation servie par une équipe importante de techniciens. Mais passé l’éblouissement du premier quart d’heure, cette Anima nous a laissé sur notre faim. Que veut nous dire au juste Noémie Goudal avec cette installation-performance ? La déconstruction/reconstruction, la situation précaire de l’humain sur la planète, les déséquilibres actuels de la température sur terre. Mais Noémie Goudal, et Maëlle Poésy ont-elles conscience que toute la technologie ultra-sophistiquée qu’elles s’imposent, contribue sans aucun doute à la destruction radicale de notre environnement ?
Désolé, mais ici le « In » avec des dispositifs comme celui-ci, ou les compagnies du « Off » avec ses dizaines de milliers d’affiches imprimées donc absorbant un maximum d’énergie, de papier épais et d’encres chimiques sont déjà très en retard et cela ne semble émouvoir personne… Il est plus que temps de revenir à des pratiques nettement plus écologiques… On nous répondra sûrement qu’il n’y a pas moyen de faire autrement et qu’il faut vivre avec son temps. Mais il faut aussi regarder ce qui se passe dans le temps que nous vivons… Et tant que nous, y compris dans les gestes quotidiens, nous n’aurons pas tous compris cela… il y a de quoi être inquiet.
– Source : Le Théâtre du Blog.
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