Alan Warner, pour tous les amateurs éclairés, est l’artisan par excellence des appareils de micro magie. Il excelle par ses talents dans la création d’effets combinés à des ouvrages d’ébénisteries qui lui valent, depuis près de 30 ans, une place quasi légendaire dans le milieu de la magie.
C’est en 1972 que, pour la première fois, le nom d’Alan Warner est considéré comme étant « la Rolls des fabricants de trucs ».
Avec lui, point de productions utilisant des ersatz en carton, métal et contreplaqué, si souvent dissimulés par une fine pellicule de peinture. Chaque pièce a été confectionnée à la main et uniquement dans les meilleurs matériaux. Il n’est pas étonnant que ses pièces soient actuellement très prisées et recherchées par les collectionneurs du monde entier.
Peut-être était-ce prédestiné lorsqu’en 1997, il prend sa retraite pour s’installer dans le nord des Cornouailles, ce comté de l’Angleterre enveloppé de mystères ? Dans cette contrée la plus à l’ouest, là où se rencontrent les flots tumultueux de l’Atlantique et de la Manche, dans le bras de mer de Bristol et dont les côtes étaient la hantise des passeurs d’antan.
Comté célèbre mais plus encore par le village de Tintagel, lieu de naissance du légendaire Roi Arthur, fils d’Uther Pendragon, où il fut élevé et conseillé par Merlin. C’est en ces lieux que Merlin fonda la Table ronde, site de la cour du Roi Arthur, même si certaines versions de l’histoire lui préfèrent Camelot, qui pourrait avoir été dans le Somerset.
Alan a élu domicile dans un minuscule hameau de Wainhouse Corner, très proche de Tintagel et où la ville la plus proche se trouve à 12 kilomètres. Sa maison, très confortable, se double d’un studio et d’un atelier où il peut créer et fabriquer à la commande sa gamme exclusive d’objets de Mini Magie. C’est ici qu’il vit et travaille avec son épouse, Mignon Warner, auteur de nombreux ouvrages traitant de la criminalité (l’un d’eux s’intitule Illusion !). Bien qu’Australien de cœur, Alan a ses racines en Cornouailles.
Tout a commencé à Harrow où Alan est né en 1935. C’est ici, non loin de la célèbre école pour princes et rois, qu’il grandit et eut ses premiers émois pour la magie. Un jour, un camarade de classe, à qui l’on avait offert l’effet intitulé Coin In Nest of Boxes (La pièce et les boites gigognes), lui en fit une démonstration. Alan fut subjugué par l’exécution de celui-ci. Il pensa que son ami était doué d’une très grande habileté. Malheureusement pour Alan, son ami ne lui révéla pas le secret. Cependant, quelques temps plus tard, il découvrit ce tour dans une vitrine et s’empressa d’entrer dans la boutique pour en faire l’acquisition.
Plus tard, son père l’emmena à Londres visiter la boutique Ellisdon’s Magic. Cet endroit, apparu aux yeux de cet enfant de 11 ans, comme une véritable caverne d’Aladin (Ou Ali Baba, au choix !). Il y acheta un certain nombre d’effets distribués par E. & S et son intérêt pour la magie augmenta encore lorsqu’un voisin lui fit une démonstration de magie et lui donna un petit livre sur cette discipline.
L’année de ses 12 ans, ses parents décidèrent d’émigrer en Australie. En cette période de guerre mondiale, l’Angleterre était morne et terne. Bien que le conflit fût terminée depuis un an, il y avait pénurie de tout et de nombreux bâtiments avaient été endommagés par les bombardements.
Ils ne purent résister à l’attrait d’un climat chaud et ensoleillé quand son père eut l’opportunité d’ouvrir une nouvelle usine d’impression en l’Australie. De plus, ce pays ouvrait ses portes à l’immigration et en 1946 on pouvait s’y rendre pour seulement dix livres (Sterling, bien entendu !). La seule contrainte était de vous engager à y rester pendant au moins deux ans. C’est dans ce climat que la famille d’Alan partit s’installer à Adélaïde dans le sud de l’Australie.
A la fin de ses études, il suivit les traces de son père en entrant dans le monde de l’impression pour devenir photocomposeur/lithographe. Il s’appliquait à retoucher les couleurs des reproductions d’art, de peintures, etc. Pendant cette phase de transition entre sa scolarité et son entrée dans le monde du travail, son intérêt pour la magie ne faiblit pas. C’est tout naturellement que son attrait pour cette discipline s’orienta vers la magie pour enfant. En effet, il y avait une forte demande de magiciens lors des fêtes d’anniversaire. Le seul inconvénient, à cette époque, c’est qu’à Adélaïde, il n’y avait pas de magasins de magie, même s’ils en existaient à plusieurs centaines de milles de là, à Sydney et Melbourne. Par conséquent, l’acquisition d’appareils de magie posait quelques problèmes.
Bien qu’en possession d’un certain nombre d’effets standard, la seule façon pour Alan d’augmenter son répertoire fut de créer ses propres tours. Grâce à ses connaissances, son patrimoine magique et son talent en tant que photocomposeur/lithographe, le tout combiné à son flair pour élaborer de nouvelles idées, il fut bientôt capable de produire de nombreux effets originaux.
De plus, il est heureux pour Alan que l’excellente bibliothèque d’Adélaïde recelât de nombreux ouvrages de magie, tel que Modern Magic du Professeur Hoffmann ainsi que d’autres grands classiques. Il put donc étudier, beaucoup apprendre et acquérir les techniques de base de la magie.
Alan, comme la majorité d’entre nous, aimait les rencontres entre magiciens, non seulement pour la camaraderie qu’elle engendre, mais parce qu’elles lui permettaient aussi de se tenir au courant des toutes dernières nouveautés de l’art magique. C’est ainsi qu’Il rejoignit The Australian Assembly of Magicians qui avait une succursale dans chaque État. Plus tard, Charles Wicks fonda à Adélaïde le IBM Garden City Ring en 1948, et Alan fût invité à devenir un des membres fondateurs. Malheureusement, il dût partir effectuer son service national et fût contraint de refuser l’invitation. En revanche, à son retour, il rejoignit le cercle et prit les fonctions de secrétaire pendant de nombreuses années.
Parfois des magiciens professionnels se produisaient dans l’unique théâtre d’Adélaïde, ou alors pour des spectacles de cabaret dans l’un des hôtels. En particulier, Colin Dexter, un magicien de Sydney, qui, à chacun de ses passages en ville, recevait Alan et ils passaient leur temps à parler magie. En outre, lors de la convention de l’étrange, il avait la chance de rencontrer d’autres magiciens et de pouvoir assister à des conférences.
Même s’il a rencontré et épousé une Australienne répondant au doux nom de Mignon, l’attrait pour sa patrie était là, toujours intact. En 1969, il profita de trois mois de congés qui lui étaient dû, pour faire le voyage en Angleterre avec Mignon. Ils décidèrent de faire de ce périple une longue croisière pendant laquelle ils firent de nombreuses escales dans beaucoup de pays.
Arrivés, ils s’installèrent dans un appartement du célèbre quartier branché de Londres, Sloane Square. Ils apprécièrent tellement la vie qu’offrait cet endroit, tant par l’abondance de scènes de rue, de théâtres et autres divertissements, qu’ils décidèrent de rester dans ce Londres animé des années soixante.
Son premier objectif fut de trouver un emploi dans le monde de l’imprimerie. Malheureusement, il ne trouva rien correspondant à ses compétences. C’est là que la magie prit une place prépondérante dans sa vie. Elle a toujours été sa grande passion et quand l’opportunité se présenta pour devenir démonstrateur dans la boutique de Ron MacMillan (International Magic) rue Clerkenwell à Londres, il sauta sur l’occasion. Il participa entre autre à la préparation d’une exposition des effets magiques de Ron pour l’International Magic qui se tint dans le célèbre magasin londonien Harrod’s.
Par la suite, Ron ouvrit une espace magie dans le célèbre magasin de jouets Hamley’s, où il invita Alan à gérer cette section magique et assurer la démonstration des tours proposés, ce qu’il fit pendant quelques années. C’est en ces lieux, bien que quelque peu limité par le nombre d’effets proposés, qu’il prit véritablement goût au close-up.
En fait, il lui apparut qu’il n’y avait pas assez d’effets de close-up sur le marché. Même si la firme Tenyo proposait déjà une gamme de tours de ce genre. Ils étaient, à cette époque, très rudimentaires et Il faudra attendre encore quelques années avant de connaître une gamme de qualité telle qu’elle existe aujourd’hui. Et bien sûr, il y avait Eddie Taytlebaum, qui, peut-être plus que quiconque, a très fortement influencé et inspiré Alan dans son travail de fabrication artisanal, et donc exclusif, d’effets magiques.
Il y avait donc un marché pour ce type de magie !
Dans l’Angleterre du début des années soixante-dix cette discipline était appelée tour de poche ou micro magie. Il faudra attendre un certain temps avant d’entendre le terme de close-up, et par conséquent qu’il devienne le nom officiel de cette branche de la magie. Un coup d’œil sur le programme du congrès du British Ring pour se rendre compte qu’en ces années-là, cet aspect de la magie était recensé sous le vocable de Micro Magie.
Bien que non cartomane, l’esprit fertile d’Allan commença à imaginer des idées de Mini Magie comme il les appelait, puis à créer, grâce à ses talents de constructeur et sa créativité, de nouveaux effets. Il décida de faire le grand saut pour devenir artisan marchand d’effets magiques. Bien qu’Il n’ait jamais envisagé de vivre de la magie, il pensait qu’en combinant sa nouvelle activité avec celle de spectacles pour enfants, il serait en mesure d’obtenir de confortables revenus.
En fait, après sa première publicité parue dans la revue Abracadabra de 1972, il n’eut plus jamais à regarder une seule fois en arrière et n’eut jamais à compléter ses revenus avec des shows pour enfants. Son entreprise, telle une boule de neige, se développa et prospéra.
En dehors de ses compétences d’imprimeur photocomposeur, d’animateur pour enfant et de démonstrateur de magie, comment fut-il capable de construire, à partir de quelques morceaux de bois, des appareils complexes permettant d’assumer le contrôle de l’effet sous le nez du spectateur ?
Il semble que dans ce domaine il soit complètement autodidacte. Même si pendant sa scolarité en Angleterre, avant son départ pour l’Australie, il ait fait quelques travaux de menuiserie, mais Il n’avait aucune formation spéciale !
Bien sûr, nous pourrions penser que ces compétences viennent de là. En fait, il faut se rendre à l’évidence que son talent est inné ! Le plus incroyable, c’est qu’aujourd’hui même, il n’utilise que trois outils : un couteau de poche, une ponceuse, et « quelque chose » appelée une scie à champs tournés.
Tout au début, Alan utilisait une scie sauteuse pour découper ses pièces de bois, ce qui rendait la tâche ardue. C’est lors d’une exposition sur les métiers du bois, à Londres, qu’il découvrit une machine spéciale lui permettant de faire des coupes beaucoup plus subtiles que ne pourrait jamais lui permettre une scie sauteuse. La démonstration l’ayant convaincue, Alan acheta sur place cette nouvelle scie, qui est en fait une scie à champs tournés. Son seul souci fut que ce matériel ne comportait pas de mode d’emploi. Par conséquent, il dût s’essayer à diverses méthodes de découpe avant de pouvoir utiliser au maximum le potentiel de cette machine. Et faire aussi de nombreuses tentatives pour l’utiliser convenablement, afin de pouvoir débiter et usiner de très fines pièces de bois. A force d’essais, il maîtrisa l’usage de cette machine qui s’avéra un investissement rentable et bénéfique.
Curieusement, près de 10 ans après l’acquisition de ce précieux équipement, il trouva, dans un magazine spécialisé, une publicité pour un livre relatif au bon usage de cet équipement. Quelle ne fût pas sa grande satisfaction de découvrir qu’il avait bien utilisé les différentes possibilités qu’offre cette machine. Toutefois, il y découvrit également quelques utilisations supplémentaires.
Depuis qu’Alan est créateur/marchand de micro magie et ne construit que ses propres créations. Il serait certainement l’homme idéal si vous souhaitiez, disons, une Boîte Koran en teck ou en toute autre essence noble de bois. Cependant, il explique que cela demande énormément de travail que de construire une reproduction parfaite et qu’il n’a tout simplement pas le temps de travailler sur les effets magiques créés par d’autres. Peu importe la renommée du demandeur. Que vous soyez David Copperfield, Lance Burton, ou tout simplement son voisin magicien, sa réponse sera toujours un non poli.
Mais qu’est ce qui fait que ses pièces soient tellement prisées parmi sa clientèle ?
Une des raisons est que chaque pièce est individuellement fabriquée dans les meilleurs matériaux. Il ne réalise qu’un certain nombre d’objets, et chacun est de sa propre invention. Bien qu’il se nomme lui-même fabricant, ce terme a été rapidement abandonné, car pour lui le mot fabrication évoque souvent une production en série. Bien que le nombre total de ses créations originales tourne autour de 100, seules 90 d’entre elles ont effectivement été mises sur le marché. Son dernier catalogue, sorti il y a environ trois ans (en 2000), en a porté le nombre à un peu plus de 80, mais depuis lors, le total est passé à 90 environ. Aujourd’hui, il n’y a plus qu’une trentaine de ses créations au catalogue.
Je lui ai demandé quels étaient ses effets préférés. Alan doit certainement avoir un objet fétiche parmi ce si grand nombre de créations ! Étonnamment, sa préférence va toujours à la création sur laquelle il est en train de travailler. Il dit vivre carrément avec, à chaque stade de la création, de l’idée de base à la conception, choix des matériaux, et la réalisation de deux ou peut-être même trois prototypes. Avant la finalisation de l’effet et d’arriver à la perfection.
Alan explique que son approche est totalement différente de celle d’un magicien qui se produit. Il est naturel pour l’artiste d’avoir des préférences pour certaines routines. Mais comme Alan ne se produit pas, son dernier projet devient son favori. En effet, ses créations partent de rien jusqu’au produit fini. Tout naturellement l’objet du moment devient partie intégrante de sa vie pendant la durée de sa réalisation. Le processus de construction est semblable à celui d’un modèle d’avion.
Certains effets comprennent un assemblage de 20 à 30 pièces. Une fois le prototype terminé, il lui faut encore réaliser trois modèles qu’il teste avec rigueur et sérieux quotidiennement, et ce pendant une période de trois semaines. Après ce banc d’essais et si l’objet fonctionne parfaitement, Il pourra enfin en faire la publicité.
Dans les premiers temps, il réalisait jusqu’à trois ou quatre objets à la fois. Aujourd’hui, il n’en conçoit plus qu’un seul. Bien entendu, le temps nécessaire pour le développement d’un nouvel effet varie de l’un à l’autre. Certains ne prennent que quelques semaines. Mais d’autres, comme Voo Doo, a nécessité près de deux ans d’élaboration en raison de la mécanique et de l’ingéniosité utilisées.
Il a dû surmonter toutes sortes de difficultés pour que cet effet puisse fonctionner parfaitement. Comme son nom l’indique, cet effet a un côté mystique, voir ésotérique. Sur la table, le magicien présente une boite en teck, de forme rectangulaire, décorée sur le dessus d’une tête de démon qui rappelle celle d’un loup, ainsi qu’une fine figurine de bois faite de la même essence représentant la silhouette d’un homme percée de quatre trous : un dans la tête, un dans le tronc, un autre dans la jambe et enfin le dernier dans le pied (Note du traducteur : On peut apparenter cette figurine à une sorte de poupée Dagyde).
Le magicien donne trois chevilles en bois au spectateur qui est invité à les placer dans 3 des 4 trous de la figurine. Le magicien raconte l’histoire d’un démon, qui par la puissance du Vaudou, a Influencé le choix du spectateur quant au positionnement des chevilles dans les trous. Le magicien prend la petite boite présente sur la table depuis le début de l’effet, et la penche ouverture vers le bas pour en vider son contenu. Une silhouette identique à la première glisse hors de la boite à la différence que celle-ci ne présente qu’un seul trou… celui laissé libre par le spectateur !
Le choix du spectateur est totalement libre. C’est l’objet, spécialement conçu, qui fait tout le travail. Même si cette boite est relativement mince, elle contient les quatre possibilités que le spectateur pourrait être amené à faire. Bref, la boite contient 4 figurines, chacune trouée de façons différentes (tête, tronc, jambe et pied).
Alan Warner a réalisé là une construction fort ingénieuse qui permet à l’artiste, sans aucune hésitation, de pencher la boite pour en déloger la figurine de bois correspondante au choix du spectateur !
Ainsi, on comprendre aisément que chaque nouvelle création peut accaparer son esprit tout le temps de la genèse de son nouvel effet. Et que par conséquent, il devienne son effet favori jusqu’à ce qu’une nouvelle commande prenne le relais, devenant ainsi son nouvel effet favori !
La construction d’appareil de magie, lui prend beaucoup de sa vie. Il ne lui reste guère de loisirs pour assister aux réunions de club de magie qui font normalement partis de la vie des magiciens. Cependant, il a rejoint le British Ring IBM, et continue, depuis 25 ans, à en être un membre actif en participant en tant que marchand à diverses conventions, telles celles de la FISM, de Blackpool, et du British Ring. Et il publie régulièrement depuis plus de 10 ans.
Aujourd’hui, il ne le fait que de temps en temps, notamment lorsqu’il publie un nouveau catalogue, mais aussi surtout pour montrer qu’il est toujours présent et actif pour le monde de la magie. Il a une clientèle régulière qui est intéressée par sa gamme exclusive de magie. C’est pourquoi, à chaque nouvelle création, il publie un mailing accompagné d’une plaquette contenant la description de l’effet ainsi que des photos. Certains magiciens collectionnent tout ce qu’il a créé. D’autres sont seulement intéressés par sa collection d’objets magiques égyptiens.
Parmi ces clients on trouve des noms célèbres comme Paul Daniels qui a utilisé un certain nombre de ses effets lors de ses shows TV.
L’un d’eux s’intitule Enigmatic, un effet mental fondé sur des coïncidences de paires. Mais au lieu de se servir de cartes ESP comme le voudrait une telle expérience, ce sont des jetons en teck de forme rectangulaires qui sont utilisés. Sur chacun d’eux est représenté des idéogrammes chinois de couleurs différentes et rangés dans une petite boite révélatrice.
Cette approche « exotique », égyptienne ou asiatique, permet en quelque sorte de susciter l’intérêt du public.
Lors de ses débuts à titre de marchand, il ne vendait pas que des effets de close-up. Un coup d’œil à l’un de ses premières catalogues révèle de nombreux effets pour enfant comme : Paint The Magic Box, Clown Caper, Spooky Flibbertigibbet, Dom-Dom Domino, Alphabet Antics et The Scarecrow.
The Scarecrow est un ensemble dont les pièces majeures sont une grange et un tableau sur lequel figure l’épouvantail Basil Huntingdon-Smythe, fait de petites pièces de feutrines. Celui-ci a la mine bien triste depuis que quelqu’un lui a volé ses vêtements. Le tableau est placé dans la grange en bois montrée vide auparavant.
Quelques pièces de feutrine de couleur vive sont présentées et placées dans un sac à déchets. Le magicien prononce une formule magique, les pièces de feutrines disparaissent du sac et la grange s’ouvre pour révéler Basil tout sourire car il a recouvré tout ses vêtements : pantalon de couleur patchwork, veste et chapeau à plumes.
J’ai eu récemment l’occasion de voir Keith Bradbury interpréter Dom-Dom Domino à son domicile, près de Coventry. C’est un effet très coloré et trompeur. Plus tard, il a été adapté pour le close-up sous le titre Do-Mini-O. Trois grands dominos blancs avec des taches noires sont utilisés conjointement avec un mince réceptacle et trois longueurs de ruban de couleur rouge, jaune et vert.
Do-Mini-O.
D’abord le ruban rouge est placé sur l’ouverture du réceptacle et un des dominos est lâché dans celui-ci. Une fois le domino à l’intérieur, une passe magique est faite, le domino est sorti du réceptacle et on révèle que les points du domino sont passés du noir au rouge ! La procédure est répétée avec le second domino et le ruban jaune ; les points du domino changent de couleur pour devenir jaune. Enfin, les trois rubans sont placés sur l’ouverture du réceptacle, le troisième domino est lâché à l’intérieur. Miracle ! Le domino révèle alors des points multicolores rouge, jaune et vert.
Pour la célébration du second millénaire, Alan a créé une pièce unique de collection sous la forme d’un très bel ouvrage d’ébénisterie en acajou destiné à abriter une combinaison de huit effets uniques de Mini Magie, certains anciens et d’autres originaux.
Millenium magic set
A l’origine Alan avait prévu d’en réaliser 12, soit un par mois. Mais devant la demande il a dû s’incliner et réaliser jusqu’à 25 coffrets, mais il n’en fera plus par la suite.
Ce coffret commémoratif contient :
Paddle Trick : l’artiste montre une pagaie où se trouvent 3 points blancs de chaque côté. Il passe la pagaie à travers le poing et le point du bas devient rouge. Il réitère l’opération une seconde fois et là c’est le point central qui devient orange. Enfin, il passe de nouveau la pagaie à travers le poing et le troisième point passe du blanc au vert. Il y a maintenant un feu tricolore de chaque côté de la pagaie ! En final, l’artiste fait de nouveau une passe à travers le poing et tous les points redeviennent blancs ! Il propose au spectateur de faire de même… bien entendu, celui-ci n’y arrive pas.
Magic Belt Hook : Un effet qui défie la gravité. Une ceinture est suspendue à la pointe d’un crochet en bois lui-même suspendu sur l’extrémité d’un doigt.
Kubika : Un effet de libération d’un bloc. Un bloc possédant une fente transversale au ¾ de sa hauteur est placé dans une cheminée possédant la même fente. Un ruban est passé au travers des fentes emprisonnant ainsi le bloc dans la cheminée. Or le bloc se libérera du ruban à la commande !
Kubika
Coin Blocs : Selon laquelle une pièce de monnaie ôtée d’une petite boîte à couvercle et placée dans la poche du magicien revient instantanément dans sa boîte dont le couvercle avait été refermé au préalable. Dans un second temps, la pièce est signée par un spectateur, remise dans la boîte et le couvercle refermée. Malgré toutes ces précautions la pièce signée disparaît de la boîte pour réapparaître dans la poche.
Géométrique : Où un spectateur choisi librement entre 3 petites cartes de plastique dont chacune porte une découpe géométrique en son centre (triangle, carré et cercle). La carte élue est placée à côté d’une petite boîte en bois à tiroir, présente depuis le début sur la table. Le tiroir est sorti de la boite et révèle qu’il contient la même carte que celle librement choisie par le spectateur.
Candle Candle : Une tablette en bois – sur laquelle est peinte une bougie allumée d’une flamme orange – est placée à l’intérieur d’un étui de bois. Le magicien souffle sur l’étui puis la bougie est glissée hors de l’étui. La flamme de celle-ci est devenue bleue ! Il réitère l’opération, la flamme reprend sa couleur d’origine (orange). Enfin, il invite le spectateur à souffler sur l’étui contenant la bougie. Lorsque cette dernière est sortie de son étui … sa flamme est éteinte ! Le spectateur a dû souffler trop fort !
Spot On : Un jeu composé de 10 dominos spéciaux en bois, comprenant sur chaque extrémité un point de couleur différente. Ils sont placés face en bas et mélangés. Le magicien demande au spectateur de désigner un des dominos. Celui-ci est placé face cachée dans un étui en teck. Les dominos restants sont distribuées en ligne, face visible, tout en respectant la règle du jeu. C’est-à-dire qu’un des côtés du domino posé doit représenter la même couleur que le domino déjà sur la table (bref, les points de couleurs identiques sont mis bout à bout). A la fin, nous obtenons une ligne avec, à chacune de ses extrémités, un point de couleur différent. Ces deux couleurs sont notées. Le domino initialement choisi par le spectateur est ôté de la boite … et il apparaît que les deux points de couleurs des dominos correspondent aux points de couleur à chaque extrémité de la ligne de dominos !
Comment est née la collection égyptienne ?
Il semblerait que son vif intérêt pour l’égyptologie soit à l’origine de son orientation vers certains effets s’inspirant de ce thème. Il s’est dit que ce style de magie jamais exploité pourrait créer un certain intérêt.
Il y a de nombreuses années, Thayer avait bien diffusé un effet magique sur le thème de l’Égypte. Mais depuis, il n’y en a eu que très peu. Une fois de plus, Alan a senti qu’il pourrait y avoir un marché pour ce type particulier d’effet magique. C’est ainsi qu’il a développé ce thème. Tous les effets de cette collection portent des noms que l’on peut aisément associer à l’Egypte ancienne. Comme The Pharaoh’s Curse (La Malédiction du Pharaon), Les Tablettes de Râ, Scarab-Scarab, etc.
Un de Ses tous premiers effets a été La Momie.
Le couvercle d’un sarcophage est retiré pour révéler une momie égyptienne dans son cercueil. Le cercueil est sorti du sarcophage et la Momie se met mystérieusement à léviter. Puis la Momie dans son cercueil est replacée dans le sarcophage dont on referme le couvercle. L’attention des spectateurs est appelée vers un autre sarcophage vide dont le couvercle est orné d’une pierre. Celui-ci est refermé. L’opérateur explique que la momie a le pouvoir de se dématérialiser. Le couvercle du premier sarcophage est ôté pour permettre de constater que la momie a disparu de celui-ci. Bref ! Elle s’est dématérialisée ! Le second sarcophage est ouvert à son tour pour révéler que la Momie s’est matérialisée à l’intérieur de celui-ci !
Comme beaucoup de ses effets « ordinaires », ceux de la collection égyptienne entrent dans la catégorie magie mentale. Tel que celui nommé Horus-Scope (Le regard d’Horus).
Le public voit un mince étui de teck ouvert aux deux extrémités. Il porte sur son dessus un ornement de bas relief représente l’œil d’Horus. Un petit papier plié, glissé dans l’étui, dépasse de ses deux extrémités. Il s’agit en fait d’une prédiction faite par Horus, un des très puissants Dieux de l’Egypte Antique. Les spectateurs peuvent voir aussi une petite boîte en forme de temple, décoré de scènes égyptiennes, contenant six tablettes de bois. Chacune de ces tablettes représente un hiéroglyphe en bas relief de couleur distincte. Elles sont alignées sur la table et un spectateur est invité à en sélectionner une, puis de retirer le petit papier de l’œil d’Horus et de lire ce qui y est écrit à haute voix. La prédiction s’avèrera à chaque fois exacte !
Le dernier né de cette collection, Flight of the Falcon (Le vol du Falcon), a été créé pour célébrer sa 25ème année au titre de fabricant marchand. Cet effet a été développé à partir de Eye of Isis (l’Œil d’Isis) dont la fabrication a été arrêtée depuis maintenant près de huit ans.
Flight of the Falcon
Il s’agit de l’histoire du Pharaon Soris, dont la tombe a été pillée de tous ses artefacts sacrés, ne laissant que les coffres et les cercueils vident. Le magicien explique que les reliquaires abritaient les objets sacrés de la personne de Pharaon, ainsi que des cartouches représentant les faucons chargés de protéger son trésor. L’artiste montre un écrin pouvant contenir trois faucons sacrés. Mais cet écrin n’en contient que deux pour le moment, pour la simple raison qu’un faucon est déjà présent dans le reliquaire (En effet, le reliquaire, même s’il est vide, doit être en permanence gardé par un faucon sacré). Le reliquaire, orné d’un motif de couleur représentant la tête de Soris, est secoué et on peut y entendre le bruit que fait le cartouche du troisième faucon. Le reliquaire est ouvert et, en effet, il y a bien un faucon bleu à l’intérieur. Le reliquaire est refermé et secoué de nouveau… aucun bruit ne se fait entendre. Maintenant le reliquaire n’est plus protégé ! Aussi, le spectateur est-il invité à désigner le faucon qui protègera le reliquaire même si celui-ci est vide. Une fois le faucon désigné, l’écrin les contenant est refermé. Le magicien explique que le faucon désigné a déjà pris son envol pour regagner et protéger le reliquaire. La boite est ouverte, le faucon désigné a disparu et est retrouvé dans le reliquaire !
Sa dernière création* est Jack the Lad (Jack le voleur) sur le thème de l’art.
Jack the Lad
C’est l’histoire de quatre toiles de maître inestimables qui sont conservées dans une malle fermée à clé. Les quatre toiles sont sorties de la malle et présentées au spectateur. Celui-ci doit désigner la toile qui, à ces yeux, est la plus précieuse. Ensuite toutes les toiles sont replacées dans la malle. L’attention est portée sur un petit étui contenant une enveloppe. Cette enveloppe contient une carte, un peu spéciale, marquée d’un J sur son dos, qui est en fait la signature de Jack, voleur d’œuvres d’art ! Sur la face de la carte l’on peut voir une photo de Jack avec un tableau sous son bras. La carte est mise dans l’enveloppe et cette dernière scellée. Le spectateur est invité à marquer l’enveloppe de ses initiales. En fait, en faisant ceci, il donne l’ordre à Jack de voler la toile qu’il a désigné comme étant la plus précieuse. Horreur des horreurs ! La malle est ouverte pour montrer que la peinture désignée a disparu de son cadre. L’enveloppe est décachetée, et on peut y retrouver à l’intérieur la peinture dérobée.
Là encore, les accessoires pour produire ce miracle sont magnifiquement réalisés. Les toiles miniatures sont de véritables reproductions de célèbres peintres australiens. En revanche, Alan a admis que les cadres dorés n’ont pas été réalisés par ses soins mais achetés. La petite malle est composée de 30 pièces. Celles-ci ont été faites dans du pin d’Oregon simplement poncées. En effet, l’aspect visuel doit être le plus proche d’une malle de stockage faite de bois brut. Le reste des accessoires sont réalisés en teck ou chêne clair.
Alan explique que la réalisation de toutes ces pièces génère pas mal de gaspillage, notamment dans la réalisation de certaines d’entre elles. Ceci pour diverses raisons, par exemple un grain ou un fils de bois non conforme avec ce qu’il doit réaliser.
Fait intéressant, Alan n’aime pas utiliser le forçage. Il préfère que le spectateur puisse user de son libre choix. Jack the Lad a été conçu pour que la toile librement choisie puisse disparaître une fois dans la malle.
Alan Warner est un homme qui a su créer son propre créneau dans l’univers de la magie, et dont la finesse de son travail d’artisan est grandement reconnu et suscitera l’envie des connaisseurs et collectionneurs pour les décennies à venir.
* Depuis la publication de cet article, Alan a créé de nouveaux effets, notamment THE GILLYMAN et MINI DOUBLE TROUBLE (Note du traducteur)
Extrait de la revue Genii de juillet 2003. Avec l’aimable autorisation de Richard Kaufman. Copyright 2003 by the Genii Corporation. All Rights Reserved. Traduction : Frédéric Ferrer. Crédits photos – Documents – Copyrights avec autorisation. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants droit, et dans ce cas seraient retirés.