Viviane Sassen (né en 1972), est une photographe néerlandaise de mode qui travaille à la limite de l’abstraction et du surréalisme. Elle a collaboré pour des magazines de référence comme I-D, Purple, Another Magazine, Numéro… et réalisé des campagnes pour Stella McCartney, Carven ou encore Miu Miu.
Viviane Sassen a une place à part dans la photographie de mode car elle ne se soucie pas de ce qui est justement « à la mode ». Elle ne regarde pas non plus ce que font ses collègues et fait simplement ce qu’elle aime avec spontanéité et intuition. Sa façon de travailler donne de la personnalité à ses photos qui sont toujours un terrain de jeu idéal pour expérimenter sans préméditation. Ce qu’elle aime avant tout est de créer des images qui à la fois séduisent et confondent.
Jeux de miroirs avec le modèle Anna de Rijk par Viviane Sassen pour le magazine Numéro n°127 (October 2011).
Pour Umbra (2015), Viviane Sassen a saisi l’occasion d’essayer quelque chose de nouveau en sortant de sa zone de confort. Installations, vidéos, images animées, miroirs ; la lumière et le son jouent un grand rôle dans le montage de l’exposition. Cet accent mis sur l’art plutôt que la photographie de mode est une pause bienvenue dans le planning surchargé de la photographe.
L’imagerie qu’elle met en place attire l’attention du spectateur pour former la couleur et la composition. Ses modèles prennent des poses de « corps-flexion » dans des couleurs contrastées dans un habile positionnement de miroirs, permettant à la photographe de jouer avec deux et trois dimensions. Ainsi, les ombres obscurcissent la forme humaine pour créer des formes amorphes qui captivent l’imagination.
« Umbra parle de la mort, du deuil, d’un processus spirituel pour moi, un voyage à concilier avec mon ombre. C’est une sorte de thérapie. J’ai grandi dans la peur de la mort et, petite, je l’ai vue en face. J’ai passé trois années de mon enfance au Kenya, de l’âge de 2 à 5 ans. Mon père était médecin et, en Afrique, on côtoie plus facilement la mort. Elle est partout dans la rue. Ma grand-mère, qui vivait avec nous à cette époque, est décédée, et mon père a eu une opération au cerveau. Nous avons dû rentrer aux Pays-Bas. Il fallait que je revisite ces souvenirs d’enfance. » Viviane Sassen
Si l’ensemble de l’exposition est sombre et fragmenté, on retrouve la magie des couleurs estampillée Sassen dans les grands tirages de la série Axiom. Un carré translucide jaune, un vert et un rouge lévitent sur fond de paysages désertiques. Hommages photographiques au tableau Carré noir sur fond blanc de Kasimir Malevitch, ils transmutent, par l’abstraction, l’ombre en lumière, chromatique et vivante.
L’exposition Umbra (Jeux d’ombre en latin) présente des œuvres autonomes de photographies et d’installations multimédia, en un ensemble kaléidoscopique où l’ombre peut être vue comme une métaphore de la psyché. Les angoisses et les désirs, mais aussi l’imagination et l’illusion, intriguent et interpellent le spectateur. Un travail photographique entre réalisme et abstraction, perception et interprétation, certitude et illusion. Pour accompagner les photos, l’écrivaine Maria Barnas a composé des poèmes à l’invitation de Viviane Sassen.
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Crédit Photos : Viviane Sassen. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayant-droits, et dans ce cas seraient retirés.