Au sein du Pôle régional Cirque Le Mans, inauguré en 2008, la Cité du Cirque est une école de cirque loisirs et un lieu de résidence pour les artistes avec prochainement l’inauguration d’un chapiteau permanent. Un projet de labellisation Pôle national Cirque est en cours et deviendra le quatorzième en France et le premier en région Pays de la Loire. Cette performance originale a lieu en partenariat avec la ville du Mans, la Région Pays de la Loire et bien entendu, en collaboration avec la S.N.C.F. qui, pour une fois, fait preuve de création… Tiens, une devinette : « Pourquoi n’y a-t-il pas de distributeur de billets (sauf pour les T.E.R.) dans la nouvelle gare d’Aurillac refaite à neuf ? » Merveilleuse réponse : « Cela coûterait trop cher ! » Nous vivons une époque moderne. La fameuse petite phrase de Philippe Meyer, ancien chroniqueur matinal à France-Inter, reste toujours d’actualité…
Le collectif Protokoll et Johan Swartvagher, Yann Frisch, Samantha Lopez, Aude Martos ont imaginé une performance-spectacle de cinquante minutes environ aller avec quelques suites au retour, à bord d’un TER Le Mans-Angers. L’embarquement se fait trente minutes avant le départ avec contrôle du billet à 8 € et bien sûr, du passe sanitaire pour quelque 220 passagers au lieu des 270 voyageurs prévus, de façon à laisser un peu d’espace aux quatre artistes/contrôleurs et contrôleuses au costume approximatif qui rappelle celui des vrais. Ils font monter en rang les passagers dans les wagons du TER qui n’ont subi aucune modification autre que des rideaux en fil noir pour séparer les différentes aires de jeu. Aucun élément de décor non plus, mais aucune lumière de projecteurs, juste celle du soleil qui, à dix-sept heures en ce dimanche de septembre brille encore sur la belle campagne entre Le Mans et Angers. Une musique électronique discrète ne nuit en rien à la vue imprenable et gratuite sur les troupeaux de vaches et les prés tout verts… Bref, tout le charme de la célèbre douceur angevine ou sarthoise…

Crédit photo : Thomas Brousmiche.
Les jeunes « contrôleurs » font avancer le public pour libérer le couloir central qui servira de scène aux jongleurs qui vont faire valser leurs deux, puis trois, puis quatre, voire cinq massues blanches dans ce train en marche donc sur un sol en mouvement… Chapeau ! La cerise finale sur le gâteau : une massue affublée d’une savate qui pivote sur le doigt d’un jongleur…

Crédit photo : Thomas Brousmiche.

Crédit photo : Radio France – Raphaël Cann.
Et puis, un autre jeune contrôleur aussi barbu que les autres s’assied dans l’étroit couloir et demande aux voyageurs de s’approcher. Il doit y avoir ainsi une vingtaine de personnes très proches de lui, parfois à moins d’un mètre. Rien dans les mains rien dans les poches sinon un ou deux jeux de cartes. Divination, disparitions diverses mais toutes remarquablement réalisées mais le tour le plus fort et vite mené : le jeune contrôleur barbu bat un jeu de cartes, en fait choisir une à une voyageuse, la lui fait montrer au public : c’est le 9 de pique, puis la remet dans le tas qu’il a toujours dans la main gauche – son poignet étant solidement tenu à sa demande par un voyageur – nous allons voir le tas diminuer à vue d’œil…Il n’en restera à la fin qu’une seule carte qu’il va retourner : le 9 de pique ! Yann Frisch, originaire du Mans et artiste associé au Pôle Cirque, a prouvé une fois de plus qu’il était un des meilleurs magiciens d’Europe. Et le public l’a chaleureusement applaudi.
On oubliera le récit d’une jeune actrice parlant du paysage ; malgré une bonne diction, elle avait le plus grand mal avec un texte faible à intéresser le public. Le train après cinquante minutes arrivera en gare d’Angers et en repartira presque aussitôt. Les artistes passant d’un wagon à l’autre, il n’y pas de jaloux et tous les passagers ont droit aux mêmes prestations. Au retour, nous sommes conduits dans un wagon climatisé de première classe aux vitres obscurcies où une comédienne-acrobate nous livre un autre conte cette fois avec beaucoup de virtuosité, passant d’un casier à bagages à un autre, tout en continuant à parler. Et revenus à nos places, nous aurons encore droit à quelques numéros de jonglage.
Un petit voyage sympathique et assez délicieux où tout le monde redevient un peu un enfant mais qui mériterait sans aucun doute d’avoir une véritable dramaturgie et une mise en scène plus élaborée. Petit hommage en passant, à l’ancienne compagnie bordelaise Fartov et Belcher (ce nom merveilleux étant issu d’En attendant Godot) dirigée entre autres par le metteur en scène Guy Lenoir, seul survivant de ces créateurs hors-normes. Ils avaient inventé ce concept de voyage-spectacle avec trois acteurs, il y a une quarantaine d’années dans un autobus de la ville puis sur une plage de la Garonne autour d’un grand feu de bois… Souvenirs, souvenirs, d’un bus à un train.
Source : Le Théâtre du Blog.
Crédit photos : Raphaël Cann et Thomas Brousmiche. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants-droit, et dans ce cas seraient retirés.