Souvenez-vous, amis lecteurs qui ont connu cette époque de ce qu’on appelait alors l’art cinétique apparu dans les années cinquante avec Alexander Calder dont les mobiles aux couleurs primaires installées en plein air bougeaient par le vent. Et, dans les années soixante avec entres autres, d’autres artistes comme Julio Le Parc dont il y a une salle avec une installation à la Foire Foraine d’Art contemporain au Cent-Quatre à Paris. Le néerlandais Theo Jansen, 74 ans, a pour laboratoire, une plage immense de sable blanc près de La Haye. Cet ingénieur de formation devenu artiste mondialement reconnu est un héritier de l’art cinétique. Il a créé ces Strandbeests (ou bêtes de plage) à plus de quarante exemplaires en quelque vingt-cinq ans. Elles ont chacune reçu un nom : Animaris Vulgaris, Animaris, Rhinoceros ou Mater Extensa. Soit au total, douze générations toutes construites par Theo Jansen. Et la plus récente Volantum (2020/2021) est une volante, tout comme Ader, ainsi nommée en hommage à l’inventeur de l’aviation Clément Ader. Mais quand même retenue avec des câbles par les assistants de Théo Jansen toujours très présent sur le site.

Une belle rétrospective créée avec le Kunstmuseum de La Haye, on peut voir une douzaine de Strandbeests réalisées en atelier avec des tubes en PVC, utilisés comme gaines pour fils électriques et avec des bouteilles et tissus en plastique de récupération. Bel hommage à la vie, ces squelettes articulés sont ensuite transportés sur des plages et se déplacent de façon autonome. Ces gros insectes qui marchent sur le sable avec de nombreux pieds, avancent grâce au seul souffle du vent. « Depuis 1990, dit-il poétiquement, je suis impliqué dans la création de nouvelles formes de vie. Le matériau primordial n’est pas une protéine, comme dans la nature existante, mais un tube électrique. Mes animaux de plage tirent leur énergie du vent et n’ont donc pas besoin de manger. Au fil du temps, une évolution s’est produite, visible dans les générations successives. »


Effectivement, il y a différents types de sculptures sur les pelouses du beau jardin de l’Hôtel de Ville ; il y a même un tableau généalogique comme pour les humains pour s’y repérer (un peu). Et un petite sculpture que les visiteurs en particulier les enfants peuvent faire avancer… Vus de près, ce ne sont pas de très beaux objets mais ils font preuve d’une extraordinaire machinerie avec force articulations. Theo Jansen a magnifiquement réussi avec des matériaux d’une rare banalité à créer des êtres plus vivants encore, que dans la vraie vie comme dans le rêve qu’il a ainsi poétiquement exprimé : «Donnez-moi encore quelques millions d’années et mes animaux de plage vivront complètement seuls. »
Dans la partie gauche du musée, une petite exposition avec dessins préparatoires, pièces détachées de ces mécanismes des photos -mais le tout est mal éclairé- et un écran vidéo -pas assez grand- où on voit réellement vivre ces Strandbeests. Les enfants sont fascinés, les adultes aussi. Curieusement, c’est la première fois qu’en France est présentée une exposition de Théo Jansen et celle-ci est remarquable. Les Bordelais et ceux qui l’ont vue, ont bien de la chance et peuvent remercier le FAB (Festival International des Arts de Bordeaux Métropole) qui, cette année particulièrement est riche de propositions inédites comme celle-ci. Ils ont même eu droit – fait exceptionnel-à une conférence de Theo Jansen où il a expliqué son travail. Que demande le peuple ?
– Source : Théâtre du Blog.
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