Installation-performance de la Compagnie Tuig concept. Création : Marc van Vliet. Ecriture : Ank Boerstra.
Cela se passe sur la pelouse de l’Institution Sainte-Eugène, avec, à l’entrée, un statue de la Vierge Marie toute blanche. L’espace scénique est constitué d’une structure en bois avec, au dessus, une passerelle métallique et une grande roue qu’entraînent en silence trois servants zélés habillés de blanc.
En bas, une sorte de professeur Nimbus, en pantalon beige, chemise sombre et cravate, avec un ridicule petit pull-over à losanges sans manches, s’affaire dans un invraisemblable bric-à-brac de planches et de fils que manipule une des comédiennes de la passerelle. Soit quatre acteurs en tout.
Il y a aussi des petits sacs blancs /contre-poids, et un plus gros, qui remontent et redescendent sans cesse à chaque tour de roue. En silence d’abord, puis sur une musique électronique répétitive.
Les quelque deux cent cinquante spectateurs sont assis de part et d’autre sur de rustiques gradins de bois, et quelques projecteurs latéraux éclairent la somptueuse machine célibataire qui ne produit rien mais dont la partie inférieure, petit à petit, comme par miracle, se construit : petite table, lampadaire, chaise, étagère de bois, fenêtres, transatlantique, et même cheminée où vont brûler quelques planches, alors que personne n’y a mis le feu.
Il y a une espèce de belle naïveté, en même temps qu’une singulière poésie qui se dégage de ces quarante cinq minutes, dont quelques grincheux trouvent que c’est quand même trop long, alors que c’est sans doute le plus abouti et le plus malin des spectacles en plein air que l’on ait pu voir depuis longtemps. Il y à la fois du Bob Wilson et du Phil Glass de la grande époque d’Einstein on the Beach dans cette installation hors du commun et d’une belle intelligence scénique.
Tout est réglé avec une précision millimétrique, et c’est sans doute ce qui produit cet onirisme de grande qualité ; tout, bien entendu, va se détraquer. Le savant fou veut arrêter la roue et plante une barre de bois qui, au contact de la roue, va s’enflammer et la roue s’arrête alors ; et le savant fou ne sait plus alors très bien où il en est et se retrouve piégé par ses fils, pendu ! Quant aux assistants, ils vont réintégrer leurs sacs blancs/linceuls et se retrouver suspendus comme au début du spectacle.
Dans un silence complet, la roue s’est définitivement arrêtée. En guise de salut, s’allument alors les guirlandes de petites ampoules lumineuses qui encadrent la roue et la structure de bois, mais les acteurs ne réapparaîtront pas. Vous avez dit impressionnant de poésie et de beauté ? Oui. A voir absolument en Belgique ou ailleurs…
A visiter :
– Le site de la compagnie TUIG.
– Source : Le Théâtre du Blog.
Crédit photos : Patrick Denis. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants-droit, et dans ce cas seraient retirés.