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L' Art de l'illusion

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Larry BELL

Sébastien Bazou

Depuis la fin des années 1950, l’américain Larry Bell ( né en 1939) n’a cessé de travailler sur les questions de perception, d’illusion optique en se démarquant de l’art minimal « classique » auquel on l’a souvent associé. Il est membre du mouvement Finish fetish aux côtés de John McCracken et Craig Kauffman. Bell est aussi le contemporain de Donald judd, Dan Flavin, Ellsworth Kelly, Carl Andre et Sol LeWitt ; les représentants emblématiques de l’art minimal américain.

Larry Bell pratique une sorte d’art minimal plus vulnérable et réfractaire aux positionnements théoriques qui animent les cercles new-yorkais. Il s’installe durant une année à New York, mais ne parvient pas à y trouver ses marques. Il ne cherchera jamais à justifier sa pratique et encore moins à se positionner dans le mouvement minimaliste. Cependant, il a eu une grande influence sur ses pairs.

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Larry Bell dans son studio de la rue du marché à Venise en Californie (1961).

« Pour participer à la vie artistique new-yorkaise dans les années 1960-70, il fallait être intellectuel et ce n’était pas mon truc. Moi j’aime l’océan, les filles, m’amuser, picoler. J’ai vraiment eu de la chance avec mes oeuvres, vu que je n’avais rien fait pour me retrouver dans un courant artistique et que je n’ai jamais rien théorisé. Je cherchais juste à pouvoir vivre de ce que je faisais, sans chercher à occuper une position intellectuelle qui aurait été en désaccord avec l’implication très terre à terre de mon travail. » Larry Bell.

De l’illusion au volume

Ayant commencé comme peintre, l’artiste sort très vite du « cadre pictural » et privilégie le verre et le miroir par conviction et pour des raisons pratiques, axant ses recherches sur le rapport entre la lumière et la surface. Ces premières toiles intégrant progressivement des éléments en verre et des miroirs remontent à 1960. Dans Conrad Hawk (1961), le regardeur se trouve inclus dans l’œuvre par le biais d’un subtil jeu de reflets. Placé au centre de cette toile d’aspect hard edge, le miroir, tantôt transparent, tantôt réfléchissant, évoluant au gré des déplacements du spectateur, instaure un rapport inusité à ce dernier, dans la création américaine au tournant des années 1960.

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Conrad Hawk (1961).

La perméabilité à l’enveloppe architecturale est un autre aspect primordial aux yeux de l’artiste, le verre absorbant : « un volume, à l’intérieur d’un volume où l’on peut plonger le regard pour découvrir un autre volume constitué par le mur lui-même. Une illusion de volume est elle-même une limite. L’illusion ne sera jamais que cela : une illusion. J’ai décidé de me détacher du mur, comme dans la peinture, et de créer des volumes qui se définissaient aussi par leur masse et leur poids. Et là, je me suis aperçu que ce travail m’avait fait passer de la peinture d’illusions à la sculpture. J’ai préféré éliminer la toile pour créer des volumes en verre. »

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Le verre

Viennent ensuite les fameux « cubes » de verre assis sur des socles transparents, emblématique de la démarche de l’artiste. Transparents autant qu’opaques, volumes autant que surfaces, ils abolissent la frontière entre la peinture et la sculpture. Ils jouent des reflets pour nous déstabiliser et chercher de nouvelles perceptions, en dehors du point de fuite unique et de la perspective traditionnelle.

Larry Bell travaille le verre comme un ingénieur. Il utilise d’ailleurs, dans certaines oeuvres, des technologies de revêtement développées dans l’industrie aérospatiale. Au début, l’artiste utilise le verre dépoli et le miroir fabriqués, selon un cahier des charges précis, par une société de Los Angeles.

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Sans titre (1969).

Plus tard, il fabriquera lui-même ses verres par l’application de fines couches semi transparentes de métaux comme l’aluminium, le chrome, le rhodium, et le monoxyde de silicium qui, vaporisés, déposent leurs particules sur la surface du verre. Un procédé appelé « métallisation en couche mince ».

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« Pour mes premiers cubes, j’ai utilisé des verres du commerce, dont je grattais une partie de la surface réfléchissante. Ensuite, j’ai métallisé le verre pour le rendre réfléchissant des deux côtés. Je me servais d’une ellipse pour produire un effet de basculement : où était l’arrière, où était l’avant ? Puis j’ai éliminé l’ellipse pour me concentrer exclusivement sur le cube traversé par la lumière. Ce qui m’intéressait avant tout c’était la façon dont les couleurs/lumières se rencontraient aux angles. J’ai alors fabriqué des angles. » Larry Bell.

Angles chromatiques

Les cubes en verre de Larry Bell sont sa marque de fabrique. Un matériau riche en possibilités lui permettant d’expérimenter les qualités réfléchissantes, transparentes et absorbantes inhérentes aux jeux de lumières. Il placera ses cubes sur des socles discontinus, prenant ainsi ses distances avec le minimalisme résolument hostile à cet élément résiduel de la sculpture traditionnelle. Ce ne sont pas les cubes en tant que tels qui intéressent l’artiste, mais bel et bien les jeux de lumières et de couleurs auxquels ceux-ci sont associés. Sa démarche n’est pas réductible à la question de l’objet et à ses spécificités. L’artiste apporte un soin des plus obsessionnels à la finition de ses sculptures ; une méticulosité de l’exécution qui n’a de sens qu’à partir du moment où elle se subordonne pleinement à des données exogènes que l’objet est censé révéler.

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« Ce qui me fascinait le plus dans les cubes, c’était le point où les angles se rejoignaient et la façon dont la couleur s’estompait des angles vers le centre du verre. Ainsi, au fil des jours, comme j’examinais mon travail à la recherche de l’étape suivante, je compris que désormais, ce qui m’intéressait absolument, c’était la manière dont les couleurs se rencontraient aux angles. Il était normal que je me débarrasse du format cubique pour ne fabriquer que des grands angles.» Larry Bell.

Apparition et disparition de la figure

Larry Bell passe ensuite à une autre échelle dans des recherches, plus ambitieuses et plus difficiles à concrétiser sur le plan technique. Il réalise alors des installations et des environnements en verre dans l’espace d’exposition pour parfaire les variations lumineuses et chromatiques qui s’offrent au regard du spectateur, qui est lui-même intégré dans ces dispositifs anisotropes.

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First and Last (1981-1989).

Les standing walls constituent des installations à la fois fragiles et gracieuses. Elles confrontent le spectateur à des espèces de fenêtres sans cadre qui auraient été dépossédées de leur fonction architectonique. Ces sculptures de verres englobent l’espace de la galerie et engloutissent les visiteurs dans ses multiples facettes qui jouent sur les dégradés chromatiques.

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« …Plus la structure était simple, plus je pouvais les agrandir, jusqu’à ce qu’ils englobent la vision périphérique : j’étais finalement parvenu à des compositions à multiples panneaux. La sculpture était vue de l’intérieur, ou plutôt il n’y avait plus d’avant ou d’arrière. » Larry Bell.

Mirages sur papier

Larry Bell ancre son travail dans un champ d’expériences et d’expérimentations quotidiennes et élargit les perspectives en matières de visions, ce qui vaudra à l’artiste d’être qualifié, selon la formule de Peter Frank, de « perceptuel ».

Cette dimension perceptuelle, se retrouve dans ses travaux de collage sur papier. Jouant sur la densité et l’adhérence du dépôt de particules de métal et d’aluminium sur ce support alternatif, l’artiste parvient à provoquer des taux d’absorption variables qui génèrent de multiples phénomènes de réflexion et d’« interférences ». Les effets de lumière sur les particules métalliques créent un effet de draperie comparable aux trompe-l’œil baroque.

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Zaragosa (1991).

Quant aux Fractions créées entre 1996 et 2000, elles engendrent à partir de réactions chimiques improvisées des compositions « lyriques » contrastant avec la sobriété, relative et trompeuse, de ses « cubes ».

« Les sculptures de verre réfléchissent la lumière ambiante alors que le papier absorbe énormément de lumière ; il contient en réalité sa propre lumière ambiante. En mettant les mêmes dépôts sur le papier et sur le verre, je me suis rendu compte qu’ils rendaient quelque chose de complètement différent, simplement parce que le papier contient de la lumière. Cela a été une révélation étonnante pour moi, que la qualité de la surface soit un facteur décisif dans l’interaction de la lumière avec cette surface. » Larry Bell.

Evanouissement des formes

Jeux d’ombres et de lumières. Corps évanescents apparaissant et disparaissant dans des fondus chromatiques. Dispositifs panoramiques. Larry Bell vise dans un même mouvement à conjuguer l’absence et la présence par l’intermédiaire du support, de la configuration de l’objet et de la forme obtenue. Voyants ou visibles, les visiteurs sont invités à participer au champ d’expériences illimité concrétisé par l’artiste. Un voyage au delà des apparences qui dévoile mille et une facettes de la réalité perceptible.

A lire :
– Larry Bell par Marie de Brugerolle. Editions Presses du réel/ Carré d’Art de Nîmes (2011)

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