Concept et mise en scène : Gabriela Carrizo. Création et interprétation : Charlotte Clamens, Eurudike De Beul, Marie Gyselbrecht, Brandon Lagaert, Yichun Liu, Romeu Runa. Aide à la dramaturgie : Raphaëlle Latini. Conception sonore : Raphaëlle Latini. Scénographie : Amber Vandenhoeck. Conception lumières : Bram Geldhof. Chef technique : Filip Timmerman. Accessoires et costumes : Nina Lopez Le Galliard.
Ces danseurs, acrobates et contorsionnistes qui jonglent avec l’insolite dans des ambiances surréelles nous entraînent pour la première fois dans une aventure hors les murs. Le spectacle a été créé à la Collezione Maramotti, à Reggio Emilia (Italie) : « Tout est parti du Musée royal des beaux-arts (KMSKA) à Anvers où nous sommes en résidence », dit Gabriela Carrizo. Avant de le reprendre dans ce musée qui rouvre après dix ans de travaux, le collectif de danse-théâtre fondé et installé à Bruxelles depuis 2000 par la danseuse argentine et le danseur français Franck Chartier, a investi, à l’invitation du Théâtre de la Ville, la chapelle Saint-Louis à l’hôpital de la Salpêtrière: « La performance se déroule dans une sorte d’atelier de restauration où on répare les œuvres et guérit les blessures humaines…».
Construite sur ordre de Louis XIV d’après les plans de Louis Le Vau réalisés après son décès brutal par Libéral Bruant, elle est en forme de croix grecque à quatre nefs identiques et en alternance, quatre chapelles à pans coupé, et située au cœur de l’hôpital où le docteur Charcot mena ses expériences sur la folie.


Cela commence par une distribution de bougies au public avant qu’il soit accueilli par un acteur sur un skateboard, image de la modernité. Il porte une chandelle et nous invite au recueillement. Nous découvrons sur des sellettes la réplique des statues de saints qui s’alignent dans les quatre nefs menant à une chapelle centrale avec un dôme octogonal. Certaines sont en cours de fabrication ou de réfection par une sculptrice (ou infirmière ?)… L’imagerie des tableaux qui ornent les quatre chapelles, a trouvé une traduction iconoclaste dans la scénographie d’Amber Vandenhoeck et les costumes et accessoires de Nin Lopez Le Galliard.
Une rencontre entre kitch contemporain et grands tableaux la plupart du XVIIe siècle. Et des sculptures imitent le vivant et, parallèlement, les humains se statufient. La vie devient art, l’art devient vie, les frontières s’estompent. Le public se promène librement d’une chapelle à l’autre, au gré de mini-événements imaginés en accord avec les thématiques du soin hospitalier et de scènes religieuses : une descente de croix, une scène d’hystérie mystique, la folie meurtrière d’un forcené, les douleurs d’une parturiente… Nous avons aussi tout loisir d’explorer cette architecture où résonnent chants religieux, morceaux d’orgue, chuchotis de confessionnal…


Dans ces lieux chargés d’histoire, spectateurs et interprètes cherchent leurs repères mais, lors de cette déambulation d’une heure, nous retrouvons avec bonheur la chanteuse Eurudike De Beul en nonne austère, Yichun Liu qui se fige en sculpture, puis Charlotte Clamens, Marie Gyselbrecht, Brandon Lagaert, Romeu Runa. Une étrange visite où le réel, les personnages et les œuvres d’art s’entrelacent comme dans un rêve, avec l’humour décalé des Peeping Tom…
– Article de Mireille Davidovici. Source : Théâtre du Blog.
Crédit photos : Cie Peeping Tom. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants-droit, et dans ce cas seraient retirés.