Concept et mise en scène : Miet Warlop. Avec : Margarida Ramalhete, Hanako Hayakawa, Alexandra Rosser, Milan Schudel, Jacobine Tone Kofoed, Wietse Tanghe, Freek De Craecker, Jarne Van Loon, Emiel Vandenberghe. Costumes : Sofie Durnez.
Maëlle Poésy qui a superbement monté Sept minutes à la Comédie-Française est, après y avoir été associée six saisons, la nouvelle directrice du Théâtre Dijon-Bourgogne-Centre National Dramatique. «Théâtre en mai, dit-elle, est notre premier acte artistique ici. Ce festival est un magnifique héritage des directions qui m’ont précédée et je veux le préserver et le faire évoluer. (…) Je souhaite qu’il place en son cœur les écritures contemporaines dans toutes leurs diversités : langages plastiques, chorégraphiques, textuels… Singulier car il sonne le coup d’envoi de ce nouveau projet, élaboré et pensé avec Claire Guièze, nouvelle directrice adjointe, et Kevin Keiss, auteur associé à la direction. » Soit sur dix jours seize spectacles de toute dimension.

Au Théâtre du Parvis Saint-Jean, l’artiste et performeuse belge Miet Warlop propose une nouvelle lecture de Springville, un spectacle iconique qu’elle a créé il y a douze ans. Mais elle l’a retravaillé avec son installation Amusement Park. Sur le plateau nu sans pendrillons ni accessoires, une maison en carton solide. Sur un des côtés, une jeune femme-armoire électrique blanche avec un trou par où sort une baudruche rose qui va grossir puis s’écrouler. Suit un premier et énorme court-circuit avec gerbes d’étincelles suivi de deux autres : le ton est donné…
Un géant se balade sur le plateau, se cogne à un mur et fait sa gymnastique quotidienne (en fait un acrobate assis sur les épaules d’un autre et enveloppé dans un grand manteau noir, en parfaite synchronisation. Ou encore un grand carton sur jambes en bas noirs muni d’une sorte de tube en carton-long nez et une table ronde nappée de blanc montés sur des jambes aux talons aiguille qui se balade elle aussi sur le plateau avec un vase rempli d’eau et fleurs puis de tasses et de verres en pied. Vous avez dit magique ? Et la fin est de toute beauté : des dizaines de mètres de tubes rouges et bleus se remplissent d’air envoyé par une soufflerie et finissent par envahir tout le plateau. Et la maison s’écroule…


D’inspiration éminemment burlesque dans la lignée du cinéma muet américain : Buster Keaton, Harold Lloyd, Charlie Chaplin… ce spectacle est une réussite exemplaire et Miet Warlop réussit à créer un univers où les objets deviennent plus importants que les humains… qui les ont pourtant conçus. Et ils les entraînent dans un chaos irréversible mais finalement comique. Renvoyant en l’augmentant au célèbre vers d’Alphonse de Lamartine : « Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? » Mais ici, grâce à un travail d’équipe très solide, ils s’animent et acquièrent une vie propre.

« Les objets me fascinent, dit-elle mais j’ai aussi de l’affection pour eux. Pour moi, ils ne sont jamais fonctionnels. Ils ont une âme et un cœur. C’est ce que j’essaye de démontrer en leur insufflant ou en leur ôtant la vie et en m’exposant à certains dangers. » Cette artiste flamande a réalisé une synthèse d’une belle et grande exigence, entre expression comique muette et arts plastiques. Le public a longuement ovationné ce spectacle. Sans aucun doute l’un des meilleurs de Théâtre en mai.
– Source : Théâtre du Blog.
Note de la rédaction :
– « Les objets vivants » rappellent les travaux plastiques de Charles Ray et Erwin Wurm.
Crédits photos : Reinout Hiel et Holger Kirstenmacher. Tous les documents et archives sont proposés sauf avis contraire des ayants-droit, et dans ce cas seraient retirés.